Le Testament Des Templiers
rapidement l’échelle de la falaise, conscient que sa bonne forme lui facilitait la tâche.
La grille était grande ouverte, les lumières à l’intérieur allumées. Il n’avait jamais pénétré dans la grotte sans équipement de protection, mais ce n’était plus le moment de prendre des précautions. Il se précipita dans l’entrée et sortit le marteau de sa ceinture.
Pierre avait été un très bon joueur de football au lycée, et il fut capable de traverser la grotte en courant sans trébucher sur les nattes de jonc inégales. Il passa d’une salle à l’autre à toute vitesse, les œuvres d’art rupestre s’estompant dans son champ de vision. Il avait l’impression de courir à travers des hardes d’animaux, zigzaguant entre elles, prenant soin d’éviter les sabots et les griffes.
Il était hors d’haleine en arrivant à la salle 9. Il n’y avait aucune trace de l’intrus.
Il devait être dans la salle 10.
Pierre avait toujours eu de la difficulté à ramper dans le boyau étroit. Ses jambes étaient trop longues pour qu’il puisse les replier et progresser facilement. Il s’efforça de faire le moins de bruit possible, priant de ne pas se retrouver nez à nez avec l’homme au milieu du tunnel – le pire cauchemar pour un claustrophobe.
Il se releva dans la salle des Mains et se remit à ramper. On entendait du bruit dans la salle des Plantes.
L’intrus était à quatre pattes dans l’autre sens, absorbé par les fils électriques et les boîtes de matériel qu’il sortait du sac à dos. Il ne vit pas arriver Pierre.
« Qui êtes-vous ? » hurla Pierre.
Surpris, l’homme regarda par-dessus son épaule. Pierre, qui était grand et musclé, brandissait un marteau, ce qui aurait pu être une vision menaçante, s’il n’avait pas eu l’air terrorisé d’un lapin pris au piège.
L’homme se leva lentement. Il avait des bras épais, puissants, et une barbe poivre et sel hirsute. D’abord surpris par l’apparition de Pierre, il afficha aussitôt un air glacial.
Pierre discernait un peu mieux maintenant le magma qui jonchait le sol de la grotte, un fouillis de fils électriques, de détonateurs, de batteries et de briques moulées jaune-marron. Il avait déjà vu ce genre d’équipement dans les mines en Sierra Leone.
« Ce sont des explosifs ! cria-t-il. Qui êtes-vous, nom de Dieu ? »
L’homme ne dit rien.
Il baissa sa tête grisonnante, comme s’il s’inclinait courtoisement, mais, l’instant d’après, il se précipitait en avant et donnait à Pierre un grand coup de tête dans la poitrine, le projetant contre l’homme-oiseau debout avec son bec ouvert et son sexe ridicule.
Pierre se mit à donner des coups de marteau pour se défendre et tenter de repousser les poings de l’homme qui s’abattaient sur les parties les plus sensibles de son corps, l’aine, les yeux, le cou. L’homme voulait lui causer le plus de douleur possible et l’immobiliser au maximum.
Mais l’homme ne faiblissait pas sous les coups de marteau, d’autant que, par scrupule, Pierre se retenait de lui fracasser la tête. Il lui martelait les épaules et le dos, mais cela n’empêchait pas l’homme de continuer à le frapper.
Puis l’homme décocha un grand coup de poing dans la gorge de Pierre qui lui fit horriblement mal et acheva de le paniquer. Il se mit à tousser et à étouffer, et, pour la toute première fois de sa vie, il pensa qu’il allait peut-être mourir. Désespéré, il frappa une nouvelle fois avec le marteau de toutes ses forces, en visant le sommet du crâne.
Trois hommes étaient entrés dans le campement, armés de fusils de chasse et de carabines. Ils passaient de caravane en caravane dans une frénésie meurtrière, comme une meute de chiens sauvages, faisant irruption dans chaque cabine. Et quand ils tombaient sur celles qui étaient occupées, ils traînaient dehors les étudiants terrorisés.
Élisabeth Coutard entendit le vacarme et sortit d’elle-même. Elle vit un étudiant tiré de force sous la menace d’un fusil.
Tout en courant en direction de l’abbaye, sa queue-de-cheval blonde rebondissant sur ses épaules, elle tâta ses poches pour trouver son téléphone.
Elle parvint jusqu’à la grange.
Pierre contempla un instant l’horrible spectacle de l’homme couché à ses pieds. Il émettait des sons gutturaux, tandis que le sang coulait en abondance de la blessure faite par le marteau au sommet de son crâne et se
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