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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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franc, ajouta-t-il avec un large sourire, aussi à cause de son apparence.
    Il leva les yeux vers Ranulf.
    — Tu ne t’en souviens pas ? Tu l’as rencontré une fois aux Recettes, à l’Échiquier, à Westminster.
    Ranulf acquiesça, bien qu’incapable, dût-il lui en coûter la vie, de se rappeler Griskin.
    — En tout cas, reprit Corbett, Griskin n’était pas très savant en quadrivium, pas plus qu’en trivium {6} .
    Son sourire s’effaça.
    — Et, plus important, ses parents contractèrent la lèpre. Il renonça aux collèges pour s’occuper d’eux. Il ne termina onc ses études. C’est un homme honnête, Ranulf, avec une belle voix, un peu plus haute que la mienne, mais quand nous chantions le Christus vincit...
    Le magistrat hocha la tête et Ranulf étouffa un gémissement. Il ne comprendrait jamais l’amour que son maître portait au chant.
    — Quoi qu’il en soit, les parents de Griskin moururent dans une maladrerie des faubourgs de Londres, et Griskin postula à la Chancellerie. Il devint nuncius, messager. Griskin a un grand talent : c’est un excellent enquêteur.
    Corbett tapa du pied les durs pavés du sol et fixa la croix sur le petit autel.
    — Si quelqu’un peut retrouver quelqu’un, c’est bien Griskin. Quand nous sommes revenus de l’Ouest et que Sa Grâce le roi – le magistrat tenta d’atténuer le sarcasme qui pointait dans sa voix – m’a dépêché à Cantorbéry, il m’a révélé quelques informations sur ce qui s’était passé ici, sur Blackstock et sur Hubert, son demi-frère. Avant de quitter Westminster, j’ai envoyé une lettre à Griskin afin de lui faire part de ce que je savais et lui demander de chercher dans la région au nord de l’Orwell, et ici, à Cantorbéry, toute trace d’Hubert le Moine. Bref, Ranulf, je lui ai dit que je le retrouverais céans aujourd’hui même, entre onze heures et midi, dans la chapelle dédiée à Saint-Lazare. Cela devrait plaire à Griskin. Il a une dévotion particulière pour ce saint à cause de la maladie de ses parents.
    — Il est maintenant entre onze heures et midi, fit observer Ranulf, et il n’est pas encore apparu. Peut-être a-t-il été retardé par la neige ?
    Corbett fit un geste de dénégation.
    — Non. Il m’a confirmé qu’il serait ici. Il tient toujours parole. S’il avait eu un empêchement, il me l’aurait fait savoir.
    Corbett s’apprêtait à se lever quand il tressaillit en montrant l’autel.
    — Ranulf !
    Ce dernier ne vit d’abord pas ce que lui désignait son maître. Puis il l’aperçut : sur la nappe blanche bordée de dentelle, une petite croix d’or pendue à une chaîne d’argent.
    — Jesu Miserere ! souffla Corbett.
    Il écarta brusquement les prie-Dieu, monta les marches d’un bond et s’empara du bijou en le tournant de telle façon qu’il scintilla dans la pauvre lumière.
    — Qu’y a-t-il, Messire ?
    — Cette croix ! La mère de Griskin la lui a donnée quand il a quitté son village du Norfolk pour Oxford. C’était son plus précieux trésor. Il la palpait sans cesse, ne l’enlevait jamais, même lorsqu’il faisait sa toilette, se rasait ou se changeait.
    — Peut-être l’a-t-il déposée en gage ?
    Le magistrat ouvrit son escarcelle et y déposa la chaîne.
    — Non. Cela ne peut signifier qu’une seule chose, Ranulf : Griskin ne sera pas...
    Sa voix mourut. Il revint vers le banc, s’y laissa tomber et plongea son visage dans ses mains afin de calmer sa propre terreur. Un instant, il se revit titubant avec Griskin, dans Turl Street, à Oxford, et chantant à tue-tête. Ils avaient tous les deux rejoint le choeur de l’église St Mary. D’autres souvenirs affluèrent : Griskin, toujours prêt à rire, pétillant d’esprit, savourant sa coupe de clairet et sa tranche de porc rôtie à point et croustillante. Le clerc sentit les larmes lui monter aux yeux. Il savait au fond de lui que Griskin ne se serait jamais séparé de cette chaîne. Sauf s’il était tombé dans une embuscade...
    — Qui l’a tué ? interrogea Ranulf d’une voix rauque.
    Corbett, attendant que ses pleurs se tarissent, gardait la tête dans ses mains, puis il leva les yeux.
    — Facile dictum, facile à dire, Ranulf. Si Griskin recherchait Hubert le Moine, tôt ou tard sa proie l’a découvert. Griskin a été abattu quelque part, soit ici, à Cantorbéry, soit dans le Suffolk. Il avait sans nul doute son escarcelle sur lui et, dans icelle, les

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