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Le Testament Des Templiers

Le Testament Des Templiers

Titel: Le Testament Des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Glenn Cooper
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mit au ban de l’orthodoxie, et, en 1125, sous la lointaine mais puissante férule de Bernard, sa situation au Paraclet était devenue intenable.
    Abélard fit de nouveau venir Héloïse au Paraclet, lui assurant qu’il s’agissait d’une affaire importante et non de passion. Ce qui n’était pas tout à fait vrai, car sa passion ne s’était jamais éteinte.
    Il lui dit qu’on lui avait proposé le poste de supérieur du monastère de Saint-Gildas-de-Rhuys en Bretagne, et qu’il l’avait accepté. Oui, il s’agissait d’un endroit retiré, mais ce serait l’occasion de prendre un nouveau départ, loin de la sphère d’influence de ses opposants. Il avait beaucoup à écrire et encore plus à apprendre, et son énergie et ses ambitions n’avaient jamais été aussi grandes. Et il pourrait aller voir leur enfant, Astrolabe, qui, depuis sa naissance, vivait auprès de parents d’Abélard.
    Et ce n’était pas tout. Il posa les deux mains sur ses épaules d’une façon à la fois tendre et autoritaire, et lui conféra le titre d’abbesse de l’oratoire du Paraclet. Le monastère était le sien maintenant. Il ne reviendrait au Paraclet qu’une fois mort.
    Elle se mit à pleurer.
    Des larmes de chagrin pour leur amour perdu, pour sa fille qui ne connaissait pas sa mère.
    Mais aussi des larmes de joie pour la revanche miraculeuse d’Abélard sur la domination cruelle de son oncle, son courage et sa vigueur indomptables.
    Ses nonnes furent mandées pour qu’elles viennent d’Argenteuil la rejoindre dans ce nouvel endroit. Les frères d’Abélard s’en iraient afin que le Paraclet puisse devenir une communauté de femmes.
    Au cours d’une messe dans l’église, il consacra solennellement Héloïse comme abbesse et lui transmit une copie de la règle monastique et le baculum , sa crosse pastorale qu’elle prit fermement en le regardant au fond des yeux.
    Et plus tard, pendant qu’il chevauchait en direction de l’ouest, ne pensant jamais la revoir, elle sécha ses larmes et se dirigea sereinement vers la chapelle où ses nonnes l’attendaient pour présider ses toutes premières vêpres.
     
    Abélard passa finalement peu de temps en Bretagne. Rongé par la tristesse et les frustrations, il adopta un style autocratique qui ne tarda pas à lui aliéner gravement ses nouveaux fidèles, eux qui croyaient trouver en lui un maître indulgent. Il écrivait furieusement, priait les yeux pleins de colère, réduisait cruellement les rations des moines et les faisait travailler comme des bêtes de somme. Son seul moment de répit provenait de son usage épisodique du thé d’initiation, qui lui permettait d’oublier ses tourments et lui redonnait de l’énergie. Mais quand ses frères de Saint-Gildas-de-Rhuys manifestèrent leur mécontentement devant son autocratie en tentant de l’empoisonner, il comprit qu’il était temps de reprendre la route une nouvelle fois.
    Ainsi débuta le dernier chapitre de sa vie, quinze années d’errance qui le menèrent à Nantes, à la montagne Sainte-Geneviève, et de nouveau à Paris, où il rassembla les étudiants comme un écureuil engrange des glands. Et partout où il allait, il veillait à avoir une bonne provision de ses précieuses plantes et de ses baies. Pas une semaine ne se passait sans qu’il s’accorde une indulgence.
    Au vu des contrariétés du destin, et dans l’impossibilité de vivre dans la félicité matrimoniale avec son unique amour, il trouvait qu’il n’avait pas grand-chose à perdre à exprimer librement ses points de vue. Pamphlet après pamphlet, livre après livre, il remettait en cause les dogmes de l’Église avec son intelligence hors norme, et chacune de ses publications finissait par arriver sur le bureau de Bernard, lequel était devenu un théologien influent dont les avis comptaient presque autant que ceux du pape.
    Dans Sic et Non , Abélard parodiait presque la façon de gouverner chez les orthodoxes, et donnait l’impression que les pères de l’Église ne parvenaient pas à s’exprimer clairement. Bernard serrait les dents, mais son ouvrage n’était en rien passible de poursuites. Pourtant, Abélard finit par franchir la limite, aux yeux de Bernard en tout cas. À son avis, Expositio in Epistolam ad Romanos de l’eunuque revenait à cracher aux pieds de l’Église en paraissant nier le principe même de l’expiation. Le Christ n’était-il pas mort sur la croix pour expier les péchés des hommes ? Pas

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