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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fouillèrent de fond en comble et firent venir le maître hôtelier pour s’assurer que tout était en ordre. Ranulf vaqua à d’autres tâches, tentant de calmer l’inquiétude qui lui nouait l’estomac. Cela faisait des années qu’il regardait vivre « Maître Longue Figure ». Corbett lui faisait toujours penser à un chien de chasse qui bat les taillis avec frénésie, tourne en rond, mais qui, une fois la trace flairée, poursuit sa proie jusqu’à l’hallali. Ranulf pressentait que c’est ce qui allait se passer.
    Le magistrat gagna la cour, convoqua un frère lai et le chargea d’un message à l’adresse des Joyeux installés près de St Pancrace. Il le fit répéter plusieurs fois au jouvenceau et lui glissa une petite bourse.
    — Voulez-vous veiller à ce que le mime qui s’appelle le Pèlerin la reçoive, mon frère ?
    Le frère lai sourit et leva la main comme s’il prêtait serment.
    — Et voici pour votre peine, ajouta le magistrat en lui fourrant une pièce d’argent dans la paume. De grâce, mon frère, dites au Pèlerin de partir – il leva les yeux vers le ciel – avant que la nuit tombe.
    Il allait tourner les talons quand deux silhouettes encapuchonnées franchirent le portail. Elles avançaient avec peine dans la neige fondue en portant une civière improvisée ; de la toile à sac posée dessus dépassaient une main blanche aux ongles longs et recourbés ainsi qu’une tignasse de cheveux noirs. Corbett s’approcha. Les deux porteurs firent halte.
    — Un mendiant, expliqua l’un d’eux avant que le clerc lui ait posé la question. Un miséreux qu’on a retrouvé gelé dans le verger. On le conduit à la chapelle mortuaire.
    Corbett récita le requiem à voix basse, se signa et regagna sa chambre. Il prépara son écritoire, défroissa des morceaux de vélin, sortit plumes et cornes à encre. Chanson revint, chargé d’un sac en cuir gonflé de documents. Corbett les étudia avec soin : c’était les relevés d’impôts concernant Cantorbéry et les alentours dans les années 1258 à 1272. Il apprêta les braseros, les rapprocha de la table, s’installa et passa les recueils au crible. Deux heures plus tard environ, Ranulf et Chanson, qui paressaient dans leur propre chambre, entendirent leur maître crier de joie. Ils se précipitèrent, mais Corbett les chassa d’un geste.
    — Navré, Messires, dit-il en se retournant à moitié dans sa chaire, mais il arrive parfois que quand on cherche dans les endroits les plus inattendus on y découvre un trésor, comme dans la parabole des Évangiles qui nous conte l’histoire de la femme en quête de sa drachme égarée.
    Il s’interrompit.
    — Nazareth, Nazareth, répéta-t-il. Ranulf, va voir l’hôtelier. Demande-lui si je peux disposer d’un missel contenant les lectures de la semaine dernière, l’Épître et l’Évangile. Précise-lui que je le garderai quelque temps. Je me suis souvenu de quelque chose que Berengaria m’a dit : qu’elle écoutait attentivement les saintes Écritures.
    Ranulf revint quelques instants plus tard avec un sac de cuir renfermant le missel. Selon le maître hôtelier, c’était « une des possessions les plus précieuses de l’abbaye » et le magistrat devait donc en prendre grand soin. Sir Hugh acquiesça d’un signe de tête, ouvrit le volume, repoussa les rubans qui marquaient les pages et se mit à le feuilleter. Il finit par tomber sur le passage où Jésus, de retour à Nazareth, sa patrie, ne peut y accomplir de miracle à cause du manque de foi de ses habitants.
    — Manque de foi, chuchota Corbett. Jesu Miserere, Seigneur, je crois, viens en aide à mon incroyance. Je l’ai trouvé !
    Il comprenait à présent pourquoi Berengaria avait gribouillé ce mot sur le mur de sa chambre au presbytère. Elle avait ouï dans l’Évangile quelque chose énoncé en latin que le père Warfeld avait ensuite traduit dans sa courte homélie, et l’intelligente jouvencelle s’en était saisie. Elle avait l’intention de s’en servir ou s’en était-elle déjà servie ?
    Corbett referma le volume, le tendit à Ranulf et se rencogna dans sa chaire en pourpensant à la manière dont il piégerait son tueur. Il s’interrogea vaguement sur Wendover. Peut-être auraient-ils dû l’avertir, mais que pouvait-on y faire ? Les cloches de l’office divin tintèrent ; Corbett, déterminé à consolider son hypothèse avant de la développer en cherchant des preuves, n’en

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