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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ce qu’elle supposait être un cadavre dans un sac que traînait Sir Rauf, de la maison au jardin, un soir d’été. Elle haussa les épaules d’une façon charmante en avouant que son défunt mari était un homme impénétrable qui gardait ses pensées par-devers lui et recevait à n’importe quelle heure des visiteurs qu’il emmenait tout de suite dans sa chambre.
    En l’écoutant, Corbett conclut que Sir Rauf était moins un honorable bourgeois qu’un marchand impliqué dans de ténébreuses machinations, qu’il valait mieux cacher aux yeux de tous, y compris ceux de sa femme. Quant à Lechlade, Lady Adelicia le décria tout autant, déclarant avec mépris que c’était un rustaud imbibé de bière, au comportement et aux manières d’ivrogne, qui semblait incapable de voir ce qui se passait autour de lui. Lechlade était le serf de son mari, qui le chargeait de telle ou telle commission, et il n’avait nulle vie personnelle. Peut-être perçut-elle la consternation qu’éprouvait Corbett devant sa situation, car elle se fit plus coquette, plus aguichante, ce qui poussa le clerc à modifier sa manoeuvre.
    — Avez-vous occis votre mari, Lady Adelicia ?
    — Non, que nenni. Je ne le pouvais. On l’a trouvé le crâne éclaté dans une pièce fermée ; lui seul en possédait la clé et il la portait sur lui.
    — Mais ces serviettes trempées de sang dans votre chambre ? Vous et lui étiez les seuls à avoir les clés de cette pièce. Les gardiez-vous quand vous étiez en tête à tête avec Wendover à L’Échiquier de l’espoir ? Berengaria, votre servante, aurait-elle pu s’en empaler ?
    — Sir Hugh, je ne suis point aussi stupide que vous le croyez, ou, en tout cas, que pourrait le croire Berengaria. J’ai commencé à avoir des soupçons sur ses activités pendant que j’étais avec Wendover. J’ai entendu des bruits disant qu’elle rentrait à Sweetmead Manor et j’ai constaté qu’il y avait des marques d’affection entre elle et Sir Rauf. Mais que m’importait ? Pourquoi en aurais-je eu cure ? Berengaria est une friponne ; elle se débrouille comme elle peut, et, étant donné sa vie, je ne peux guère l’en blâmer. Le plus important, c’était qu’elle ne se mêle ni de mes affaires ni de mes actes. Elle n’a pas pris ma clé.
    — Lady Adelicia, le bateau L’Indomptable représente-t-il quelque chose pour vous ?
    — J’en ai ouï parler, Sir Hugh, et j’ai appris ce qui est arrivé à son capitaine, Blackstock, mais rien d’autre.
    — Et le massacre de Maubisson ? s’enquit Corbett.
    — Là encore, simplement des racontars.
    — Et vous vous proclamez tout à fait innocente du trépas de votre époux ?
    — Bien sûr, Sir Hugh. Je devrais être libre. Je proteste contre ma séquestration dans un cachot du Guildhall. Cela ne saurait durer, n’est-ce pas ?
    Le magistrat claqua de la langue.
    — Vous êtes enceinte, Lady Adelicia. Vous étiez naguère une pupille du roi. Je vais vous faire prêter serment. À condition que vous demeuriez dans cette maison sous la garde des vigiles de l’échevinage, vous pouvez rester ici.
    Dans les yeux de la jeune femme, le soulagement fut évident. Sa lèvre inférieure frémit, ses yeux se remplirent de larmes. Elle baissa la tête, les épaules agitées d’un léger tremblement.
    — Je suis innocente, Sir Hugh. J’exécrais mon mari, mais c’est le cas de maintes femmes. Je vous jure que je l’ai point occis.
    Lechlade lui succéda. Il était si soûl qu’il put à peine répéter les mots que prononçait le père Warfeld et qu’il ne cessait de glisser du tabouret. Ranulf, que cela amusait, se mit à pouffer jusqu’à ce que son maître lui lance un coup d’oeil torve. Chanson s’avança et força le bonhomme à prendre une position correcte. Lechlade s’appuya contre la table, bavant sur son menton couvert d’une barbe de plusieurs jours, et jeta un regard larmoyant et peu amène au magistrat.
    — Que voulez-vous au pauvre Lechlade ? bafouilla-t-il. Je n’ai rien fait de mal ! Je n’ai pas toujours été valet, vous savez. J’étais clerc, moi aussi, naguère ; j’avais de l’avenir, mais...
    Il haussa les épaules.
    — ... j’ai travaillé un temps pour Sir Walter Castledene. On m’a chassé parce que je buvais et Sir Rauf m’a engagé. Mes gages étaient maigres, j’avais un galetas pour dormir et il m’envoyait de-ci de-là. Sir Hugh, je passe le plus clair de mes jours à

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