Le Tombeau De Jésus
il y a absence de sainteté. Pensez à un parc de loisirs quand tout le public est rentré chez lui – l’endroit n’est pas seulement un lieu vide, c’est un lieu qui aspire au retour de la vie qui, peu auparavant, l’habitait. C’est ainsi que le judaïsme considère l’impureté rituelle. Étant donné qu’une femme féconde possède un potentiel de vie, la période menstruelle indique que ce potentiel est momentanément absent, jusqu’à ce que le cycle recommence. De même, quand une âme quitte le corps, elle laisse derrière elle une absence qui crée un état d’impureté rituelle. Un tombeau est donc rituellement impur quand il abrite encore des corps.
Dans la pratique, l’impureté rituelle d’un tombeau ne concerne aujourd’hui personne à l’exception des Cohen. Les juifs qui portent le patronyme Cohen ou l’une des nombreuses variantes de ce nom (Katz, Cahen, Kahn, Kaplan, etc.) sont, comme la tradition le stipule, les descendants des prêtres bibliques, de la lignée d’Aaron, frère de Moïse. Cohen signifie « prêtre » en hébreu, Katz étant une abréviation de Kohen Tzedek, « prêtre juste ». Aujourd’hui encore, les Cohen ne sont pas autorisés à entrer en contact avec toute manifestation d’impureté rituelle. Ainsi, selon la loi juive, toute personne portant le nom de Cohen ne peut vivre dans un appartement sous lequel se trouve un tombeau. Le bâtiment dans son ensemble est alors impur. Mais la loi rabbinique a prévu une sorte d’antidote : aménager un « coussin d’air » entre le bâtiment et le tombeau. De cette façon, l’immeuble ne s’élèvera plus au-dessus du tombeau.
J’en savais suffisamment pour comprendre ce que me disait Tabor. Les deux puits nefesh dépassant du sol du patio ne pouvaient signifier qu’une seule chose : il y avait un tombeau sous le sol de l’appartement des Mizrahi. Le tombeau de famille de Jésus n’avait pas été détruit. L’un des deux puits y conduisait à coup sûr et il serait possible d’y introduire des caméras-robots. S’il s’agissait du bon endroit, nous pourrions casser le sol du patio et pénétrer dans le tombeau de la Sainte Famille.
Toutefois, un grand nombre de questions restaient sans réponse. Comment expliquer la présence de l’ossuaire portant l’inscription « Yosa » ? Les Évangiles ne mentionnent Joseph que durant l’enfance de Jésus, si bien que la majorité des spécialistes pensent qu’il est mort à Nazareth. Et que signifiait la seconde inscription « Marie » – « Mariamne alias Mara » ? Qui était le « Matthieu » trouvé dans le tombeau ? S’agissait-il de l’auteur de l’Évangile éponyme ?
Un soir de printemps, je m’isolai dans mon bureau et rassemblai ma documentation : le Catalogue des ossuaires juifs de Levi Yizhaq Rahmani, le Lexique des noms juifs de l’Antiquité tardive : Palestine, 330 av. J. -C. -200 du professeur Tal Ilan, et, bien sûr, le rapport d’Amos Kloner de 1996 sur le tombeau de Talpiot. Je pris un marqueur et un bloc de papier que j’ouvris sur une belle page blanche. En haut, j’écrivis « CE QUE NOUS SAVONS ». Voici ce que je notai en dessous :
1.1980. Un bulldozer met au jour un tombeau à Talpiot, Jérusalem. L’AAI est prévenue. Les archéologues arrivent : Gat, Kloner, Braun et le jeune Gibson. Ils relèvent le plan du tombeau et expédient les ossuaires dans l’entrepôt de l’AAI, où ils sont répertories.
2. La façade du tombeau est étrange. Elle est ornée d’une sorte de symbole maçonnique, un chevron renversé avec un cercle au milieu.
3. Autre caractéristique étrange : on a retrouvé sous les silts trois crânes soigneusement disposés – on aurait dit une sorte de « garde d’honneur » – à l’entrée de trois des niches funéraires.
4. Des inconnus ont pénétré par effraction dans le tombeau à une époque ancienne. Il manquait les artefacts habituels, tels que des lampes à huile, des flacons de parfum ou des jarres en terre cuite.
5. Les artefacts présents dans le tombeau figurent dans le catalogue de Rahmani. Les ossuaires ont toujours été en possession de l’AAI, aussi n’y a-t-il aucun doute sur leur provenance, ni suspicion de contrefaçon. Six ossuaires portent une inscription, quatre en sont dépourvus.
6. Les ossuaires sont identifiés comme suit :
A. « Jésus, fils de Joseph », au début difficile à lire, mais finalement déchiffrable. Y a-t-il une
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