Le tombeau d'Alexandre
maniables que sa jeep. L’un d’eux les rattrapa rapidement et apparut sur leur droite. Knox vira à gauche juste devant le deuxième, qui freina brusquement. Ils gravirent une autre dune, mais la pente était trop raide, le sable trop mou. La traction était insuffisante et la jeep ne put avancer davantage.
Knox renonça et laissa la voiture redescendre. Il faisait demi-tour lorsqu’un des 4 x 4 les percuta en faisant décoller les deux roues droites. Le véhicule les poussa encore une fois, encore plus violemment, et la jeep tomba sur le flanc avant de se retourner sur le toit. Gaëlle poussa un cri et leva les mains pour se protéger la tête. Knox tendit le bras pour la maintenir dans son siège, mais le mouvement fut trop brusque et elle lui échappa pour aller s’écraser contre le toit. Le choc les étourdit.
La porte du côté passager s’ouvrit. Un homme pointa un AK-47 sur Gaëlle. Elle le regarda, médusée. Il lui fit signe de sortir et elle tenta d’obéir, mais ses membres ne répondirent pas. Il la tira par les cheveux avec une telle force qu’elle cria de douleur. Knox sortit en rampant et se jeta sur lui, mais un autre homme, posté en embuscade, lui donna un coup de crosse derrière la nuque et il s’effondra à plat ventre dans le sable. Alors Rick sortit à son tour, les mains au-dessus de la tête, d’un air intimidé. Mais ce n’était qu’une feinte. Dès qu’il eut suffisamment d’espace pour agir, il se précipita sur le premier homme, lui décocha un coup de poing qui le cloua au sol, s’empara de son AK-47 et le pointa sur son collègue, le doigt sur la détente. Mais il n’avait pas été assez rapide. La gueule du fusil d’assaut du deuxième Grec cracha le feu avec un bruit de percussions et la poitrine de Rick explosa. Celui-ci fut projeté en arrière sur le sable. Il avait déjà lâché l’AK-47.
— Rick ! cria Knox en rampant vers son ami. Oh non ! Rick !
— Bon Dieu, mec, murmura Rick. Qu’est-ce qui... ?
— Ne parle pas, le supplia Knox. Tiens bon.
Mais c’était déjà trop tard. Les blessures de Rick étaient bien trop graves. Sa nuque abandonna brusquement toute raideur et sa tête retomba comme une chiffe molle.
Knox se retourna, le regarda haineux et déterminé. Mais le Grec le regardait avec une parfaite sérénité. Il cracha négligemment sur le sable, comme pour montrer à quel point la mort de Rick lui était indifférente, et pointa son arme vers Knox.
— Mains derrière la tête, ordonna-t-il. Ou la fille et toi, vous y passez aussi.
Knox le regarda droit dans les yeux mais obéit à contrecœur, tandis qu’un autre Grec lui liait les pieds et les mains.
II
Ibrahim n’arrivait pas à dormir. Il ruminait dans son lit depuis des heures. À chaque fois qu’il parvenait à se détendre, il était assailli par un nouvel accès de honte. Il avait consacré toute sa vie à l’étude de l’Égypte antique. Sa complicité dans le pillage d’une tombe – et quelle tombe ! – ternirait à jamais le nom de Beyumi. Il ne pouvait pas laisser cette affaire entacher davantage son honneur. Il ne le pouvait pas. Et pourtant, à chaque fois qu’il s’asseyait, déterminé à tenter quelque chose, son courage l’abandonnait. Il n’était pas ce genre d’homme. Du reste, il ne correspondait à aucun genre d’homme. Et puis, que pouvait-il faire, de toute façon ? On lui avait confisqué son portable, le téléphone fixe de sa table de nuit, sa prise modem. Ses portes et ses fenêtres étaient verrouillées et on lui avait pris toutes ses clés. Il se leva tout de même, avança jusqu’à la porte de sa chambre et posa la main sur la poignée. Il retourna chercher sa robe de chambre. Puis il respira profondément et ouvrit la porte. Manolis dormait sur un matelas dans le couloir, juste devant lui. Ibrahim resta immobile et attendit que son rythme cardiaque revienne à la normale. Il passa la jambe gauche par-dessus Manolis. Sous la moquette, une latte du parquet craqua. Il se figea.
Manolis ouvrit les yeux. Ibrahim vit le pourtour blanc et lumineux de sa cornée.
— Qu’est-ce que vous faites ? grommela le Grec.
— J’ai mal à l’estomac. J’ai besoin de prendre des médicaments.
— Attendez, je viens avec vous.
— C’est inutile, je...
— Je viens avec vous.
III
Les deux 4 x 4 s’arrêtèrent devant Nicolas dans un crissement de freins et un nuage de poussière. Bastiaan ouvrit la portière
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