Le tombeau d'Alexandre
conditions étaient claires : la moitié maintenant, et l’autre moitié si le résultat était satisfaisant. Katerina avait lourdement insisté sur le mot « satisfaisant » et précisé que son patron tenait à être mis au courant du moindre détail. De toute façon, Elena était là et Ibrahim ne pouvait pas garder le secret sur ce nouveau rebondissement. Une image de Leila, dont la vie ne tenait qu’à un fil, lui vint brusquement à l’esprit.
— Donnez-moi une minute, dit-il. Il faut que je passe un coup de fil.
Il demanda à Elena de l’accompagner et gravit l’escalier à la hâte pour se connecter au réseau. Il respira profondément, composa le numéro du groupe Dragoumis sur son portable et posa la main sur l’oreille pour s’isoler du bruit des travaux. Puis il se présenta, demanda Nicolas et fut mis en attente. Faisant abstraction de la musique préenregistrée, il se frotta anxieusement l’arête du nez.
La musique s’arrêta.
— Nicolas Dragoumis, je vous écoute.
— Ibrahim à l’appareil. D’Alexandrie. Vous m’aviez dit de vous appeler si nous trouvions quelque chose.
— Oui ?
— Il y a quelque chose sous la tombe macédonienne. Peut-être un puits.
— Un puits ? répéta Nicolas avec une pointe d’excitation dans la voix. Et où mène-t-il ?
— Certainement nulle part. Le contraire serait étonnant. Mais nous devons déplacer le socle pour nous en assurer. C’est juste que, comme vous aviez dit que vous vouliez être informé immédiatement...
— En effet.
— Je vais faire déplacer le socle. Je vous rappellerai dès que...
— Non, l’interrompit Nicolas. Attendez que je sois sur place.
— Il s’agit d’une fouille urgente, protesta Ibrahim. Nous n’avons pas le temps de...
— Je serai là demain après-midi. À treize heures. Ne faites rien d’ici là. Compris ?
— Oui, mais j’insiste, il n’y a probablement rien à voir. Vous allez faire tout ce chemin pour rien et...
— Attendez-moi, le coupa sèchement Nicolas. Un point c’est tout. Que personne n’entre dans la tombe avant mon arrivée. Je veux des gardes et une barrière à l’entrée.
— Bien, mais...
— Faites ce que je vous dis. Et envoyez la note à Katerina. Je veux parler à Elena. Est-elle là ?
— Oui, mais...
— Passez-la-moi.
Ibrahim haussa les épaules.
— Il veut vous parler, dit-il à Elena.
Elle prit le téléphone et s’éloigna un peu, en lui tournant le dos à nouveau, pour qu’il ne puisse pas l’entendre.
V
Nicolas raccrocha et se rassit dans son fauteuil, le souffle court. Ça alors ! Daniel Knox à Alexandrie ! Sur son site ! Au moment le plus important... Il se leva et se dirigea vers la fenêtre en se frottant le bas du dos, brusquement devenu raide.
La porte de son bureau s’ouvrit. Katerina entra avec une pile de documents. Elle sourit en le voyant se masser le dos.
— Que se passe-t-il ? plaisanta-t-elle. Vous avez eu des nouvelles de Daniel Knox ou quoi ?
Il la fusilla du regard.
— Oh... fit-elle en posant les documents sur son bureau avant de se retirer à la hâte.
Nicolas retourna s’asseoir. Personne ne lui en avait autant fait voir que Knox. Dix ans auparavant, pendant six semaines, celui-ci avait lancé une série d’accusations aussi scandaleuses qu’infondées à l’encontre de son père et de sa société. Et ils étaient restés là à ne rien faire. Philippe lui avait accordé l’immunité et sa parole faisait loi. Ils n’étaient donc pas allés plus loin, mais Nicolas éprouvait encore un sentiment d’humiliation et d’injustice.
Ainsi, Knox était de retour.
Il se pencha en avant et appela Katerina.
— Je suis désolée, monsieur, lâcha-t-elle avant qu’il ait le temps de parler. Je ne voulais pas...
— Aucune importance. Je dois être à Alexandrie demain après-midi. Notre avion est-il disponible ?
— Je crois. Je vais vérifier.
— Merci. Et cet Égyptien par l’intermédiaire duquel nous avons acheté les papyrus, on peut également lui confier d’autres genres de mission, n’est-ce pas ?
Il n’avait pas besoin de lui préciser la nature des missions dont il parlait.
— Monsieur Mounim ? Oui.
— Bien. Trouvez-moi son numéro. J’ai un travail pour lui.
Chapitre 13
I
Ibrahim rassembla les responsables de son équipe dans la rotonde pour leur annoncer la visite de leur sponsor. Il essaya de se montrer enthousiaste, comme si l’idée
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