Le Tombeau De Jésus
Mais d’après Matthieu, tout ne s’est pas déroulé selon la coutume :
Marie de Magdala et l’autre Marie étaient là, assises [ce vendredi soir] vis-à-vis du sépulcre. Le lendemain, qui était le jour après la préparation, les principaux sacrificateurs et les pharisiens allèrent ensemble auprès de Pilate, et dirent : « Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore : Après trois jours je ressusciterai. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps, et dire au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première. » Pilate leur dit : « Vous avez une garde ; allez, gardez-le comme vous l’entendrez. » Ils s’en allèrent, et s’assurèrent du sépulcre au moyen de la garde, après avoir scellé la pierre (Matthieu 27,61-66).
D’après Matthieu, les autorités étaient soucieuses que le corps de Jésus soit « inhumé » selon la tradition par ses disciples, qui s’étaient faits discrets, si l’on peut dire, et n’étaient pas présents lors de la crucifixion. Pourtant, on s’attendait qu’ils réapparaissent et emportent le corps. Il n’est pas surprenant que les autorités aient voulu poster une « garde » pour surveiller le corps d’un homme qu’ils considéraient comme un chef révolutionnaire. En revanche, il est étrange qu’ils aient voulu protéger le tombeau en « scellant la pierre ». Les tombeaux étaient scellés au moment de l’enterrement pour empêcher les animaux de s’emparer du cadavre. Cette erreur, dans le texte, est un indice qui nous montre que l’auteur qui se fait appeler Matthieu n’était pas familier de l’enterrement secondaire. Il a probablement rajouté cette scène pour réfuter la rumeur selon laquelle le corps de Jésus avait été emporté par ses disciples.
Un autre indice dans le texte précise ce qui a pu se passer le lendemain, jour du Shabbat. Manifestement, les « principaux sacrificateurs et les pharisiens » n’avaient pas encore posté de garde et le tombeau était accessible. Ils pensaient donc que les disciples de Jésus ne déplaceraient pas le corps le jour du Shabbat, car cela aurait été considéré comme un sacrilège. Ils supposaient que les disciples attendraient jusqu’au coucher du soleil, qui marque la fin du Shabbat, et « viendraient de nuit ». Il se peut qu’ils se soient trompés. Dans plusieurs passages des Évangiles, les disciples apparaissent plus indulgents vis-à-vis du non-respect du Shabbat que les pharisiens et Jésus lui-même (voir Matthieu 12,1-21). Il est possible que les disciples soient venus de jour, durant le Shabbat. Si c’est le cas, ils avaient tout le temps de déplacer le corps. Ils ont pu attendre dans le tombeau jusqu’à la tombée du jour, puis emporter le corps juste après le coucher du soleil, mais avant l’arrivée de la garde. Ainsi, il est tout à fait possible que le corps de Jésus ait finalement été inhumé dans un tombeau de famille. Si tel était le cas, à quoi ressemblerait ce tombeau aujourd’hui ?
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Le 14 décembre 2004
À l’attention du père Mervyn Fernando, institut Subhodi.
Cher Père,
Une question intéressante a surgi dans une discussion, et j’aimerais beaucoup avoir votre avis, même s’il ne s’agit que d’une hypothèse. Si des archéologues découvraient les ossements et l’ADN de Jésus, une telle découverte serait-elle nécessairement en contradiction avec la croyance chrétienne en la résurrection de Jésus ?
À bientôt,
Votre ami, Charles P.
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Cher Charles,
Votre question est très intéressante, bien qu’hypothétique. Les Évangiles qui relatent la vie de Jésus furent probablement composés entre 75 et 110. Parmi les écrits néotestamentaires les plus anciens se trouvent certaines des Épîtres de saint Paul. Le « canon » concernant la résurrection du corps se trouve dans la Première Épître aux Corinthiens de saint Paul, à la fin du chapitre 15, verset 35 et suivants. Ce qu’il dit dans ce texte s’appliquerait aussi à la résurrection du Christ. Pour simplifier, le corps ressuscité du Christ (comme le comprend l’apôtre Paul) est un corps spirituel, et non le corps matériel/physique qu’il avait de son vivant. Ce corps physique aurait donc péri et, si des fragments de ce corps (des os, par exemple étaient découverts ou
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