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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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le bâtiment principal était précédé d’un portique central à quatre colonnes ioniques encadré de balustres.
    Par les portes-fenêtres ouvertes, on pouvait apercevoir un grand salon vert amande blanc et or, un autre entièrement revêtu de laques chinoises noires et or et un large vestibule décoré de grisailles en trompe-l’œil représentant des vases, des statues et des amours d’où partait l’élégante spirale d’un escalier de marbre rose. De grands vases d’albâtre contenaient mal des brassées de roses couleur d’aurore.
    Une foule chatoyante, presque uniquement masculine d’ailleurs, évoluait lentement dans ce cadre raffiné au son d’une musique si douce qu’elle en devenait aérienne. De loin en loin, tout de même, apparaissait une haute coiffure féminine chargée de fleurs ou de plumes.
    Rapidement, Gilles gravit les quelques marches basses qui menaient à ce vestibule devant lequel veillaient deux Suisses dont la livrée vert amande galonnée d’argent dissimulait mal l’exceptionnelle vigueur et les muscles noueux. Ces deux molosses devaient être là pour veiller au bon ordre de la maison et la débarrasser discrètement des joueurs de mauvaise foi si d’aventure il s’en présentait. Et comme leur œil, naturellement soupçonneux, se posait sur lui, Gilles, sans plus attendre, déclina ses noms et qualités ainsi que sa situation d’ami de l’amiral John Paul-Jones qui avait dû l’annoncer.
    — Monsieur est en effet attendu, grogna l’un d’eux sans s’encombrer d’une grâce superflue. Il peut entrer…
    Il entra donc, aperçut, sur sa gauche, une salle à manger dallée de marbre blanc et rose, ornée de panneaux peints, de corniches de staff et de frises à palmettes et, entre deux fenêtres, d’une niche enfermant une statue de Ganymède. Quelques hommes et deux femmes s’y restauraient devant de grands buffets garnis de pyramides de fruits et de pâtisseries. Mais Paul-Jones ne faisait pas partie des mangeurs.
    Il l’aperçut quand il pénétra dans le grand salon vert où plusieurs tables de jeu étaient disposées. Il se tenait debout près de l’une des fenêtres du fond, penché, tout charme allumé, vers une gracieuse chaise longue sur laquelle une femme éblouissante se tenait à demi étendue au milieu de plusieurs hommes qui ressemblaient à des croyants en adoration devant une divinité.
    La femme ressemblait à un rêve car elle ne ressemblait à aucune autre mais sa vue, comme celle de Méduse, rejeta brutalement Gilles, les tempes battantes et le cœur en déroute, contre le chambranle de la double porte auquel il dut s’appuyer un instant pour ne pas tomber, le dos tourné au salon.
    Le vestibule était vide et nul ne remarqua son malaise. Il resta là un moment, les yeux fermés, cherchant à calmer les battements désordonnés de son cœur. Sentant la sueur couler de son front, il chercha son mouchoir, s’en tamponna le visage.
    — Monsieur est souffrant ? fit auprès de lui une voix obséquieuse. La chaleur peut-être ?…
    Rouvrant les yeux il aperçut un valet portant un plateau chargé de verres. Il prit l’un de ces verres, l’avala d’un trait sans même goûter ce qu’il contenait. C’était du rhum dont la force lui rendit rapidement la sienne.
    — La chaleur, en effet ! dit-il enfin. Merci, mon ami. Cela va mieux…
    L’homme s’inclina et s’éloigna. Alors, faisant effort sur lui-même, Gilles revint à l’entrée du salon avec l’obscure répugnance de celui qui vient de faire un cauchemar et qui craint de se rendormir. Mais le tableau était toujours le même à cette différence près que Paul-Jones, à présent, baisait dévotement les doigts de son hôtesse.
    Qu’elle était belle, bon Dieu !… Le noir mat de sa robe, décolletée à la limite de l’indécence, faisait chanter sa carnation éclatante, l’éclat satiné de ses seins découverts jusqu’à leurs pointes roses, de ses épaules nues sur lesquelles croulait la masse fauve, à peine retenue par un simple ruban noir, de ses longs cheveux sans poudre. Pas une fleur, pas une plume, pas un ornement sinon la beauté insoutenable de cette femme et, contre la douce colonne de son long cou gracieux, l’éclair tremblant de fabuleuses girandoles de diamant longues d’une main…
    Envahi d’une soudaine envie de meurtre, Gilles, les yeux fixés sur la bouche tendre qui souriait à d’autres, allait s’élancer sans savoir ce qu’il allait faire

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