Le tombeau d'Alexandre

savez.
    — D’accord, ces deux-là. C’est tout.
    — Mais je...
    — C’est tout, insista Nicolas. Ce n’est pas un cirque, que je sache. C’est un chantier de fouilles important.
    — Très bien, soupira Ibrahim.
    Le cœur lourd, il se prépara à décevoir les fouilleurs enthousiastes.
     
    III
    Knox promena sa torche dans la salle comme un projecteur sur une ville bombardée. Il resta bouche bée. Il n’en croyait pas ses yeux. A droite, il vit une terrasse taillée dans le calcaire. Seize larnax, des coffrets funéraires, étaient disposés de chaque côté sur une estrade, ce qui en faisait trente-deux en tout. Des vases en verre s’étaient renversés sur les estrades et sur le sol, répandant ainsi les pierres précieuses et semi-précieuses qu’ils contenaient. Le sol était également jonché de nombreux artefacts précieux : des épées, des lances, des boucliers et des amphores en argent et en argile. Un bloc de marbre blanc était incrusté dans le mur du fond. Knox y discerna une longue inscription, mais il se trouvait trop loin pour la lire.
    Il demeura hypnotisé par le mur de gauche. C’était une immense mosaïque, surmontée d’un enduit de plâtre peint en turquoise, qui représentait le ciel et entourait le personnage principal comme une trace de craie autour d’un cadavre. Trente-trois hommes, visiblement des soldats, bien qu’ils n’aient pas tous été armés, étaient rassemblés en deux groupes se chevauchant, l’un au premier plan, l’autre un peu plus loin. Ils semblaient remarquablement détendus et enjoués. Certains parlaient entre eux en se tenant par les épaules. D’autres faisaient de la lutte sur le sable ou jouaient aux dés. Et à genoux, au milieu, se trouvait le personnage principal de la mosaïque. De toute évidence, c’était le chef des autres hommes. Il était mince, beau, avec des cheveux d’un brun roux et un regard déterminé. Il avait les mains refermées sur la poignée de son épée, laquelle était plantée profondément dans le sable. Knox cligna des yeux. Lorsqu’il avait étudié l’histoire gréco-romaine, il avait analysé l’art de la mosaïque. Mais il n’avait jamais rien vu de tel.
    Il n’avait pas d’appareil photo, mais il pouvait faire des clichés avec son portable. Il n’avait même pas rallumé son téléphone depuis qu’il avait quitté le Sinaï, de peur qu’Hassan ne retrouve sa piste, mais il ne risquait pas de se faire repérer sous terre. Il entra dans la salle sur la pointe des pieds et photographia la mosaïque, les larnax, les objets funéraires éparpillés sur le sol et l’inscription. Il était si absorbé dans sa tâche que ce ne fut que lorsqu’il entendit un grincement loin derrière lui qu’il se souvint du soulèvement du socle.

Chapitre 18
     
    I
    Bastiaan et trois grands gardes égyptiens firent sortir les fouilleurs mécontents de la tombe macédonienne. Mohammed et Mansoor s’attaquèrent ensuite au socle à l’aide d’un levier, comme ils l’avaient fait la veille. Mais cette fois, ils ne le soulevèrent que de quelques centimètres, juste assez pour qu’Ibrahim puisse glisser un vérin hydraulique, puis un chariot élévateur. Ils répétèrent le processus de l’autre côté et déplacèrent tout simplement le socle contre le mur.
    Le puits obscur qu’Ibrahim avait aperçu la dernière fois était bien là. Ils se rassemblèrent tout autour et Mansoor l’éclaira à l’aide d’une torche. La lumière étincela environ cinq mètres plus bas.
    — De l’eau, constata Mansoor. J’y vais.
    Il se tourna vers Mohammed.
    — Attachez-moi une corde autour de la taille et faites-moi descendre, d’accord ? proposa-t-il.
    — D’accord, répondit Mohammed.
     
    II
    Knox n’eut pas le temps de s’attarder davantage. Pour tamiser la lumière, il posa la main sur sa torche. Celle-ci éclairait juste assez pour qu’il voie ce qu’il faisait. Il retira son tee-shirt et l’utilisa pour effacer les traces de ses pas, de la salle au portail, en marchant à reculons. Mais Mansoor, suspendu à une corde, apparut avant qu’il n’ait le temps de regagner la galerie. Il éclaira les murs tout autour de lui, obligeant Knox à retourner se cacher dans la salle.
    — Il y a une galerie ! s’exclama-t-il en atterrissant sur le sol tapissé d’eau, avant de dénouer la corde. Je vais regarder.
    — Non ! cria Ibrahim. Attendez !
    — Mais je vais juste...
    — Attendez-nous.
    La