Le tombeau d'Alexandre
Ils marchèrent tous avec précaution sur les débris pour s’approcher. Knox leva les yeux. Au-dessus d’eux, un puits circulaire s’élevait presque verticalement dans la colline avant de disparaître dans le noir. La rupture du nœud gordien avait dû provoquer une chute de pierres depuis le sommet. Ils passèrent de l’autre côté du mur et découvrirent une galerie zigzaguant à gauche et à droite comme pour dissimuler ce qui se trouvait au bout. Elle s’élargissait progressivement en éventail. Des niches taillées dans les parois abritaient des statues peintes en albâtre grandeur nature : des nymphes et des satyres ; un cheval cabré ; un Dionysos couché, le visage renversé en arrière, un grand gobelet sur les lèvres et de grosses grappes de raisin noir au-dessus de la tête. Ils passèrent aussi devant d’autres artefacts, notamment des vases attiques peints en marron, rouge et noir, ornés de scènes de la vie d’Alexandre. Ils étaient trop grossiers pour être de la main de Kalonymos, mais il s’agissait peut-être de tributs personnels offerts par les porte-bouclier. Un modèle réduit de char, en bois. Des figurines en terre cuite. Un pichet en argent avec des vaisseaux assortis. Un chaudron en bronze. Une coupe dorée contenant des poignées de pierres précieuses et semi-précieuses : rubis, turquoises, lapis-lazulis, améthystes, diamants, saphirs. Une autre sur laquelle était gravée l’étoile à seize branches. Une clochette dorée, qui rappela à Knox le souvenir douloureux de Rick. Et puis, sur le mur de droite, une peinture d’Alexandre dans son char, un sceptre en or à la main, une scène qui, selon la description de Diodore de Sicile, faisait partie du catafalque. Alors Knox put enfin apporter une réponse à une question qui le taraudait depuis longtemps : comment Kalonymos et les porte-bouclier avaient-ils transporté leur chargement ? Ils avaient le catafalque. Peut-être avaient-ils été chargés par Ptolémée lui-même de l’emmener en Égypte. Ils auraient ensuite désobéi en comprenant que Ptolémée agissait contre la dernière volonté d’Alexandre.
Costis poussa Knox avec son arme et ils continuèrent à avancer. Ils arrivèrent dans ce qui ne pouvait être qu’une bibliothèque ancienne renfermant des trésors inestimables : des manuscrits enroulés autour de baguettes d’ivoire et empilés dans des loculi taillés dans la pierre ; des livres dont l’encre était encore visible sur le parchemin ou le papyrus jauni, dans des coffres ouverts, en argent et en or ; des lettres et divers dessins aux formes arrondies représentant des herbes, des fleurs et des animaux.
— Incroyable... murmura Gaëlle en regardant Knox les yeux écarquillés, pleinement consciente de la valeur intrinsèque et historique de ce qu’ils avaient sous les yeux. Ils continuèrent et la galerie s’élargit à nouveau. Ils entrèrent dans une pièce surmontée d’un dôme, deux fois plus grande que la précédente, dont le sol étincelait comme du quartz tant il était couvert d’artefacts métalliques. Les murs et le plafond étaient décorés à la feuille d’or et renvoyaient de manière éblouissante la lumière des torches. D’autres artefacts étaient répartis sur une douzaine d’autels, des anneaux, des colliers, des amphores, des pièces, des coffres. Des armes, aussi : un bouclier, une épée, un casque, un plastron, un casque armorié. Et, au centre de la pièce, au milieu des autels, au point de rencontre des faisceaux de toutes les torches, s’élevait une grande pyramide à degrés, au sommet de laquelle reposait un somptueux cercueil anthropoïde doré.
Plus personne ne put douter de la nature de cette découverte.
Chapitre 36
I
Ibrahim claqua la porte de son bureau et tourna la clé dans la serrure à l’instant précis où Sofronio se précipita l’épaule en avant. Il fit un bond en arrière et poussa un cri en voyant le panneau se bomber et l’encadrement trembler. Mais la porte résista. Sofronio donna un autre coup d’épaule. Sans succès. Ibrahim reprit confiance. Il marcha à grandes enjambées vers son téléphone et composa le 122. Il entendit deux sonneries avant d’être mis en communication. Après avoir indiqué son nom et son adresse, il commença à expliquer sa situation puis la ligne fut brusquement coupée. Il suivit des yeux le câble blanc jusqu’à l’endroit où celui-ci traversait le mur pour se prolonger dans
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