Le Tombeau De Jésus
consultant exclusif sur le documentaire que je m’apprêtais à tourner sur le tombeau de Talpiot, et il accepta.
— Cela ne signifie pas que je serai toujours d’accord avec vous, me prévint-il.
— Je n’attends pas ça de vous, répondis-je.
— Pour commencer, laissez-moi vous dire que les noms inscrits sur les ossuaires de Talpiot sont les plus communs du I er siècle en Israël. D’un point de vue statistique, trouver un Jésus, une Marie et un Judas dans le même tombeau est dénué de la moindre signification. Vous voulez toujours de moi comme consultant ? lança-t-il en souriant.
— Êtes-vous statisticien ?
— Non.
— Alors qu’en savez-vous ?
Il parut un instant désarçonné, puis un large sourire éclaira son visage :
— Voyons, Simcha, la seconde Marie réduit à néant ce bel édifice !
Je poussai vers lui une clause de confidentialité à travers la table.
— Selon certains éminents spécialistes comme François Bovon, de l’université de Harvard, dis-je d’un ton triomphant, le véritable nom de Marie Madeleine était Mariamne, c’est-à-dire, lettre pour lettre, le nom que nous avons trouvé dans le tombeau de Talpiot, sur l’ossuaire placé juste à côté de celui de Jésus.
Gibson eut l’air abasourdi.
— Bovon est-il au courant pour le tombeau ?
— Non, je ne crois pas. C’est la raison de cette clause de confidentialité.
Une scène du même genre se déroula dans un bar de Toronto avec le professeur James Tabor. Tandis que des jeunes tatoués jouaient au billard dans l’arrière-salle, j’ai révélé à Tabor les développements de l’affaire « Mariamne ». Il faillit tomber de son tabouret, mais prit sa revanche en me révélant ses dernières découvertes à propos de l’inscription « Yosa ».
— Étant donné la présence des deux ossuaires dans le même tombeau, Rahmani pense que ce « Yosa » est le « Joseph » de l’inscription « Jésus, fils de Joseph », ce qui semble logique. Or le Lexique des noms juifs de l’Antiquité tardive de Tal Ilan y fait référence : sur tous les noms recensés sur des ossuaires, le « Yosa » de Talpiot est le seul jamais découvert ! dit-il en me fixant du regard.
— « Yosy » est un diminutif courant de « Yoseph », même aujourd’hui, protestai-je.
— C’est exact, mais pas « Yosa ». Ce nom est inconnu de nos jours et était très rare aux temps anciens. On n’en a retrouvé qu’une seule et unique occurrence. Et devine où !
— Je n’en ai aucune idée.
— Dans l’Évangile de Marc, murmura-t-il en se penchant en avant. Yosa, ou Joses en grec, est explicitement mentionné comme l’un des quatre frères de Jésus.
1 Il est possible que des Sadducéens – groupe juif qui occupait une place prépondérante au sein du clergé séculier et de la classe politique de l’époque – et/ou quelques juifs hellénisés qui ne croyaient pas à la résurrection aient également pratiqué la coutume des ossuaires. Ils se sont probablement inspirés du rituel romain consistant à placer les cendres des défunts dans des urnes. Étant donné que la loi juive interdit la crémation, la déposition des ossements dans des ossuaires était la solution la plus proche.
En 2006, on a découvert par hasard la plus ancienne église chrétienne connue, dans la cour de la prison de Megiddo, en Israël. La mosaïque est manifestement chrétienne, non juive, et donc non controversée.
2 Cette « bénédiction » fut introduite à Jabné sur l’ordre du patriarche Gamaliel II.
3 En septembre 1945, un tombeau fut découvert à Talpiot, qui contenait onze ossuaires. Sukenik procéda aux fouilles. Sur le plan architectural, ce tombeau est très semblable au Tombeauaux dix ossuaires. L’ossuaire numéro 8 porte quatre grandes croix. On y a également déchiffré une inscription en grec : « Jésus Aloth ». Il pourrait s’agir d’une traduction du verbe hébreu « aleh », signifiant « se lever ». L’ossuaire numéro 7 porte une inscription en grec dessinée au fusain. Sukenik la traduisit par « Jésus, malheur ! ». L’ossuaire numéro 1 porte une inscription en hébreu : « Shimon bar Saba ». Le nom de famille Barsabbas est seulement attesté dans les Actes des apôtres (1,23 ; 15,22).
4 C’est ainsi que l’Évangile de Jean explique l’allusion de Jésus à la reconstruction du Temple (Jean 2,19-22),
5 Voit
Weitere Kostenlose Bücher