Le tombeau d'Alexandre

à la poursuite de Knox.
    Knox grimpa dans sa jeep et mit la clé sur le contact. Le moteur répondit au quart de tour et il s’engagea rapidement dans une ruelle étroite. Arrivé à la route principale, il la coupa sans s’occuper de la circulation, obligeant ainsi les autres voitures à piler et à faire des écarts dans une cacophonie infernale de coups de klaxon. Dans le rétroviseur, le Freelander se frayait péniblement un chemin dans cet embouteillage inattendu. Knox prit l’avantage. Il tourna à gauche, encore à gauche et se perdit dans le dédale de rues en regardant constamment dans son rétroviseur sans voir le moindre signe de ses poursuivants. Il se détendit un peu. Puis il regarda à nouveau. Ils étaient là. Comment l’avaient-ils retrouvé ? Il appuya sur l’accélérateur, mais le Freelander était plus rapide et plus maniable. Ils se rapprochaient de lui inexorablement.
    Droit devant : un passage à niveau. Un train de voyageurs avançait au pas. Les voitures qui précédaient Knox ralentirent pour le laisser passer. Mais Knox ne pouvait pas s’arrêter. Il accéléra à fond et déboîta sur l’autre voie en klaxonnant pour que les voitures d’en face serrent à droite. Le train approchait. Il était quasiment trop tard pour passer, mais Knox garda le pied au plancher et traversa les rails. La locomotive heurta le pare-chocs arrière et il défonça une barrière en bois. Il était passé. Il retourna sur sa voie, complètement dégagée, et ignora les poings levés et les coups de klaxon enragés.
    Un coup d’œil dans le rétroviseur. Contraint de faire un arrêt d’urgence, le train bloquait la route. Knox avait une minute devant lui, probablement deux. Il tourna à un coin de rue et se gara. Il était impossible que Nessim ait retrouvé sa trace aussi facilement. Impossible. Pas dans un labyrinthe comme Alexandrie. Si les hommes d’Hassan avaient surveillé l’appartement d’Augustin, ils avaient également pu trouver sa jeep. Il descendit de voiture et se mit à quatre pattes. Un émetteur était fixé sous le châssis. Il le retira, retourna en courant jusqu’à la route, héla un taxi et paya le chauffeur pour qu’il le livre au Sheraton Montaza. Puis il courut à nouveau jusqu’à sa jeep et partit dans la direction opposée.
    Nessim n’était pas stupide. Il ne tarderait pas à se rendre compte du subterfuge. Knox devait profiter au maximum de son avance. Mais à Alexandrie, il n’y avait pas beaucoup de possibilités. Il pouvait aller vers le sud, au Caire, à l’est, à Port-Saïd, ou à l’ouest, à El-Alamein. Nessim avait dû poster des hommes sur tous les itinéraires possibles. Hassan ne lésinait pas sur les moyens. Peut-être était-il plus sage de faire profil bas jusqu’à ce qu’ils baissent leur garde. Mais où se cacher ? Knox était une grenade dégoupillée. Il ne pouvait pas s’imposer à ses amis. Et ses poursuivants allaient certainement faire le tour des hôtels d’Alexandrie. Il ne pouvait pas non plus rester dans la rue. Il serait immédiatement repéré. Il fallait qu’il rentre sous terre.
    L’idée, lorsqu’elle lui vint à l’esprit, lui sembla à la fois si extravagante et si adéquate qu’il s’étrangla de rire et faillit percuter le camion qui roulait devant lui.
     
    II
    Lorsque Nicolas Dragoumis arriva sur le site avec Bastiaan, son garde du corps, une mauvaise surprise l’attendait. Il était impatient de soulever le socle, mais Ibrahim avait apparemment voulu faire les choses en grand. Tous les fouilleurs s’étaient alignés pour lui serrer la main et on avait dressé des tables, chargées de théières, de tasses et de gâteaux à la crème d’un aspect écœurant. De toute évidence, il allait falloir qu’il échange quelques mots avec toutes ces personnes. La courtoisie n’était pas son fort, mais il jouait gros. Alors il serra les dents, ravala sa mauvaise humeur et fit de son mieux.
     
    III
    Knox s’arrêta au premier distributeur de billets qu’il trouva et retira le plus d’argent possible. Il n’avait plus besoin de se cacher, puisque Nessim savait qu’il était à Alexandrie de toute façon. Ensuite, il alla faire quelques emplettes : un gros sac imperméable, de la nourriture, de l’eau, des vêtements, une torche sous-marine, une lampe électrique, des piles de rechange et des livres. Dans une boutique d’accessoires automobiles, il acheta également une grande bâche verte. Puis il se