Le tombeau d'Alexandre
devant lui, si bien qu’il pouvait tenir une torche. Il prit celle de Nicolas et s’approcha d’une sculpture d’Alexandre à cheval donnant le signal de la charge. Gaëlle le rejoignit, ainsi qu’Elena et Philippe Dragoumis. Les quatre experts se retrouvèrent dans la situation singulière de commenter ensemble la découverte qu’ils venaient de faire.
Gaëlle s’attela à la traduction de l’inscription.
— Alors, Pallas Athènè lui donna la force et l’audace, afin qu’il s’illustrât entre tous et remportât une grande gloire. Et elle fit jaillir de son casque et de son bouclier un feu inextinguible.
Elle se tourna vers Elena et Dragoumis.
— Est-ce que cela correspond à ce que vous aviez traduit ? demanda-t-elle.
— Tout à fait, admit Elena.
Puis elle ajouta avec un brin d’incertitude dans la voix :
— C’est extrait de l’ Iliade , n’est-ce pas ?
— Oui, légèrement adapté, mais oui.
— C’était vraiment un inconditionnel d’Homère, reprit Elena d’un ton plus assuré. Toutes les inscriptions sont extraites de l’ Iliade .
— Pas toutes, corrigea Dragoumis en montrant le mur du fond. Là, il s’agit de la prophétie du nœud gordien. Celle-ci n’apparaît pas dans l’ Iliade , me semble-t-il.
— Non, confirma Knox.
Il se dirigea vers l’inscription, s’accroupit et la traduisit à voix basse.
— Quiconque défera le nœud qui maintient le joug deviendra le maître de l’Asie.
Il lança à Dragoumis un regard amusé.
— Nous avons votre parole ? demanda-t-il.
— Oui, répondit Dragoumis.
— Bien.
Il se dirigea vers la scène représentant Alexandre en combat singulier. Malgré ses liens, il saisit des deux mains la hache en bronze du soldat perse. Elle était froide et étonnamment lourde.
— Arrêtez ! cria Nicolas. Posez ça !
— Tiens-toi tranquille, Nicolas ! le tança son père irrité.
Knox souleva la hache au-dessus du nœud gordien, rabattit la lame de toutes ses forces et fit sauter un grand éclat de bois. Il recommença plusieurs fois. Les coups lui renvoyaient de douloureuses vibrations dans les doigts et les paumes, mais la lame émoussée s’enfonça dans le bois jusqu’à ce que le tronc se fende en deux. L’une des deux parties resta immobile, mais l’autre ondula et s’enfila dans la paroi rocheuse tel un serpent en fuite, comme si elle était attachée à un poids. Pendant quelques secondes, ils entendirent un bruit de frottement, puis plus rien. Ils attendirent, figés, mais rien ne se passa.
— C’est tout ? demanda Nicolas d’un air méprisant. J’espère que vous ne croyiez tout de même pas que...
Un grondement sourd résonna dans la pierre au-dessus d’eux, de plus en plus fort. De minuscules vibrations parcoururent le sol et des grains de poussière tombèrent du plafond. Ils levèrent tous la tête puis se regardèrent avec appréhension. Mais le bruit s’arrêta et le silence revint. Ils commencèrent à se détendre et...
Le mur situé à droite de Knox explosa, des éclats de roche volèrent dans toute la pièce. Knox eut à peine le temps de réagir. Il lâcha la hache, se jeta à terre et emporta Gaëlle dans sa chute en lui protégeant le visage contre sa poitrine. Des fragments de calcaire tombèrent en pluie sur ses jambes et son dos. Un éclat ricocha comme une balle sur sa tête et fit jaillir une tache de sang.
C’était pratiquement fini avant qu’ils ne se rendent compte de ce qui s’était passé. Les projections cessèrent et le bruit de tonnerre déclina, même si leurs oreilles sifflaient encore. Certains commencèrent à chuchoter et à tousser dans la poussière en vérifiant qu’ils n’étaient pas blessés. Un des Grecs jura, mais il n’avait rien de grave, sans doute un poignet tordu ou une cheville foulée. Tous les autres semblaient avoir eu de la chance, mais ils étaient étourdis. Aussi Knox se demanda-t-il si ce n’était pas le moment pour Gaëlle et lui d’en profiter pour s’enfuir. Mais dès qu’il redressa la tête pour évaluer leurs chances, il vit le sourire de Costis, qui le regardait d’un air entendu en pointant son arme sur lui.
Il se leva puis aida Gaëlle à se relever. Quelqu’un récupéra sa torche et l’orienta là où se trouvait la sculpture de la montagne. Celle-ci avait été coupée en deux. En son milieu, un trou noir laissait entrevoir un espace derrière le mur et le reflet d’un objet métallique sur le sol.
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