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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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temps passa. Il sommeilla un peu et fut réveillé par les cloches de l’abbaye qui appelaient la communauté monastique à une nouvelle réunion.
    « Ce doit être l’heure, se dit-il. Connaissant Maître Griskin comme je le connais, il sera plutôt en avance qu’en retard. »
    Corbett se leva et enfila ses bottes en sautillant d’un pied sur l’autre. Il ouvrit un coffre d’où il sortit son ceinturon équipé d’une épée et d’une dague dans leur fourreau, ainsi qu’une petite arbalète et un carquois de carreaux. Il saisit sa chape, moucha la chandelle et se rendit dans la chambre voisine. Ranulf était fort occupé à faire enrager Chanson au sujet de sa jambe. Le clerc leur fit un bref compte rendu de ce qui s’était passé. Ranulf voulait voir le morceau de vélin, mais Corbett refusa d’un signe de tête.
    — Laissons cela pour le moment. Si le meurtrier avait voulu m’abattre, il aurait montré plus d’acharnement. Il essaie de me faire peur.
    — Y est-il parvenu ?
    Le magistrat eut un petit sourire.
    — Dans une certaine mesure, oui, mais je pense qu’il veut seulement provoquer de l’appréhension. Il n’ose pas tuer le garde du Sceau privé ici, à Cantorbéry : la ville devrait alors essuyer l’ire du roi. Hubert Fitzurse, l’Homme qui lit dans l’avenir, le sait bien. Non, non, il désire que je reste à l’écart de ce qu’il appelle ses affaires, que je ne m’en mêle point ; ce qui signifie, Ranulf, qu’il n’en a pas fini dans cette cité.
    — Allons-nous au Guildhall, Maître ?
    — Non, Ranulf, nous allons à la chapelle de Saint-Lazare, céans, dans l’abbaye. Je dois y rencontrer un vieil ami.
    Il tourna les talons. Ranulf adressa une grimace à Chanson, haussa les épaules, attrapa son propre ceinturon, sa chape et se précipita derrière le clerc.
    Ils passèrent dans le cloître glacial, traversèrent des jardins ensevelis sous la neige et entrèrent dans l’église abbatiale par le porche. Corbett s’arrêta le temps d’admirer la splendeur de la nef, un miracle de voûtes aériennes, d’arches majestueuses, de colonnes carrées, de transepts, de déambulatoires, de chapelles, de statues aux yeux de pierre, de gargouilles grimaçantes et de sombres pierres tombales. Les vitraux ne laissaient passer qu’une lumière chiche, faisant de la nef un endroit peuplé d’ombres mouvantes, une véritable antichambre entre la vie et la mort, un champ d’âmes où les esprits des trépassés tournoyaient pendant que lumignons et cierges brillaient comme des fanaux célestes. Des bouffées parfumées s’échappaient de l’encensoir et s’attardaient dans l’air, et le bruit de leurs bottes résonnait d’une étrange façon sur les dalles.
    Ranulf frissonna. Il scruta à travers la nef le haut jubé au crucifix austère portant un Sauveur martyrisé. L’ouverture laissait entrevoir les stalles du choeur et un coin doré du grand maître-autel. Corbett resserra son ceinturon et avança dans la pénombre. Ranulf lui emboîta le pas, en prenant garde aux tombes de chaque côté, presque invisibles dans l’obscurité. En dépit de ses efforts pour s’éduquer, se modeler sur son maître et affronter la dure réalité, il était encore poursuivi par les cauchemars et ce qu’il avait vécu dans son enfance. Par des histoires d’armées démoniaques rôdant au crépuscule en quête de proies, et de gargouilles qui, à certains moments, revenaient à la vie et bondissaient sur leurs insouciantes victimes.
    — Maître, interrogea-t-il, que cherchons-nous ?
    — Griskin, répondit Corbett par-dessus son épaule.
    Ranulf se mit à rire.
    — Griskin {5} ? Le porcelet ? Qui est-ce ? Pourquoi ?
    Corbett leva la main, lui intimant le silence. Ils traversèrent la nef et pénétrèrent dans une chapelle sombre. À gauche, en haut de quelques marches, se dressait un petit autel devant lequel on avait placé deux prie-Dieu et, derrière eux, un banc. Bien que l’étroite fenêtre du mur du fond fût garnie de verre, la lumière était faible. Ranulf embrassa du regard les fresques dépeignant la résurrection de Lazare, le Christ guérissant les lépreux, Naamân le Syrien se baignant dans les eaux du Jourdain en obéissance aux ordres d’Élisée.
    Corbett tira son épée et s’assit sur le banc.
    — Griskin ? J’ai fait sa connaissance aux collèges d’Oxford. Nous l’appelions « porcelet » parce qu’il adorait le porc et, pour être

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