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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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regarda, horrifié, la blessure rouge foncé d’où sortaient les plumes du carreau. Il se sentait défaillir et un fort goût de sang lui remontait dans la gorge. Il était aussi transi. On l’avait dépouillé de tous ses habits et il était à présent à califourchon sur son cheval, les mains liées derrière le dos. Quelqu’un tenait les rênes. Wendover cilla et se raidit, sentant l’épaisse corde rêche du noeud coulant qui lui enserrait le cou. La silhouette se retourna. Wendover, incrédule, gémit devant le capuchon noir, le masque percé de fentes pour les yeux, le nez et la bouche. Il maudit sa propre stupidité ; on le suivait sans doute depuis Cantorbéry. Il sentit un léger parfum. Se mordant les lèvres contre les élancements qui le traversaient, il regarda autour de lui. On avait vidé ses fontes et lacéré ses vêtements.
    — Pitié ! chuchota-t-il.
    L’homme, impassible, flattait avec douceur l’encolure du cheval.
    — Pitié, Messire Wendover, pitié pour vous ? Vous étiez là quand mon frère a été pendu. Je n’ai pas de pitié. Vous pouvez acheter votre vie à un certain prix. Je couperai les cordes et je vous laisserai aller si vous me remettez la Carte du Cloître volée à Sir Rauf.
    — Je ne l’ai pas ! plaida Wendover.
    Sa monture, en bougeant, le fit tressaillir ; la douleur dans son épaule gauche était intolérable. Il avait à présent pleinement conscience du froid mordant, de la neige qui tombait des branches au-dessus de lui, du vent d’hiver qui lui piquait la peau.
    — La Carte du Cloître ? insista la voix.
    Le capitaine ravala le sang au fond de sa gorge.
    — Je ne la possède pas, que Dieu m’en soit témoin, mais je pourrais...
    — Non, vous ne pourriez pas, l’interrompit la voix. Vous êtes un pleutre, Wendover. Tant pis.
    La silhouette fit un pas en arrière. Wendover était sûr que cette voix lui était connue.
    — Je dois suivre mon chemin et vous le vôtre.
    La silhouette cauchemardesque passa devant le capitaine, frappa le cheval sur la croupe et attendit un instant en regardant Wendover gesticuler et se débattre jusqu’à ce que le corps nu pende, immobile, oscillant un peu au bout de la rugueuse corde de chanvre. Alors seulement Hubert Fitzurse, l’Homme qui lit dans l’avenir, s’éloigna en silence, laissant l’horreur suspendue derrière lui.
    Corbett était installé au réfectoire de l’hôtellerie. Il s’était levé tôt, avait fait ses ablutions, s’était habillé et avait assisté à laudes, puis à la première messe. Ensuite il avait fait le tour de l’abbaye comme pour en étudier les différents styles d’architecture. En réalité, il essayait de se calmer et d’étayer les conclusions auxquelles il était parvenu la veille. Il regagna le réfectoire, où ses compagnons le rejoignirent, pour déjeuner. Ils étaient sur le point de s’en aller quand Sir Walter Castledene arriva avec une escorte de gardes. Le maire entra en trombe, ôta ses gants et enleva sa chape en annonçant la nouvelle au magistrat : des miséreux en quête de petit bois avaient découvert le corps nu de Wendover pendu à un orme dans un sentier qui débouchait sur la route de Londres. Ses biens étaient éparpillés alentour, les fontes avaient été éventrées, les vêtements réduits en lambeaux, à quelques pas de son cheval qui broutait.
    D’un geste, le magistrat pria Castledene de s’asseoir, mais ce dernier refusa d’un signe de tête et entraîna Corbett à l’écart, vers la porte du réfectoire.
    Le maire fixa Corbett tout en essuyant son visage en sueur.
    — Qui que ce soit, déclara-t-il, il nous traque nous aussi, Sir Hugh. Que peut-on faire ?
    — Que peut-on faire ? reprit le clerc en posant la main sur l’épaule de son interlocuteur et en l’emmenant dans la cour pavée où le bruit et les bavardages des sentinelles, les cris des frères lais et le hennissement des chevaux couvriraient leur conversation. Sir Walter, je suis venu ici pour découvrir la vérité et vous me l’avez tue.
    — Que voulez-vous dire, Sir Hugh ?
    — En 1272, précisa Corbett, l’année où Sa Majesté a accédé au trône, la paix du roi a été violée à Cantorbéry et dans d’autres comtés. Le petit manoir, à Maison Dieu, d’Hubert Fitzurse et de son demi-frère Adam a été attaqué et pillé ; tous ceux qui s’y trouvaient ont été massacrés. Je vous le demande, Sir Walter, ajouta-t-il, approchant son visage

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