Le tombeau d'Alexandre
La vendeuse lui sourit, les yeux vides. Il demanda s’il y avait encore des places ; il en restait beaucoup. Il lui tendit son passeport et sa carte de crédit. Elle tapota sur son clavier, puis leva les yeux.
— Scusi momento , dit-elle.
Elle prit le passeport et la carte avant de disparaître par une porte située derrière le comptoir. Knox se pencha en avant pour voir ce qui était affiché à l’écran et ne vit rien d’alarmant. Il balaya le hall du regard. Tout semblait normal. La vendeuse réapparut en gardant les yeux baissés. Elle tenait son passeport et sa carte de crédit légèrement hors de sa portée. Il regarda de nouveau autour de lui. Des équipes de sécurité firent irruption presque simultanément de chaque côté du hall. Il arracha le passeport et la carte de crédit des mains de la vendeuse interloquée et fit demi-tour, tête baissée, en marchant d’un bon pas. Son cœur battait à tout rompre. À sa gauche, un garde se mit à crier. Knox arrêta de feindre l’innocence et courut vers la sortie. Les portes étaient automatiques mais coulissaient lentement. Il s’élança, l’épaule en avant, et brisa les vitres pour forcer le passage. Un garde posté à l’extérieur prit son arme avec tant de hâte qu’elle lui échappa et tomba au sol. Knox s’enfuit vers la gauche et s’enfonça dans l’obscurité, loin des lumières scintillantes des bâtiments du terminal. Il sauta par-dessus une balustrade, courut le long d’un talus jusqu’à un arrêt de bus mal éclairé, bondit au milieu d’un groupe de jeunes assis sur leur sac à dos, et vint s’écraser contre le mur d’un passage souterrain en s’écorchant la main. Deux gardiens en uniforme qui partageaient une cigarette le regardèrent avec étonnement courir entre eux deux. La gorge irritée par la fumée de leur tabac noir, il tourna à gauche et courut à perdre haleine sans se préoccuper des cris ni des sirènes. Il y avait des arbres à sa gauche. Il baissa la tête sous les branches et courut pendant encore dix minutes, en ralentissant un peu, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus. Plié en deux, les mains sur les genoux, il tenta de reprendre son souffle. Des phares de voiture longeaient lentement les routes, des lampes torches balayaient les troncs d’arbres. Knox sentit sa sueur se refroidir sur son tee-shirt et frissonna. Il s’était fourré dans un sacré pétrin. Si la police l’arrêtait, quelle que soit sa défense, il serait à la merci d’Hassan. Il chercha le meilleur moyen de s’en sortir. Les aéroports et les ports avaient apparemment été alertés. Sa photo avait dû être diffusée à tous les postes frontière. Au Caire, il était facile de se faire faire de faux papiers, mais Hassan avait le bras long et savait sans doute déjà qu’il s’y trouvait. Il avait dû donner des consignes. Knox devait quitter la ville au plus vite. Il aurait pu prendre un taxi ou un bus, mais les chauffeurs se souviendraient de lui. Les trains étaient souvent truffés de soldats et de policiers. Il devait prendre le risque de retourner à sa jeep.
Tout à coup, il entendit un cri à sa gauche, puis un coup de feu. Il tressaillit et baissa la tête. Il mit un moment à comprendre que ses poursuivants tiraient en l’air. Après avoir retrouvé son souffle et ses esprits, il marcha tête baissée jusqu’au parking longue durée. Celui-ci était entouré d’un grillage assez haut mais facile à escalader. Il grimpa à proximité d’un poteau en béton et se laissa tomber de l’autre côté, les doigts marqués par le fil de fer. Puis il courut entre les zones éclairées et les rangées de voitures. Le parking était désert. Les passagers en partance étaient déjà dans le terminal et ceux qui étaient arrivés avaient récupéré leur voiture depuis longtemps. Knox démarra et alla régler auprès du gardien somnolent. La barrière se leva.
Il s’engagea sur la route du Caire, regarda les lumières bleues de la police s’éloigner derrière lui et se dirigea vers la ville. Les lumières disparurent peu à peu de son rétroviseur. D’autres voitures de police, gyrophare allumé, passèrent à toute allure sur la voie opposée. Sans s’en rendre compte, Knox s’était arrêté de respirer. Où allait-il aller, maintenant ? Il ne pouvait pas rester au Caire. Mais il devait également éviter les postes de contrôle. Cela excluait le Sinaï, le désert occidental et le sud. Alexandrie,
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