Le Tombeau De Jésus
Tertullien, qui, dans De la couronne du soldat (De corona militis), fait dire aux chrétiens : « Quoi que nous fassions, nous marquons notre front du signe de la croix. »
6 À l’heure où j’écris ces lignes, je suis de nouveau en bons termes avec l’AAI. J’ai en effet établi des relations amicales avec son directeur, grâce à un ami commun.
En 70, les soldats de Titus quittèrent Jérusalem en laissant derrière eux une province dévastée et d’innombrables cadavres. Titus, qui deviendrait bientôt empereur, crut qu’il avait mis un terme à la rébellion juive pour le restant de ses jours, et peut-être pour toujours. Mais il laissait derrière lui, dans l’obscurité du sous-sol, dix ossuaires alignés, orientés vers le Temple détruit, comme s’ils attendaient leur redécouverte ou leur renaissance, ou les deux. Et sur l’un d’entre eux, les mots suivants semblaient gravés pour l’éternité : « Jésus, fils de Joseph ».
— Chapitre 4 –
« L’ÉQUATION JÉSUS »
Charles Pellegrino
J’ai rencontré Simcha Jacobovici pour la première fois en octobre 2004. C’est un humaniste curieux de tout. Le soleil s’était couché sur Toronto et notre conversation avait navigué entre l’ancienne Égypte et les civilisations de Théra et de Crète jusqu’au Livre de l’Exode. Après quelque temps, il décida de me révéler son secret. Quatre ou cinq personnes seulement sur toute la planète connaissaient les pièces du puzzle archéologique qu’il était sur le point d’assembler. Même ceux qui avaient fouillé IAA 80/500-509 n’avaient pas vraiment pris conscience de la portée de leur découverte. Il avait besoin de quelqu’un pour soutenir son projet et, après m’avoir appâté, il me tendit un document intitulé « Clause de confidentialité ».
— Mais qu’avez-vous donc découvert ? lui demandai-je, impatient.
— Laissez-moi d’abord vous poser une question. Pensez-vous qu’il soit possible que Marie Madeleine et Jésus de Nazareth aient été enterrés ensemble, dans le même tombeau ?
— C’est impossible.
— Bonne réponse. Maintenant, voulez-vous que je vous y emmène ?
Le jour où il s’attacha mon concours, Simcha me précisa que la principale différence entre l’ossuaire de Jacques et les autres ossuaires de l’AAI était que la provenance de ces derniers n’était pas controversée. Ils avaient fait l’objet d’un relevé in situ, avaient été excavés, photographiés et catalogués par une équipe d’archéologues. Le fait que le tombeau de Talpiot ait été exploré et documenté par des spécialistes qui avaient minutieusement répertorié les ossuaires éliminait toute possibilité que ces artefacts soient des faux. De plus, la discrétion – voire l’embarras – de Kloner, Braun et Gibson à l’égard de leur propre découverte indiquait qu’il ne pouvait s’agir d’une mystification. Loin de vouloir attirer l’attention, ils avaient tout fait pour que les ossuaires soient oubliés sur les étagères poussiéreuses du dépôt de l’AAI.
Entre-temps, Simcha avait reçu des copies des rapports des archéologues et avait commencé à étudier les ossuaires eux-mêmes. Il me révéla que le tombeau n’avait pas été détruit, comme le pensaient les archéologues, et qu’il attendait d’être redécouvert, quelque part sous un nefesh.
Mû par l’intuition selon laquelle la seconde Marie du tombeau de Talpiot pouvait être Marie Madeleine, et aidé par son équipe, Simcha avait entrepris de passer en revue la littérature consacrée au nom de Mariamne et à sa variante Mariamnu. En un seul jour, cette piste le conduisit aux travaux de François Bovon, spécialiste suisse du Nouveau Testament et professeur à l’université de Harvard.
Il me tendit un dossier contenant les copies d’un ancien manuscrit, écrit en grec, accompagné de la traduction en anglais par le professeur Bovon. Il s’agissait d’apocryphes du Nouveau Testament : les Actes de Philippe. Dans ce texte, Marie Madeleine était présentée comme un apôtre qui prêchait, baptisait et accomplissait des guérisons miraculeuses. Ce portrait était très différent de celui de la Marie Madeleine « pécheresse » du dogme de l’Église.
— Avez-vous remarqué la version grecque de son nom ? me demanda Simcha. Selon l’apôtre Philippe, qui se présente lui-même comme le frère de Marie Madeleine, celle-ci n’était pas connue
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