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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tint pas compte. Il n’interrompit qu’une fois son examen, enfilant ses bottes et sa chape pour descendre dans la nuit glacée et aller chanter complies avec les moines. Ranulf et Chanson dormaient, eux, comme des loirs. Le magistrat retourna dans sa chambre et poursuivit sa tâche toute la nuit. Il lui arrivait de se comporter en juge confrontant un meurtrier ou une meurtrière, le plaçant – ou la plaçant – devant l’évidence. Mais là, c’était différent. Tout était si fragile ! Il avait bâti cette maison sur des sables mouvants. Résisterait-elle à une tempête de protestations et de contre-accusations ? Mais s’il échouait, il pourrait n’avoir jamais de seconde chance.
    Il repoussa sa chaire et, prenant sa chape, s’en enveloppa et s’étendit sur le lit, les yeux rivés sur le mur. Il se demandait ce qu’il devait faire. Il se rappela le cadavre du mendiant, puis un verset d’un psaume qu’il avait entonné à complies : Dieu invitait tous les hommes, saints ou pécheurs, à un banquet. Devrait-il l’imiter ? Il murmura une courte prière et sombra dans le sommeil en pensant à Maeve.
    Wendover, capitaine des gardes de Cantorbéry, était décidé à mettre autant de distance que possible entre lui et sa ville natale. Il était terrorisé. Il savait que, quand ce fouineur de clerc aurait achevé son enquête, sa liaison avec Lady Adelicia lui coûterait son poste. Sir Walter Castledene avait été très clair là-dessus. On lui poserait certaines questions et si les réponses ne convenaient pas, il serait sur-le-champ démis de ses fonctions et son contrat avec l’échevinage serait rompu. Il deviendrait un vagabond errant dans les rues et les ruelles de la ville, cherchant en vain un emploi. S’il chutait, quelle chute ce serait ! Son comportement brutal lui avait attiré bien des ennemis à Cantorbéry. Quand sa disgrâce serait publique, tout le monde l’accablerait et il ne pourrait attendre ni merci ni compassion. Lady Adelicia s’était servie de lui et maintenant elle en avait terminé. Où pouvait-il se tourner à présent ? En outre, il se rendait compte qu’elle le soupçonnait d’être un voleur, d’avoir dérobé tel ou tel babel, soustrait parfois une pièce dans son escarcelle pendant qu’elle dormait après leurs ébats à L’Échiquier de l’espoir. Pouvait-on l’arrêter et l’interroger ? Wendover était en proie à une autre peur sans nom, une profonde impression de danger qui le poussait à boire plus que de coutume. Chaque fois qu’il quittait L’Échiquier de l’espoir, il regardait par-dessus son épaule, certain qu’il était épié. Il avait décidé de fuir. La veille, il avait rangé ses biens dans ses fontes et sorti ses bourses de piécettes de leur cachette. Dès l’aube et quand les portes de la ville s’ouvrirent, il prit son cheval à l’écurie et se dirigea vers Westgate. Il se rendrait à Londres ; il y avait de la famille qui pourrait le recevoir pendant qu’il se mettrait en quête d’un nouvel emploi.
    Sur la route de Whitstable, il se détendit. Il se mêla à d’autres voyageurs que le mauvais temps n’avait pas découragés. Ils traversèrent la Stour et se dirigèrent vers l’église St Dunstan. Puis Wendover choisit de quitter l’artère principale pour suivre, sous les arbres, les sentiers de campagne, qui le mèneraient sur la route de Londres en toute sécurité. Il était surpris d’avoir pu s’enfuir si vite et sans difficultés, et son assurance s’accrut. Il avait une épée et un poignard attachés à son ceinturon, une bourse de pièces dissimulée et des sacoches bien gonflées. Il se rassurait en se disant qu’il serait bientôt engagé dans un nouveau travail. Il ne forçait pas l’allure de son cheval, car il avait la tête lourde après le vin et la bière qu’il avait ingurgités la nuit précédente. Tout d’un coup, sa monture s’arrêta et hennit, les sabots raclant la glace. Inquiet, Wendover leva les yeux, mais trop tard. La sévère silhouette vêtue de noir postée au milieu du chemin, arbalète armée, avait déjà visé sa cible et le carreau barbelé tourbillonna dans l’air et frappa le capitaine à l’épaule. La souffrance, épouvantable, le fit hurler, son cheval rua, puis Wendover se pâma et tomba lourdement sur le sol.
    Quand il reprit conscience, il se crut déjà en Enfer plutôt que sur la route qui y menait. La douleur dans son épaule gauche était atroce. Il

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