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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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produits. Des apprentis accouraient et, voulant retenir l’attention des deux hommes, les tiraient par la manche avant de battre en retraite derrière les grands étals dressés sous d’ondulantes bannes rayées à l’entrée des maisons. Les miséreux réclamaient une aumône et les riches, l’oeil brillant, la lippe vermeille, la peau blanche comme lis, paradaient dans leurs atours de satin et de samit, avec, sur la tête, de courts capuchons à la pointe enroulée autour du cou, sur les épaules des capes de laine, et, autour de la taille, des ceintures aux cabochons d’or et d’argent. Des maréchaux-ferrants maculés de suie, en tablier de cuir, debout devant leur forge, rameutaient les clients. Près d’eux, l’eau bouillait dans les seaux où ils avaient plongé leurs fers rougis. Les épouses des marchands, en coûteuses robes multicolores, fourrées d’hermine et doublées de vair, examinaient les étals et faisaient leurs emplettes. Un jongleur, à la tête tondue enduite de glu et ornée de plumes de canard, musait parmi elles et proposait d’exécuter un saut périlleux. Une vieille femme portant un plateau vantait d’une voix aiguë ses herbes de la nuit qui guérissaient de tous les maux. À ses côtés, un chanteur – un conteur professionnel – expliquait comment à Éphèse les Sept Dormeurs s’étaient tournés sur le flanc gauche, fort mauvais augure qui indiquait que les temps deviendraient plus durs. Des charrettes essayaient de se frayer un passage alors que des bourgeois plus entreprenants tiraient des traîneaux chargés de marchandises. Des chiens aboyaient et jappaient ; un porcelet, que des enfants avaient à dessein enduit de graisse puis relâché, courait en tous sens dans la grand-rue, poursuivi par une légion de ses jeunes bourreaux.
    Ils passèrent devant l’entrée principale de la cathédrale. Ranulf aurait bien voulu entrer, mais Corbett lui répondit qu’ils la visiteraient plus tard. Ils parvinrent dans la vaste cour du Guildhall. Le bâtiment de deux étages, avec son clayonnage rempli de torchis et ses poutres apparentes, reposait sur des fondations de pierre couleur miel. Des valets se précipitèrent pour s’enquérir des raisons de leur visite, mais dès que le magistrat eut montré son cachet, ils se firent obséquieux et proposèrent de s’occuper de leurs chevaux. Quand Ranulf eut réglé l’affaire, ils pénétrèrent dans le Guildhall, tournèrent à droite et gagnèrent la grand-salle, une longue pièce pleine de courants d’air aux portes et aux fenêtres protégées par de lourdes tentures.
    Ils restèrent quelques instants assis sur un banc pendant qu’un sergent énumérait à haute voix les biens laissés par un habitant défunt : « Trois tentures, douze tonneaux, deux baquets, quatre bouteilles, six pots en cuir... » Corbett écoutait monter et retomber la voix sonore. Il aurait pu arguer de son autorité, montrer son sceau, exiger d’être reçu sur-le-champ par le maire, mais il voulait rassembler ses idées et un coup d’oeil jeté à Ranulf lui fit penser qu’il en allait de même pour son serviteur. Ses doigts commencèrent enfin à se dégourdir et il se détendit dans l’ardente chaleur que dégageaient les braseros posés dans chaque coin. Il allait se lever quand un huissier surgit soudain et les appela à grands gestes.
    — Sir Hugh ! Maître Ranulf ! dit-il en haletant. Monseigneur vous présente ses excuses : de grâce, de grâce, suivez-moi.
    Il les précéda dans un escalier et les mena dans une pièce richement meublée, drapée de somptueuses tapisseries d’Arras et réchauffée par des poêlons disposés le long de la large table centrale. Ils avaient à peine ôté leur chape que Sir Walter Castledene entra. Il était vêtu d’un long bliaud pourpre ceint d’une corde argentée ; la chaîne d’or de son office pendait à son cou et il avait enfilé des heusses souples. Rasé, les cheveux huilés, il semblait plus calme, moins agité, qu’au matin. Il salua Corbett et Ranulf et leur désigna les chaires à haut dossier placées devant un brasero de forme particulière ; il était couvert d’un éteignoir conique perforé de petits trous qui permettaient au parfum des herbes dispersées sur les charbons de se diffuser dans la salle. Quand ils furent installés, des serviteurs leur apportèrent des biscuits saupoudrés de safran et du vin chaud et épicé à la forte odeur de cannelle. Après que les

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