Le tombeau d'Alexandre
dirigea vers la banlieue-dortoir située au sud de la gare principale, se gara et cacha sa jeep sous la bâche.
Il fourra tous ses autres achats dans le sac imperméable et s’attacha celui-ci autour de la taille, sous sa djellaba, de sorte qu’il ait simplement l’air d’avoir un gros ventre. Ainsi paré, il fonça vers le site et montra son badge du CSA au garde posté en haut de l’escalier, qui hocha la tête sans un mot. Dans la rotonde, deux ouvriers fixaient une barrière en acier à l’entrée de la tombe macédonienne sous le contrôle de Mohammed et Mansoor. Celui-ci vit Knox passer et fronça les sourcils, comme s’il l’avait reconnu.
— Eh, toi ! s’écria-t-il. Viens ici !
Knox baissa la tête et se précipita dans la nécropole.
— Eh ! cria Mansoor. Reviens !
Mais Knox ne s’arrêta pas. Il traversa le site à grandes enjambées en bousculant les fouilleurs qui discutaient de leur travail ou ramenaient des paniers de restes humains à la rotonde afin qu’ils soient remontés à la surface et transférés au musée. Il entendit des bruits de pas derrière lui. Il se mit à courir. Plusieurs salles avaient déjà été vidées de tous leurs artefacts et l’éclairage avait été démonté pour être remonté ailleurs. Knox avait envisagé de se faufiler dans une de ces salles pour se cacher dans un loculus vide jusqu’à la tombée de la nuit. Mais ce n’était plus possible.
— Eh ! cria Mansoor derrière lui. Arrêtez cet homme ! Il faut que je lui parle.
Knox se précipita le long des marches d’escalier jusqu’à ce qu’il atteigne la nappe phréatique. Depuis que la pompe avait été retirée, l’eau était remontée à son niveau initial. Il n’avait plus le temps de réfléchir. Il s’immergea lentement, afin de ne pas faire trop de remous. De minuscules bulles d’air remontèrent le long de sa djellaba. Le sac qu’il s’était attaché autour de la taille flottait et pointait vers la surface. Il entendit des cris. On le cherchait dans toutes les salles. Il ouvrit grand la bouche et se remplit les poumons d’air. Puis il posa la main contre le mur de gauche, mit lentement la tête sous l’eau et se propulsa dans la galerie sous-marine. La main tendue en avant, il sentit l’entrée de la salle qui s’ouvrait devant lui et s’orienta de mémoire. Le besoin d’inspirer commençait à se faire sentir. Il atteignit la troisième salle et la traversa à la nage. Sa boussole interne ne l’avait pas trahi. Il s’élança vers la surface et se hissa sur le rebord, sous la rotonde. Il avait encore son sac imperméable autour de la taille. Il retira sa djellaba trempée, dénoua le sac, et en sortit un pantalon et un tee-shirt. Ce n’était pas le Ritz mais, au moins, il était à l’abri de Nessim. Pour le moment, en tout cas. Avec un mètre cube d’air, il pouvait tenir presque une heure, s’il ne se fatiguait pas. Ici, il y en avait environ quarante-huit mètres cubes. Cela serait suffisant pour la nuit et la journée suivante. Le lendemain, après le départ des fouilleurs, il irait se cacher dans un loculus vide. Il y resterait jusqu’au matin et partirait avec les autres à la pause déjeuner. Enfin, si personne ne devinait où il se terrait, bien sûr.
Il ne parvint pas à se détendre. Seul dans le noir, entouré de tombes immergées remplies de dépouilles mortelles, inquiet à l’idée d’être retrouvé par ses poursuivants, il se sentait nerveux. Mais il était également envahi par d’autres émotions : l’envie et la colère. C’était lui qui avait découvert qu’il y avait quelque chose sous le socle. Et il était là, prisonnier, pendant que d’autres allaient récolter les honneurs.
Plus frustrant encore, il était tout près du but. La nécropole était en forme de spirale. La salle dans laquelle il se trouvait n’était donc qu’à quelques mètres de la tombe macédonienne.
Oui, à quelques mètres seulement.
Extraire de la pierre était un travail rude, même dans les meilleures conditions. Et quand l’accès était limité, c’était deux fois plus difficile. Bénéficiant de l’électricité depuis longtemps, on avait oublié à quel point l’éclairage avait été problématique pour les Anciens. Les bougies et les lampes à huile consommaient de l’oxygène et les systèmes de ventilation, même rudimentaires, étaient indispensables. Il était préférable d’avoir deux points d’accès pour que l’air et
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