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Le tombeau d'Alexandre

Le tombeau d'Alexandre

Titel: Le tombeau d'Alexandre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
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la pièce principale. Il resta bouche bée. La porte vibra à nouveau. Cette fois, ce n’étaient plus des coups d’épaule mais des coups de pied, que les deux hommes donnaient tour à tour. Le jambage commença à céder. Ibrahim lâcha le combiné et recula en regardant le bois qui s’apprêtait à voler en éclats. Il ne pouvait pas se cacher. La porte donnant dans la pièce principale était la seule issue, à l’exception de la fenêtre, qui était verrouillée. Un coupe-papier et un presse-papiers étaient posés sur le bureau. Le coupe-papier était tranchant, mais Ibrahim savait qu’il n’aurait pas le courage de s’en servir. Alors il jeta le presse-papiers par la fenêtre et monta sur son bureau. L’encadrement de la porte céda au même moment. La peinture craquela et laissa apparaître l’intérieur jaune du jambage. Les deux hommes se précipitèrent à l’intérieur. Ibrahim plongea dans le trou qu’il avait fait dans la fenêtre, mais Sofronio le saisit par une cheville et l’arrêta net. Il s’effondra sur un long morceau de verre. Il éprouva une douleur étrangement sourde dans les entrailles, comme un coup de poing plutôt qu’une coupure. Toutes ses forces l’abandonnèrent. Il fut tiré en arrière et ramené dans la pièce. Son menton cogna contre son bureau, puis contre la moquette. Il sentit sa paroi stomacale s’ouvrir lorsqu’on le retourna sur le dos et vit avec une fierté un peu perverse l’expression bouleversée de Manolis, qui posa les mains de part et d’autre de son ventre dans l’espoir vain de contenir l’éviscération. Sofronio, lui, ferma simplement les yeux.
    Ibrahim était étendu là, tandis que les deux hommes discutaient de ce qu’ils allaient faire. Manolis fit tomber les livres des étagères. Sofronio quitta la pièce et revint avec une grande bouteille de white-spirit, qu’il vida sur les papiers, la moquette et le bureau en bois. Puis il s’accroupit et enflamma ce bûcher improvisé avec son briquet en plastique jaune. Les deux hommes sortirent en courant. Un enseignement du Prophète vint irrévérencieusement à l’esprit d’Ibrahim : un musulman devait préserver son sang, son foyer et son honneur. Ibrahim parvint presque à émettre un petit gloussement en songeant qu’il avait perdu les trois de façon aussi spectaculaire. Il commença à avoir des fourmillements dans les pieds. Il était depuis longtemps à la fois écœuré et fasciné par la mécanique de la mort. Il s’était toujours demandé s’il allait sombrer dans l’oubli dès que son cœur s’arrêterait ou si son esprit s’affaiblirait comme le son d’une vieille radio. Mais il avait toujours été trop sensible pour essayer d’en savoir plus. Le feu se répandit rapidement dans la pièce avec des nuages noirs étouffants et lui brûla les yeux. Il entendit une sirène, un grincement et un bruit métallique, des coups de feu, puis des hommes en uniforme, munis d’un masque, s’agenouillèrent à côté de lui. Mais il était trop tard, bien trop tard. À son grand étonnement, il éprouva une euphorie légère mais grandissante. Il avait jeté le déshonneur sur son nom, sa famille et sa ville de manière indélébile mais, au moins, on ne pourrait pas dire qu’il n’avait pas tout fait pour réparer ses fautes.
     
    II
    Knox, Gaëlle et tous les Grecs gravirent ensemble la pyramide jusqu’au sommet. Ils gardèrent un silence respectueux devant le cercueil, posé à un mètre cinquante du sol sur un socle de marbre blanc. Le couvercle sculpté était richement orné de scènes de chasse et de guerre. Du revers de la main, Knox retira la couche de sable et de poussière qui s’était déposée au cours des millénaires. Il était facile de distinguer l’or du bronze car, avec le temps, le bronze se ternissait. C’était de l’or.
    Philippe Dragoumis posa les mains à plat sur le cercueil, comme un grand prêtre.
    — Ouvrez-le, ordonna-t-il à ses hommes.
    Le couvercle était si lourd qu’ils durent tous unir leurs forces pour le soulever, le faire basculer à la verticale et le poser avec précaution sur le sol. Puis ils se précipitèrent autour du cercueil en jouant des coudes pour voir à l’intérieur. Le corps d’un homme était douillettement allongé dans la poussière, sous des vestiges de pétales et d’épices, un immense diadème de rubis sur le front, les bras croisés sur la poitrine, une épée d’un côté, un sceptre doré de

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