Le tombeau d'Alexandre

pour retrouver Knox. Hassan était sous morphine pour mieux supporter la douleur mais, dès le lendemain matin, il chercherait à savoir si Nessim avait rempli sa mission.
    Il réclamerait Knox.
    Nessim fouilla les vêtements suspendus dans la penderie et les poches du sac en toile rouge posé par terre. Puis il s’accroupit pour regarder une série de livres empilés contre le mur. A part quelques thrillers et bandes dessinées, il s’agissait essentiellement d’ouvrages de référence sur l’Égypte et l’archéologie. Il y avait également des CD à côté d’un portable. Nessim découvrit un document relié, intitulé :
    Fouille de Mallawi
    Compte rendu de la première saison
    Richard Mitchell et Daniel Knox
     
    Il le feuilleta. Il s’agissait de notes et de photos concernant un chantier de fouilles situé à proximité d’un ancien site ptolémaïque, à quelques kilomètres de Mallawi, en Moyenne Égypte. Il le reposa pensivement. Pour quelle raison un égyptologue travaillait-il comme moniteur de plongée à Charm ? Il parcourut d’autres documents : des cartes et des photos de récifs, d’après ce qu’il voyait. Il prit le sac en toile posé dans le bas de la penderie et y fourra tous les documents de Knox, ainsi que les CD et les disquettes. Dans le premier tiroir du bureau, il trouva des photocopies du passeport et du permis de conduire de Knox, que celui-ci avait sans doute faites au cas où il perdrait les originaux, et quelques photos d’identité, probablement destinées à l’un des nombreux dossiers que les étrangers devaient remplir pour pouvoir travailler dans le Sinaï. Il fourra le tout dans la poche intérieure de sa veste, puis s’empara du sac en toile et de l’ordinateur portable. Le gardien se mit à geindre lorsqu’il vit ce que Nessim avait l’intention de faire.
    — Que se passe-t-il ? demanda Nessim. Un problème ?
    — Non.
    — Bien. Un conseil : si j’étais vous, je me débarrasserais du reste de ses affaires. Je doute fort que notre ami remette les pieds ici.
    — Ah bon ?
    Nessim tendit une carte de visite au gardien.
    — Si toutefois il revenait, appelez-moi.

Chapitre 5
     
    I
    Ce soir-là, les moustiques étaient déchaînés. Gaëlle avait fixé deux rouleaux antimoustiques sur l’étagère, boutonné sa chemise blanche jusqu’au col et aux poignets, enfilé son pantalon dans ses chaussettes, et enduit de répulsif le peu de peau nue qu’il lui restait. Et pourtant, ces créatures aériennes trouvaient tout de même le moyen de la piquer et de s’en vanter avec ce bourdonnement exaspérant dont elles avaient le secret, réfugiées sous le haut plafond de la chambre d’hôtel, à l’abri de toutes représailles même lorsqu’elle était juchée sur une chaise. Qu’était devenue la fraternité interespèces ? Voilà que ça recommençait ! Encore ce vrombissement jubilatoire... Gaëlle se donna une tape sur la nuque, uniquement pour se punir de se laisser prendre si facilement. Le mal était fait. Le côté gauche de sa paume droite, sous le petit doigt, commença à enfler et à rougir. Chaque soir, ses mains constituaient une cible facile pendant qu’elle tapait ces maudits comptes rendus de fouille. Elle s’arrêta un instant pour regarder par la fenêtre. Elle aurait bien aimé avoir une soirée libre pour une fois. Une bière fraîche et un brin de conversation. Mais si Elena la voyait au bar...
    La porte de sa chambre s’ouvrit brusquement. Elena entra sans frapper comme si elle était chez elle. Elle n’avait aucun respect pour la vie privée des autres. En revanche, il fallait avoir un bon avocat quand on osait l’approcher sans avoir donné deux semaines de préavis.
    — Qu’y a-t-il ? demanda Gaëlle.
    — Je viens de recevoir un coup de fil, annonça Elena en bravant le regard de Gaëlle comme si elle était en position de faiblesse et s’attendait à ce que la jeune femme en profite. Ibrahim Beyumi. Vous connaissez ? C’est le directeur du Conseil suprême des Antiquités d’Alexandrie. Apparemment, il a trouvé une nécropole. Il pense qu’elle peut être en partie macédonienne. Il veut que j’aille m’en assurer avec lui. Il m’a également informée de son souhait de constituer une équipe pour une éventuelle fouille et m’a demandé si je pouvais lui fournir un spécialiste. Je lui ai rappelé que j’avais mes propres fouilles à mener. Néanmoins, je lui ai dit que vous étiez disponible.
    — Il