Le Tombeau De Jésus
identifiés, cela n’affecterait en rien la réalité de la résurrection. Mes meilleurs vœux pour Noël et une nouvelle année pleine de bénédictions divines.
Mervyn
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Le jour de l’an 2005, j’avais en main une liste de noms provenant de centaines d’ossuaires découverts dans les collines de Jérusalem, accompagnée des commentaires des épigraphistes. L’expérience de ces derniers leur permettait parfois d’identifier la même écriture sur des ossuaires découverts à des kilomètres les uns des autres. J’étais assis sur mon banc favori à Central Park, des jeunes à rollers passaient devant moi à toute vitesse, tandis que des joueurs d’échecs étaient plongés dans leur réflexion, indifférents aux nombreux spectateurs attroupés autour d’eux. Je pris une table-échiquier inutilisée et posai deux blocs-notes dessus, l’un jaune, l’autre blanc. Sur le jaune, j’écrivis : « Suppositions préliminaires ». Le blanc était réservé aux calculs.
Tout reposait sur une analyse statistique : quelle était la probabilité pour que le tombeau de Talpiot soit bien celui de Jésus de Nazareth, et non celui d’un autre Jésus ? Pour résoudre l’équation de IAA 80/500-509, il fallait dénombrer les occurrences de chacune des inscriptions qui nous intéressaient sur l’ensemble des ossuaires répertoriés à ce jour, puis évaluer la probabilité pour que cette série de noms se retrouve à l’intérieur d’une même sépulture. Plutôt que de se demander s’il s’agissait du tombeau de famille du Christ, il fallait aborder la question à rebours : était-il possible que ce ne soit qu’une coïncidence ?
Je commençai naturellement par l’inscription de l’ossuaire IAA 80/503, « Jésus, fils de Joseph ». Sur plus de deux cents ossuaires étudiés, combien portaient une inscription semblable ?
Selon des chercheurs comme L. Y. Rahmani, Tal Ilan et Rachael Hachlili, les noms Jésus et Joseph étaient communs dans la Jérusalem du 1er siècle. Sur les 233 ossuaires inscrits répertoriés par l’AAI, quatorze pour cent portaient le nom Joseph et neuf pour cent le nom Jésus. On estime que, durant la période où la coutume des ossuaires fut en usage à Jérusalem, la population masculine de la ville était, au maximum, de 80 000 personnes. Donc, parmi elles, 7 200 se seraient appelées Jésus et 11 200 Joseph. En multipliant l’un par l’autre les pourcentages, on obtient 1 008 hommes qui se seraient appelés « Jésus fils de Joseph » au cours de cette époque – soit un sur 79.
Mais combien, parmi ces 1 008 « Jésus fils de Joseph » qui vivaient à l’époque de Jésus de Nazareth, avaient été inhumés en compagnie d’une Marie, d’un Judas ou d’un Matthieu ?
En se fondant sur les inscriptions des ossuaires, près d’une femme sur quatre à Jérusalem portait le nom de Marie ou l’une de ses variantes. Version latinisée transcrite en caractères hébraïques du nom hébreu Myriam dont James Tabor et Shimon Gibson découvriraient bientôt une inscription très similaire dans leur « tombeau au linceul », « Maria » se distinguait toutefois du nombre par sa rareté. Une inscription semblable avait été découverte à Pompéi dans les ruines de la « maison de l’Inscription chrétienne ». Ce nom avait pu être adopté par les chrétiens comme une variante de Myriam, le nom sous lequel la mère de Jésus était connue. Il s’est également avéré que Marie de Nazareth, dans les Actes de Philippe et dans d’autres textes apocryphes, était différenciée de Marie Madeleine par le nom Maria. Le professeur Tal Ilan a relevé 8 « Maria » sur 193 ossuaires – soit une femme sur 24.
Il n’est jamais fait mention d’un « Judas, fils de Jésus » dans les textes apocryphes ni, bien sûr, dans les Évangiles canoniques. Et, bien que Jésus ait eu parmi ses proches un jeune frère bien-aimé et un ami fidèle qui portaient ce nom, je décidai de ne pas attribuer de valeur statistique à cet ossuaire. La rareté de cette inscription aurait diminué les probabilités et donc trop favorisé notre thèse. Il était plus prudent de neutraliser cet effet.
Ensuite, ce fut le tour de l’inscription « Mariamne », en grec, de l’ossuaire numéro 80/500. La transcription exacte était « Mariamn-u », avec une sorte d’arabesque décorative à la fin. Le « n-u » était, selon Bovon, une nuance affective du nom plus
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