Le Tombeau De Jésus

quand on sait qu’un de ces groupes a survécu jusqu’au XXI e  siècle en Irak. Les « mandéens », comme ils se désignent eux-mêmes, sont membres d’une secte ancienne qui suit les enseignements de Jean-Baptiste et rejettent Jésus. Si les mandéens ont pu survivre en Irak jusqu’à nos jours, pourquoi les judéo-chrétiens n’auraient-ils pu survivre à Jérusalem jusqu’au XI e  siècle ?
    La prise de Jérusalem par les croisés, selon les chroniqueurs chrétiens eux-mêmes, fut une effroyable tuerie où le sang coula à flots dans les rues, les synagogues et les mosquées. Dans ces conditions, il est possible d’imaginer que les chevaliers du Temple soient tombés sur un petit groupe de judéo-chrétiens qui, pensant leurs derniers instants arrivés, aient révélé leur véritable identité, tout comme Judas avait révélé ses secrets à Hélène au IV e  siècle. Les Templiers auraient ainsi redécouvert les nazaréens-ébionites des siècles après leur exclusion du mouvement chrétien. Piqués par la curiosité, ils auraient pu épargner la vie de certains d’entre eux, qui, volontairement ou sous la torture, auraient révélé leurs secrets.
    Une rencontre entre Templiers et nazaréens expliquerait beaucoup de choses, notamment l’intrusion dans le tombeau. Celui-ci était-il devenu brièvement un lieu de culte templier ? Les trois crânes le suggèrent. Les judéo-chrétiens avaient-ils converti les chevaliers de l’ordre du Temple à leur hérésie ? De fait, l’Église considérait les Templiers comme des hérétiques qui contestaient la divinité de Jésus. Des chefs templiers avaient-ils été enterrés dans ce tombeau, ce qui expliquerait la présence des trois crânes ? Quel meilleur moyen d’honorer ses chefs que de les inhumer dans l’authentique tombeau du Christ ? Enfin, les Templiers avaient-ils emporté un ou plusieurs crânes des ossuaires eux-mêmes ? Cela pourrait expliquer certaines des étranges accusations formulées à leur encontre.
    Il se peut aussi que les Templiers aient introduit en Europe le symbole sculpté sur la façade du tombeau de Talpiot, ce qui expliquerait l’apparition soudaine du symbole de la pyramide et de l’« œil qui voit tout ». Détenaient-ils la preuve matérielle que l’ascension de Jésus n’était pas physique ? L’Église croyait-elle qu’ils étaient en possession du crâne de Jésus de Nazareth ?
    Peu de documents sur le sort réservé aux chevaliers du Temple nous sont parvenus. Toutefois, l’un d’eux, le « parchemin de Chinon », suggère que le pape Clément V aurait absous le dernier maître des Templiers, Jacques de Molay, et les autres responsables de l’ordre. Ce document, daté du 17 au 23 août 1308, a été découvert en 2002 dans les Archives secrètes du Vatican par le Dr Barbara Frale.
    Avant la découverte de ce parchemin, les récits sur la chute des Templiers à la suite d’accusations diverses – vénération d’un crâne, sorcellerie, messes noires, sacrilèges, sodomie, etc. – relevaient davantage de la légende que de la réalité historique. Alors que personne ne connaissait vraiment la nature des accusations portées à leur encontre, ce parchemin montre que les inculpés étaient accusés de cracher sur la croix et de s’adonner en secret à l’adoration d’une idole en forme de tête humaine.
    Le vendredi 13 octobre de l’an 1307, Philippe IV, roi de France, avec le soutien du pape Clément V, fit arrêter simultanément deux mille templiers dans tout le pays, prélude à l’élimination totale de l’ordre.
    Certains purent fuir et se réfugier dans des contrées hors de contrôle de la France et du Vatican. La petite flotte de l’ordre disparut en Méditerranée pour entrer dans la légende. Les Templiers seraient à l’origine du célèbre Jolly Roger – le pavillon pirate représentant un crâne humain au-dessus de deux os croisés – déformation du français « Joli Rouge ».
    Au XX e  siècle, en fouillant des tombeaux templiers, les archéologues remarquèrent que les jambes des chevaliers avaient été coupées et que, dans les ossuaires, les fémurs étaient croisés sous les crânes, sur le modèle du motif gravé sur les pierres tombales templières. D’où vient ce symbole, et établit-il un lien entre le tombeau de Talpiot et les Templiers ?
    La longueur des ossuaires de Jérusalem varie en fonction de la taille des fémurs, les os les plus longs du