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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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permettait aucune amélioration de l’aération du wagon. La sudation monstrueuse de tous, l’immobilité presque totale à laquelle nous étions contraints, créaient une situation interne extrêmement tendue, à la limite de l’explosion hystérique collective ; la moindre étincelle pouvait provoquer l’explosion. Seule la discipline que chacun respecta, maintint bon gré mal gré un statut bien fragile de calme relatif.
    — Avec la nécessité de faire évacuer les besoins naturels, survinrent les premiers incidents. Certains ne pouvant plus attendre faisaient sur eux, sur le sol. Des incidents violents éclatèrent aussitôt, avec aussi les premiers coups échangés… Alors d’autres refusèrent d’assurer le va-et-vient indispensable à l’évacuation ; il est vrai que d’assurer des « relais » dans de telles conditions ne présentait pas une situation agréable, loin de là.
    — Personnellement, je me souviens d’avoir été contraint d’employer la manière forte, autant que cela me fut possible, pour contraindre l’un de mes proches voisins que je ne connaissais même pas, qui n’avait pas voulu ou pu se contenir dans l’attente prolongée de la « tinette » en service permanent (une boîte de conserve) et qui s’était libéré à même le sol. Quand la tinette me fut parvenue, je le contraignis à ramasser ce qu’il avait fait, sans l’aider… Le malheureux, plus âgé que moi, pleurait mais s’exécuta en me maudissant !
    — Malgré la puanteur qui régnait dans notre wagon, cette sévère discipline maintint l’ordre indispensable empêchant le déchaînement d’excès et l’application de la « loi des plus forts ». Toutefois je dois dire que l’évacuation de la « tinette » seule méthode applicable, présentait des difficultés inimaginables, très désagréables, même pour les blasés que nous commencions à devenir.
    — Et toujours ce soleil implacable…
    9 h 30  – Soissons ville.
    Pierre Galand sonne à la porte de Cady Obrier sa cousine. Il est essoufflé, le visage inondé de sueur, rongé par l’effort qu’il vient de fournir.
    — Pierre ! Dans que ! état !
    — Vite ! Vite ! Je vais vous expliquer en marchant. Il vous faut aller à la gare. J’arrive de Compiègne à bicyclette.
    M me  Obrier l’interrompt :
    — Je ne comprends pas très bien. Expliquez-vous !
    Pierre Caland regarde sa montre-bracelet.
    — Nous n’avons que quelques minutes. Je vous explique. Mon frère Louis est dans le train de déportés qui va passer en gare, là, maintenant. Je connaissais au camp de Royallieu, Boursier, et Boursier qui est chargé du ramassage des ordures m’a prévenu hier soir que Louis embarquait ce matin à Compiègne. J’ai quitté Champien dans la nuit, j’ai aperçu Louis alors qu’on le conduisait à la gare, mais il y avait un barrage important… Lui ne m’a pas vu.
    — Alors vous êtes remonté sur la bicyclette.
    — Et me voilà.
    — Quarante-cinq kilomètres ! Mon pauvre garçon !
    — Je vous en prie. Vous êtes infirmière. Vous pouvez rentrer sur le quai… parler à Louis.
    — J’en ai pour une minute… le temps de passer mon uniforme.
    9 h 35  – Reims gare.
    Allô aiguillage 2. Ici Renard. Le 7909 est attendu à Vie. Il est prévu à Reims pour 11 h 40. Mettons l’opération à 11 heures. Répète ?
    — Opération à 11 heures. D’accord ?
    — D’accord ! Tu peux partir, j’ai trouvé quelqu’un pour te remplacer. Ne l’attends pas.

     
     
     
     
     
     
     
     
     

     
    9 h 40  – Locomotive.
    Rieder hurle dans l’oreille de Dorgny :
    — Avions !
    Le « banhof » lui aussi a vu :
    — Arrêtez ! Arrêtez !
    — Y a pas le feu ! C’est pas pour nous ! Regardez ils vont passer à au moins un kilomètre.
    — Arrêtez ! Il faut arrêter !
    — Bon.
    9 h 40  – Wagon Guérin-Canac.
    — Je perçois xcii , vers l’ouest, un roulement sourd et discontinu. Les vrombissements des avions déchirent l’air ; la terre tremble. Les Alliés martèlent sans relâche les positions ennemies. Alors l’espoir et la joie font à nouveau place à l’amertume. Qu’importent nos souffrances, qu’importe la malchance qui nous a mis hors de combat, qu’importe éventuellement notre mort puisque la cause que nous servions est sur le point de triompher ! Pendant l’alerte, le convoi a stoppé à l’orée d’un bois ; nos gardiens font les cent pas le long

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