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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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contre lui.
    — Qu’est-ce qui ne va pas, Ranulf ?
    Il lui adressa un clin d’oeil.
    — Je suis perplexe. Je me sens comme un homme fiévreux, qui erre dans cet espace gris entre le sommeil et le jour. Les questions m’assaillent et me harcèlent telles des pointes de lance. Qui ? Quoi ? Pourquoi et comment ?
    — Et ? insista Ranulf, pour que Corbett émerge de cet état.
    Sir Hugh lança un coup d’oeil aux panneaux peints.
    — Pourquoi ? dit-il en haussant les épaules. Pourquoi la Carte du Cloître a-t-elle disparu ? Il est indéniable que Stonecrop l’a volée à bord de L’Indomptable et qu’il l’a apportée à Sir Rauf, mais ensuite qu’est-elle devenue ? Cette maison a été fouillée, pourtant la Carte du Cloître n’a point été retrouvée. Decontet l’a-t-il vraiment détruite ? Et puis pourquoi le document transporté par Paulents s’avère-t-il sans intérêt ? Même si on ne répond pas à ces questions et qu’on en vienne au meurtre sanglant, pourquoi Sir Rauf Decontet a-t-il été occis de cette façon ? Était-ce une simple revanche, ou autre chose ? Comment y est-on parvenu ? Qui est coupable ? Pourquoi a-t-on chargé Lady Adelicia du meurtre de son mari ? Comment cela a-t-il été organisé ?
    Il but une gorgée de vin.
    — Qui a perpétré ces horribles crimes à Maubisson ? Comment a-t-on pu les commettre si vite, en toute discrétion ? Qui a abattu Servinus d’une autre façon que les autres, puis l’a éventré et fait disparaître ? Comment a-t-on pu s’y prendre dans un manoir si bien gardé ?
    L’air cadencé des chalumeaux et le martèlement des pieds qui montaient d’en bas interrompirent Corbett. Il crut, pendant un instant, dans son esprit enfiévré, que des démons dansaient de joie devant sa déception. Il secoua la tête pour se délivrer de ces macabres rêveries et se tourna vers son compagnon.
    — Qu’avons-nous encore, Ranulf ?
    Mal à l’aise, le clerc de la Cire verte s’agita dans sa chaire. Il était rare que Sir Hugh soit si décontenancé.
    — Eh bien, vous posez les questions du qui, pourquoi, quoi et comment, dit-il en faisant rouler son gobelet entre ses mains. Pourtant, Messire, il est sûr que la cause de ceci ou de cela, la raison qui explique tout, doit être quelqu’un que nous avons rencontré, quelqu’un de notre connaissance, qui tue et tue encore. La malheureuse Berengaria, étranglée dans cette église déserte, connaissait sans nul doute son meurtrier.
    — Et ce mot qu’elle a griffonné sur le mur de sa chambre chez le père Warfeld ? ajouta le magistrat. Qu’est-ce que c’était ? « Nazareth » ; on aurait dit qu’elle voulait s’en souvenir, mais à quel sujet ?
    — Et l’agression contre Griskin, rappela Ranulf. Qui l’a assassiné ?
    Corbett lui répondit par un signe de tête. Il ne voulait pas s’expliquer plus avant. Les Joyeux étaient son secret.
    — Sans oublier les attaques contre nous, observa-t-il, quand nous revenions de Maubisson avec Desroches, et ce carreau d’arbalète décoché dans le volet, et un autre dans le cloître... et le vin.
    — Quel vin, Messire ?
    Corbett lui relata en phrases brèves l’affaire des pichets déposés devant sa chambre. Ranulf jura entre ses dents et un frisson de terreur lui courut dans la nuque. Il jeta un regard d’appréhension par-dessus son épaule vers Chanson qui montait la garde à la porte. En vérité, il aurait voulu être loin d’ici. Il aurait voulu s’éloigner des étendues désertes de champs enneigés, des sentiers forestiers aux ornières glacées, des friches abandonnées et hantées, de l’abbaye avec ses galeries de pierre, ses couloirs vides et sonores où jouait la lumière et où dansaient les ombres. Il regarda son maître affalé dans sa chaire, les yeux fixés sur le feu.
    — Messire — Ranulf se pencha en avant –, vous m’avez toujours mis en garde contre le temps perdu passé à contempler les flammes.
    Le magistrat se redressa et sourit.
    — Pas cette fois-ci, Ranulf, c’est...
    On heurta à l’huis. L’hôtelier entra d’un air affairé, chargé de plateaux sur lesquels s’empilaient du pain, des morceaux de porc et des pots de sauce épicée bouillante. Corbett et ses compagnons s’installèrent autour de la table et ils mangèrent en silence. Chanson proposa de chanter, mais Ranulf ne releva pas et la plaisanterie du clerc des Écuries flotta dans l’air comme une sombre

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