Le tombeau d'Alexandre
zigzagua entre les voitures garées les unes contre les autres.
Soudain, il se souvint de la lettre qu’il avait envoyée à Gaëlle, de tous les mensonges qu’il avait écrits. Il rougit de honte et s’arrêta si brusquement qu’il fut heurté par un homme, qui marchait juste derrière lui. Il leva la main et se retourna pour s’excuser mais sentit une odeur chimique. On lui appliqua un chiffon humide sur le nez et la bouche. Il comprit, trop tard, qu’il avait cessé de penser au Sinaï, à Hassan. Il essaya de se débattre, mais le chloroforme agissait déjà sur son cerveau, ses bras et ses jambes. Impuissant, il s’effondra dans les bras de son agresseur.
II
Il était à peine vingt-trois heures trente quand Augustin ramena Elena au Cecil. Il lui avait proposé d’aller en boîte ; elle avait prétexté une tonne de travail et ne s’était pas laissée convaincre. Il insista tout de même pour l’accompagner dans le hall.
— Inutile de monter, dit-elle sèchement lorsqu’ils arrivèrent aux ascenseurs. Je suis sûre que je ne risque plus rien ici.
— Je vous escorte jusqu’à votre chambre, s’obstina-t-il d’un air pompeux. S’il vous arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais.
Elle soupira en secouant la tête mais ne répondit rien. Il y avait un miroir dans l’ascenseur. Ils s’y regardèrent, puis leurs yeux se croisèrent. Ils rirent tous deux de leur propre vanité, et il la conduisit jusqu’à sa porte.
— Merci, dit-elle en lui serrant la main. J’ai passé une bonne soirée.
— Je m’en réjouis.
Elena sortit sa clé de son sac à main.
— On se voit demain, alors ?
— Sans aucun doute, répondit-il.
Mais il resta devant la porte.
— Vous avez déjà oublié où sont les ascenseurs ?
— Vous faites partie de ces femmes qui savent ce qu’elles veulent, n’est-ce pas ?
— En effet.
— Alors je vais être clair. Si vous me demandez encore une fois de partir, je vais vraiment partir.
Elena garda le silence un instant. Puis elle tourna la clé dans la serrure et entra.
— Alors ? demanda-t-elle en laissant la porte ouverte. Vous venez ou pas ?
III
Knox reprit conscience lentement. Il avait la nausée et les lèvres, les narines et la gorge irritées. Il s’efforça d’ouvrir les yeux. Ils étaient collés. Il essaya de porter la main gauche à son visage, mais il avait les poings liés derrière le dos. Il voulut crier, mais il était bâillonné. Puis il se souvint de ce qui s’était passé et son cœur s’emballa. En proie à une crise de tachycardie, son corps, secoué par de violents spasmes, s’arqua sur le sol. Quelque chose le frappa derrière l’oreille et il plongea à nouveau dans les ténèbres.
Il fut plus prudent lorsqu’il reprit à nouveau conscience. Il laissa ses sens capter les informations. Il était couché sur le ventre, sur une sorte de tapis moelleux avec une bosse au milieu qui lui appuyait sur les côtes. Pieds et poings liés, il avait des fourmillements dans les doigts et les orteils. Il avait la bouche poisseuse à cause d’une coupure à la lèvre. Il y avait dans l’air une odeur de tabac et d’huile capillaire. Il sentait les vibrations légères d’un moteur de qualité. Un véhicule passa à toute vitesse. Le bruit fut altéré par l’effet Doppler. Knox se trouvait sur le plancher d’une voiture. On l’emmenait chez Hassan. Il se mit de nouveau à paniquer. Submergé par une irrépressible envie de vomir, il respira profondément par le nez, jusqu’à ce que la nausée passe. Puis il tenta de se calmer. Il n’avait peut-être pas été enlevé directement par les hommes d’Hassan mais par des indépendants, qui ne s’intéressaient qu’à l’argent. S’il parvenait à parler à ses ravisseurs, peut-être pourrait-il négocier, surenchérir. Il essaya de s’asseoir mais reçut à nouveau un coup de pied derrière la tête.
La voiture tourna à gauche et se mit à cahoter sur un sol irrégulier. Knox fit ce qu’il put pour amortir les chocs. Il avait les côtes endolories. Le véhicule avança pendant encore vingt minutes, puis s’arrêta brusquement. Les portières s’ouvrirent. Quelqu’un prit Knox sous les bras et le jeta sur le sol sablonneux. Puis on lui donna un coup de pied dans le dos. On lui retira le ruban adhésif qu’il avait sur les yeux en lui arrachant au passage une partie de ses cils et de ses sourcils. Il y avait trois hommes autour de
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