Le Testament Des Templiers
des bisons à gauche, il agita les bras et vola à la même allure qu’eux, puis rejoignit les meneurs, deux énormes mâles avec des têtes de la taille d’un rocher et des cornes de la longueur d’un avant-bras d’homme.
Tandis que les yeux des chevaux exprimaient le goût de la liberté et le courage, les yeux noirs des bisons débordaient de sagesse. Il leur parlait, non avec des mots, mais avec un langage plus puissant. Il était eux, ils étaient lui. Ils lui racontaient ses ancêtres et leurs coutumes anciennes. Il leur dit son amour et son respect, il leur dit qu’il était Tal, du clan des bisons.
Ils l’honorèrent en lui permettant de courir avec eux. En retour, ils demandèrent que lui aussi leur témoigne du respect.
Après avoir terminé son récit, Tal se laissa gagner par le sommeil. Mais quand il se réveilla peu de temps après, son humeur était aussi sombre que la nuit. Il cria à Uboas de s’en aller. Ivre de colère, il rejeta ses peaux, maudissant la nuit, exigeant que le soleil se lève. Le clan finit par se réveiller et un de ses cousins s’approcha pour le calmer. Tal agressa le jeune homme et voulut l’étrangler avant que les autres le retiennent.
Uboas était effrayée par ses yeux fous, mais elle revint près de lui et lui massa les épaules alors qu’il cherchait toujours à échapper aux hommes qui le maintenaient de toutes leurs forces avec leurs mains et leurs genoux.
Quand sa colère finit par retomber et qu’il reprit ses esprits, les hommes le relâchèrent prudemment. Tout en se parlant entre eux, ils retournèrent sous leurs peaux. Uboas resta avec lui jusqu’au matin, blottie contre son corps redevenu calme.
Après son premier voyage, Tal se montra plus inspiré que jamais. Il aborda son engagement envers le clan des bisons avec un surcroît d’activité. Sa détermination était une source de respect et de ferveur. C’était comme s’il endossait progressivement le rôle de chef sous les yeux du clan. La fureur qu’il manifestait après le voyage les effrayait, mais ils savaient également que le chef devait être farouche. Le monde était dangereux et ils avaient besoin d’un guerrier.
Tal était de plus en plus actif. Un jour, il conduisait une chasse, abattant un beau renne mâle d’un jet de sa lance. Le lendemain, il partait tout seul collecter des plantes. Puis il ramassait des silex fraîchement taillés et apprenait à Uboas à couper la végétation, écraser les baies et placer le bol en pierre de sa mère dans les braises du feu jusqu’à ce que le liquide rouge bouillonne et se transforme en eau magique.
Il se sentait attiré par l’endroit enchanté qu’il avait découvert le jour où il avait escaladé les falaises pour communier avec ses ancêtres – la grotte de Tal. Uboas l’accompagna pour le surveiller et qu’il ne lui arrive rien. À l’entrée de la grotte, il alluma un feu, et ils restèrent tous les deux assis en silence à regarder la nuit descendre sur la vallée. Il la prévint, disant qu’il fallait qu’elle le quitte quand la colère le prendrait.
Puis il s’envola pour son voyage.
Elle le veilla et trembla plus tard dans la nuit quand il explosa de rage et se précipita au plus profond de la grotte, en criant à ses ancêtres de se montrer.
Le lendemain matin, elle lui donna à manger des morceaux d’estomac de renne rôtis sur le feu, l’intérieur encore plein des herbes mâchées qui avaient constitué le dernier repas de l’animal. Il lui parla de son voyage et des créatures auxquelles il avait rendu visite quand il était moitié homme, moitié oiseau. Une fois rassasié, il se leva et fit les cent pas dans l’embouchure de la grotte jusqu’à ce que ses jambes retrouvent force et vigueur.
Les murs en pierre claire à l’entrée de la grotte captaient le soleil matinal, produisant une lumière éblouissante. Plus loin, tout était sombre. Il pensait à son voyage. Il avait retrouvé le bison. Et les chevaux. Et le cerf. Et les ours. Devant lui, sur le mur, s’étalaient les images que ses yeux de faucon avaient vues, ces animaux dans toute leur gloire et leur puissance. Ils méritaient le respect. Le bison méritait qu’il lui fasse honneur.
Il se précipita vers le feu et attrapa un bâton enflammé dont l’extrémité était noire. Sous les yeux d’Uboas, il revint vers le mur ensoleillé et commença à tracer une longue ligne incurvée à hauteur de regard, parallèlement au sol.
Weitere Kostenlose Bücher