Le Tombeau De Jésus

étrangère.
    Jusqu’ici, François Bovon ignorait l’existence de IAA 80/500-509. Pourtant, ses conclusions concernant Mariamne rejoignaient les thèses de l’équipe sur le tombeau de Talpiot.
    — La Marie Madeleine du Nouveau Testament, continua Bovon, apparaît au début comme une femme riche qui aide Jésus dans son ministère. Elle est originaire de la même région que lui, près de la mer de Galilée. Aujourd’hui, les archéologues vous diront que cette région était en grande partie bilingue. Je dirais pour ma part qu’elle était trilingue. Il est vraisemblable que Marie Madeleine parlait grec, outre l’hébreu et l’araméen. D’ailleurs, l’Église orthodoxe grecque célèbre Marie Madeleine tous les 22 juillet 2 .
    — Philippe était donc lié à des disciples hellénophones de Jésus, et nous savons que Mariamne était la sœur de Philippe. Imaginons que des archéologues découvrent le tombeau de Marie Madeleine : pensez-vous dans ce cas que son nom serait inscrit en grec ?
    Le professeur dévisagea Simcha d’un air interrogateur, comme s’il attendait la chute d’une plaisanterie ou bien une révélation quelconque.
    — Voyez-vous, reprit Simcha, jusqu’à ce que vous mentionniez toutes ces informations, j’aurais pensé que s’il existait un ossuaire portant le nom de Marie Madeleine, l’inscription en serait rédigée en hébreu ou en araméen.
    — Pas nécessairement.
    — Et selon vous, où pourrait-elle être enterrée ?
    — À la fin du récit de la mission de Philippe, Barthélémy et Mariamne ne meurent pas en martyrs comme lui, car le texte donne des détails sur leurs destinées. Ainsi, il est dit que Barthélémy s’est rendu en Asie mineure et Mariamne dans la vallée du Jourdain, c’est-à-dire tout près de chez elle. Elle serait donc morte dans son pays. Cela dit, ce texte est en contradiction avec la version dominante qui situe Marie Madeleine quelque part dans le sud de la France. Les Actes de Philippe sont toutefois antérieurs à cette légende.
    Les Actes de Philippe livraient des informations très importantes qu’il fallait confronter avec celles du tombeau de Talpiot. Tout d’abord, ils attribuaient un nom à la mère de Jésus – Marie – et un autre à Marie Madeleine – Mariamne. Deuxièmement, ils conféraient un statut à Mariamne, celui d’apôtre, d’envoyée, ou, pour utiliser un terme araméen, de Mara. Troisièmement, elle évoluait dans des milieux grecs. Enfin, ses ossements avaient été enterrés en Israël.

Durant toutes ces années, le Tombeau aux dix ossuaires s’était assoupi. Au début du VI e siècle, l’Empire romain d’Orient affaibli se battait sur tous les fronts, au nord contre des barbares, les Avars, et au sud contre les Perses sassanides, tout en essayant de s’emparer de Jérusalem, la Ville sainte. Les soldats chrétiens de l’empereur Héraclius finirent par prendre Jérusalem vers 610, mais pas pour longtemps   : tandis qu’Héraclius tentait de mater une rébellion arabe en Syrie, l’empereur reçut une lettre étrange à Bosra, au sud de Damas, lui enjoignant d’« adorer le seul vrai Dieu   ». L’empereur répondit par un silence méprisant. L’auteur de la lettre n’était autre que le Prophète Mahomet.
    En l’an 638, quelques années après la mort du Prophète, Jérusalem fut conquise par son successeur, le calife Omar, et, dix-sept ans plus tard, les disciples de Mahomet mettaient en déroute les derniers vestiges de la flotte byzantine.

—  Chapitre 7 –
    LES JUMEAUX
    Pour quelle raison la sœur de Philippe aurait-elle été enterrée dans le tombeau de Jésus ? Était-elle sa femme ? Et pourquoi y aurait-il eu à côté d’eux un ossuaire portant l’inscription « Judas, fils de Jésus » ? Était-ce leur fils ? Aucun Évangile, canonique ou apocryphe, n’évoque un mariage entre Marie Madeleine et Jésus, pas plus qu’un éventuel enfant. Si Jésus a eu une femme et un enfant, les seules références possibles à leur existence devaient être codées.
    Jésus, sa famille et ses disciples étaient conscients de vivre dans une société romaine et de la menace qui pesait sur les héritiers d’un candidat au trône d’Israël. Il y avait de nombreux exemples de ce genre de crime.
    Du vivant de Jésus, durant les luttes de l’empereur Tibère pour s’emparer du trône, trois enfants adoptés par son prédécesseur, l’empereur Auguste, furent assassinés en même