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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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passèrent devant les sentinelles et débouchèrent sur la route qui les ramènerait à St Augustin. La chaussée était à présent encombrée de charrettes chargées de produits destinés aux marchés de la ville. Les chariots qui s’embourbaient et les chevaux de trait, la crinière coupée court raidie par le gel, qui dérapaient et glissaient sur le verglas entravaient leur progression. Toute conversation était impossible. Le froid intense s’enroulait comme un voile autour d’eux. Corbett avait le lobe des oreilles glacé et le givre lui mordait le bout du nez et lui gerçait les lèvres. Il pensa à Leighton Hall, au feu ronflant dans la cheminée, à des coupes de posset, à Maeve installée dans une chaire près de lui, vision de paix et de quiétude. Il tenta de chasser son malaise en se remémorant les paroles d’un chant de Noël, mais ne parvint qu’au deuxième vers, aussi renonça-t-il pour se concentrer sur le trajet, sur le mouvement de la tête de son cheval, en ne prêtant qu’une oreille distraite aux bruits environnants.
    Ils quittèrent la grand-route et prirent la voie conduisant à l’imposant portail de l’abbaye de St Augustin. Afin d’alléger l’atmosphère, Desroches se mit à décrire, avec humour et entrain, les ambitions de l’actuel abbé mitré, Thomas de Fyndon, mais le froid pénétrant finit par le faire taire, ses spirituelles remarques ne trouvant pas d’écho. Il se tint donc coi, ralentissant l’allure de sa monture et tirant sur les rênes de son poney de bât. Il se retournait sans cesse sur sa selle pour regarder derrière lui. Il paraissait inquiet. Ranulf n’avait pas besoin d’un tel encouragement. La campagne, dans son linceul blanc, avec ses arbres lugubres dont les branches noires s’étiraient comme des vrilles au-dessus des ajoncs et des ronciers enneigés d’où montaient des bruits étranges, le rendait fort nerveux.
    — Qu’y a-t-il, ami ? s’enquit Corbett.
    — Je suis navré, bafouilla le médecin. Sommes-nous suivis ? Je...
    Le magistrat s’immobilisa et fit pivoter sa monture alors que les cloches de l’abbaye commençaient à sonner la messe du matin et l’office de prime. Il jeta un coup d’oeil à droite et à gauche : rien, mis à part les arbres gelés, les buissons drapés de neige, la brume flottant comme une vapeur ; l’endroit parfait, se dit-il, pour une embuscade. Il comprit tout à coup qu’il s’était déjà trouvé en des lieux similaires : les vallées galloises figées par le gel où il attendait que l’ennemi s’approche en silence, bondisse et inflige une mort soudaine. Les cloches de l’abbaye continuaient à tinter. Le magistrat se remémora les vers d’un sonnet : Voyez les méchants qui bandent leurs arcs et encochent leurs flèches. Desroches avait raison : il se passait quelque chose d’insolite. Une corneille jaillit d’une branche juste sur sa droite, suivie par le vrombissement d’un carreau d’arbalète qui zébra la brume et alla se planter dans un arbre derrière eux. Corbett tira son épée et s’efforça de calmer son cheval effarouché. Chanson jurait. Ranulf avait déjà mis pied à terre. Desroches maugréait entre ses dents. Le magistrat s’attendait à un second carreau, mais tressaillit, surpris : une voix forte s’élevait dans le brouillard directement sur sa droite.
    — Oyez ! Oyez, émissaire du roi, l’oracle d’Hubert, fils de Fitzurse, l’Homme qui lit dans l’avenir. Ne vous mêlez point de ce qui ne vous concerne pas.
    — Par Dieu, montrez-vous ! s’exclama Corbett.
    — Je l’ai fait et je le ferai, émissaire du roi.
    Ranulf était sur le point de quitter le sentier, épée brandie, prêt à s’enfoncer dans la neige en direction de la voix.
    — Ne bouge pas, lui ordonna Corbett. Ne bouge pas, pour l’amour du ciel !
    Sa monture s’agitait avec nervosité tandis que lui-même, lame au clair, tentait de percer du regard la brume blanche. Il savait que c’était en vain. Un corbeau croassa, moqueur, puis ce fut le silence.
    — Qui que ce soit, il est parti, observa Corbett. S’il ourdissait d’autres méfaits, nous l’aurions su.
    Ils reprirent leur chevauchée. Corbett fut soulagé d’apercevoir les hauts murs de l’abbaye. Ses grilles s’ouvrirent à leur approche et, au bruit des sabots claquant dans la cour, des frères lais accoururent pour tenir leurs montures. Corbett se laissa glisser à terre et assouplit son dos et ses

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