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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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son habileté et de ses connaissances secrètes pour se rendre dans le Suffolk et chercher le trésor. Sir Rauf n’avait pas de coeur, il pouvait attendre son heure.
    — Autre chose ?
    — Pour le moment, je ne sais pas, Ranulf. Je ne sais vraiment pas. Nous avons découvert deux nouveaux éléments ce matin. D’abord que Servinus ne buvait ni vin ni boisson forte. Il faut que je réfléchisse là-dessus. Ensuite que Berengaria, une femme qui vivait d’expédients, qui n’avait pas plus de religion que peut-être...
    Il montra un coffre.
    — ... cette arche, a pris un morceau de charbon pour griffonner le mot « Nazareth » sur le mur de sa chambre. Pourquoi ?
    Ranulf fit un signe d’ignorance.
    — Pensez-vous que Wendover aurait pu tremper dans le meurtre de Sir Rauf ? Il a quitté Lady Adelicia de bonne heure ce jour-là.
    — Ah, c’est vrai, nous n’en avions pas fini.
    Le magistrat se leva et retourna dans la pièce où la jeune femme était toujours assise à contempler le feu.
    — Vous disiez donc que Wendover était un larron ?
    — Oui, Sir Hugh, et les voleurs sont gens sans honneur. Quand je rejoignais Wendover à L’Échiquier de l’espoir, j’emportais toujours de l’argent. J’ai de petites sources de revenus en propre, même si feu mon mari gérait le reste. Très souvent j’ai constaté qu’il manquait quelque chose. Nous nous couchions. Nous satisfaisions nos désirs mutuels. Je m’endormais. Et, sous prétexte de telle ou telle tâche à accomplir, il partait toujours avant moi.
    — Et, chaque fois, il rapinait ?
    — En effet, Sir Hugh, c’est fort humiliant, n’est-ce pas ? Il prenait une pièce ou un bracelet, un petit objet, pensant que je ne m’en apercevrais point.
    — Pourquoi ? interrogea Corbett.
    — Je l’ignore. Peut-être était-ce dans sa nature ; peut-être voulait-il faire comme Berengaria : amasser de l’argent, des réserves, en prévision des mauvais jours.
    — Est-ce pour cela qu’il partait tôt ?
    — Bien sûr, Sir Hugh. Quand je m’éveillais, il n’y avait personne à qui faire des reproches. Je me suis toujours dit que je le devrais, mais je ne l’ai jamais fait. Peut-être par fierté. Notre passion, Sir Hugh, était comparable à un feu : elle a brûlé avec ardeur, puis les flammes se sont éteintes en ne laissant que des cendres froides.
    Elle s’interrompit.
    — Que va-t-il m’arriver, Sir Hugh ?
    — Madame, l’affaire est devenue si confuse qu’aucun juge ne pourrait siéger pour entendre ce cas ; cependant, il y a là une malignité que je dois extirper.
    Toujours perdu dans ses pensées, le magistrat prit congé. Ranulf et lui se vêtirent chaudement et attendirent Chanson, qui arriva de Maubisson où il n’avait rien découvert de nouveau. Ils montèrent à cheval et traversèrent la lande vers la ville. Le temps s’étant éclairci, tout le monde était sorti. Les marauds, les malfaiteurs, les coquins qui pullulaient dans la bonne ville royale de Cantorbéry étaient à l’affût de gains illicites. Ils se mêlaient aux riches vêtus de robes de laine serrées autour de leurs panses bien garnies. Des pèlerins, pâles et blafards après leurs journées d’abstinence, désireux que l’Avent soit passé afin de pouvoir renoncer au pain sec et à l’eau saumâtre pour festoyer enfin de vin, de tendres miches et de viandes juteuses, se pressaient dans les rues. Un prisonnier, qu’on venait de faire sortir des cachots du château, juché sur une carriole, vacillait comme un ivrogne et agitait ses menottes en demandant l’aumône et en détaillant, d’un ton railleur, ses dernières volontés et son testament.
    — À ceux qui sont dans la cage, expliquait-il en faisant référence à ses compagnons de misère, je donne mon miroir et les faveurs de la femme du geôlier. Au château, les tentures de ma fenêtre tissées dans des toiles d’aragne. À mes camarades qui grelottent la nuit enchaînés aux murs, un coup de poing dans l’oeil. A mon barbier, les rognures de mes cheveux. A mon cordonnier, les trous de mes souliers. À mon cousturier, mon haut-de-chausses râpé...
    Sa voix rauque avait attiré les piliers de taverne, avec leur vin chaud épicé et leurs marrons grillés. Regroupés autour de l’infortuné, ils l’injuriaient pendant que ce dernier priait et suppliait qu’on lui donne quelques pennies afin que lui et les autres captifs puissent célébrer la naissance du Christ

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