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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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lettres que je lui ai écrites en lui donnant des précisions sur notre rencontre céans. Son meurtrier – et je soupçonne que c’est Hubert le Moine – a déposé ce bijou en guise d’avertissement tout en se gaussant de nous.
    Le clerc essaya de maîtriser ses tremblements. Il était transi tout à coup. Cette affaire le dépassait. Il avait souvent l’impression qu’il existait un gouffre entre lui et sa proie, ces criminels, ces coquins, ces hors-la-loi, qu’il pourchassait au nom de la Couronne, mais là, c’était différent.
    — Pourquoi ? demanda Ranulf comme s’il lisait dans les pensées du magistrat. Pourquoi assassiner Griskin ?
    Corbett regarda le crucifix fixé au mur.
    — Pourquoi ? Adam Blackstock a été tué par Paulents et Castledene, mais ils étaient appuyés par Sa Grâce le roi, qui avait mis à leur disposition une compagnie d’arbalétriers, d’archers gallois, et leur avait permis d’user de cartes marines et de facilités portuaires à Londres, à Douvres et dans les cinq ports. Hubert mène une guerre de vengeance ; il ne s’agit pas seulement de trésor perdu, mais de revanche ! Une revanche, déjà accomplie, contre Paulents. Contre Castledene...
    — Et contre la Couronne ? questionna Ranulf.
    Corbett se retourna.
    — En effet, Ranulf. Contre le souverain. J’ai conseillé à Castledene d’être prudent, mais il semblerait que nous soyons aussi vulnérables que lui.
    Le clerc embrassa la chapelle du regard, puis se leva et s’éloigna. Il resta quelques minutes dans la nef à contempler le jubé. Ses lèvres bougeaient en prononçant une prière silencieuse. Le destin de Griskin était son cauchemar : être impliqué dans une ténébreuse histoire secrète jusqu’à ce qu’un jour un poignard ou une flèche sorte en sifflant de l’ombre. Il tenta de contrôler son angoisse. Derrière lui, Ranulf ne quittait pas son maître des yeux.
    — S’il nous pourchasse, pourchassons-le, murmura-t-il.
    Corbett acquiesça, se signa, fit une génuflexion en direction du maître-autel et sortit de l’église.
    Un peu plus tard, alors qu’ils avaient sellé leurs chevaux et s’apprêtaient à quitter la cour bourbeuse de l’écurie, le frère hôtelier arriva en courant.
    — Sir Hugh, haleta-t-il, il y a là une compagnie nommée les Joyeux...
    Corbett se pencha et posa sa main gantée sur l’épaule de l’homme.
    — Vous êtes frère Wolfstan, n’est-ce pas ?
    — Oui, Sir Hugh.
    — Où sont les Joyeux ?
    — Ils campent dans le cimetière près de la route de Langport...
    — Ils sont venus chercher un abri, déclara le magistrat. De grâce, mon frère...
    — Ils ne peuvent rester ici, murmura frère Wolfstan en portant ses doigts aux ongles rongés à ses lèvres minces.
    Son pâle visage anguleux était parcouru de petits frémissements, puis ses yeux larmoyants sourirent.
    — Ah, il y a le vieux presbytère près de l’église St Pancrace. Je suis sûr qu’ils pourraient s’y installer. Notre père abbé sera d’accord, sans nul doute. C’est par là, au sud-est. Je verrai ce que je peux faire et, Sir Hugh, continua-t-il, il y a quelqu’un d’autre.
    Corbett réprima un gémissement.
    — Un lépreux, s’exclama l’hôtelier dont l’haleine chaude flottait dans l’air glacé. Il se fait appeler le Marchand d’âmes et le Gardien du Trésor du Christ. Il a chargé le portier d’Aefleg Gate de vous transmettre ceci : dites à Sir Hugh qu’il passera devant notre maison sur le chemin de Queningate et que j’ai un message... Ah oui, c’est ça, dites-lui que j’ai un message de la part de Griskin.
    Le magistrat n’en demanda pas davantage. Il remercia son hôte, sortit par Theodore Gate et, longeant le haut mur d’enceinte, s’engagea sur la route principale qui menait à Queningate, la grande poterne est de Cantorbéry. La large voie était encore verglacée et des charrettes grinçantes aux roues cloutées de fer se dirigeaient avec lenteur vers les marchés de la ville. Il était un peu plus de midi et les cloches de la cité résonnaient sous le ciel bas, indiquant à tous ceux qui travaillaient qu’il était temps de se reposer, de réciter un Pater et cinq Ave et de déjeuner. Ranulf s’en souvint et frotta son estomac qui gargouillait. Mais « Maître Longue Figure » était tout entier à sa mission et, tant qu’elle ne serait pas accomplie, ils ne se restaureraient point. Ils dépassèrent le carrefour. Sous

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