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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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souhaité, un moment, épouser la sœur de la belle comtesse. Être là, au jour du jugement, cela représentait à tout prendre une preuve de courage d’autant plus grande que l’homme semblait fort mal en point. Il avait l’air malade et ses habits râpés suaient la misère. Le nouveau duc d’Orléans, dont Barras avait été un temps le commensal, avait dû se détourner de lui quand le procès de son amie La Motte avait commencé…
    Gilles se promit, l’audience achevée, de le rejoindre afin d’essayer de lui apporter le secours dont il semblait avoir le plus grand besoin puis se disposa à écouter le procureur.
    La chaleur ne cessait d’augmenter. La salle était bondée et le poids du jour commençait à se faire sentir. Au-dehors, le soleil montait dans un ciel pur de tout nuage et la foule, sachant bien que le verdict n’interviendrait qu’en fin de journée, se dispersait un peu, cherchant l’ombre. Les marchands de limonade allaient faire de bonnes affaires.
    Dans la salle, les éventails avaient fait leur apparition mais leur rythme lui-même semblait ralenti, précautionneux comme si l’on craignait de troubler, si peu que ce soit, l’auguste silence tandis que le vieux procureur, un peu nerveux, essuyait ses mains déjà moites à un mouchoir qu’il fourra ensuite dans l’une de ses larges manches. Lui aussi avait chaud…
    Après avoir laissé planer un regard impérieux sur la foule, il décacheta calmement le pli contenant le texte de ses recommandations à la Cour et commença à le lire.
    La première était presque de routine et ne souleva guère d’émotion : il s’agissait de biffer, sur le faux contrat de vente du collier, les mots « Approuvé » répété six fois et la signature « Marie-Antoinette de France ». Elle fut donc adoptée à l’unanimité par les soixante-deux juges présents.
    La deuxième visait le faussaire.
    — Que Marc-Antoine Reteau de Villette soit condamné à être pour la vie banni du royaume de France et ses biens confisqués au profit du roi…
    Il y eut un léger murmure. Pierre-Augustin et Gilles se regardèrent. Le visage du chevalier s’empourpra.
    — L’exil ? Le bannissement pour un coquin qui méritait la corde ? Par le Dieu tout-puissant…
    — Chut !… souffla Beaumarchais. Songez à qui vous êtes ! Mais j’avoue que c’est inquiétant. Ou bien la reine est moins blanche qu’elle ne veut bien le dire ou bien le Parlement passe outre les ordres du roi et cela risque d’être grave.
    Bouillant de colère impuissante, Tournemine dut écouter le vote oral des juges : la recommandation était acceptée à l’unanimité.
    — Alors, c’est moi qui ferai justice ! gronda-t-il entre ses dents.
    — Vous ferez ce que voudra le roi, intima Pierre-Augustin qui avait entendu. Vous lui appartenez toujours. Voyons la suite.
    La troisième recommandation demandait l’acquittement de la belle Oliva en raison de l’insuffisance des preuves. Elle subirait seulement une réprimande. Ce fut le troisième vote à l’unanimité.
    La quatrième touchait Cagliostro. Joly de Fleury demandait qu’il soit acquitté sans réprimande et entièrement disculpé. Il eut satisfaction à l’unanimité.
    — Je ne vois pas ce que l’on pouvait faire d’autre ! grogna Gilles, en haussant les épaules. Il n’est absolument pour rien dans le vol. Ces gens ont peut-être, après tout, quelque idée de la justice.
    La salle commençait à s’ennuyer. Tout cela était un peu terne mais l’intérêt se réveilla bientôt : le procureur en venait aux principaux coupables.
    « Que Marc-Antoine de La Motte soit condamné par contumace à être battu et fouetté nu avec des verges ; à être marqué au fer rouge, sur l’épaule droite, des lettres GAL par l’exécuteur public ; à être conduit aux galères où il sera captif à perpétuité au service du roi ; que tous les biens dudit La Motte soient confisqués au profit du roi. En raison de la contumace dudit La Motte cette sentence sera portée sur un écriteau que l’on fixera à un poteau sur la place de Grève. »
    — Comme ce misérable doit être à Londres avec les morceaux du collier, il n’aura guère à souffrir de tout cela, fit Gilles. Cela m’étonnerait qu’il vienne réclamer sa part de justice. À moins que les Anglais ne nous le renvoient…
    — Jamais de la vie ! Vous n’imaginez pas le nid d’espions, de rebelles, de contumaces et de mécontents

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