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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vivants sur une expression de doute tandis qu’il se déplaçait avec vivacité toujours mais peut-être moins de légèreté afin de se protéger de ce dard à mille têtes qui le menaçait.
    Rompant pour esquiver, le prince trébucha sur une légère irrégularité du terrain, motte d’herbe ou pierre, faillit tomber ; au prix d’un miracle musculaire il parvint à reprendre son équilibre mais la très petite seconde d’inattention qu’il avait eue était déjà exploitée par Gilles qui se ruait une fois encore à l’assaut. Emportée par l’élan du chevalier, sa lame s’enfonça profondément dans la poitrine du prince…
    Réalisant ce qui venait de se passer, il l’en retira immédiatement. Son adversaire, les yeux agrandis par une immense stupeur, semblait figé sur place. Lâchant son épée, il porta la main à sa blessure tandis que ses jambes fléchissaient lentement. Sa bouche s’ouvrit laissant couler un filet de sang. Ses yeux se fermèrent et il s’abattit sur le tapis d’herbe aux pieds mêmes des témoins et du docteur qui accouraient. Celui-ci s’était jeté à genoux et procédait à un premier examen tandis que Gilles, froidement, essuyait la lame de son épée avant de la remettre au fourreau.
    — Est-il mort ? demanda-t-il.
    Le médecin releva vers lui un regard assombri.
    — Non, il vit. Mais j’ignore pour combien de temps encore.
    — On va le transporter chez moi, dit Mme de Balbi qui avait déjà envoyé l’un des valets porteurs de lanternes faire préparer un appartement et chercher une civière. Si vous voulez bien me suivre, messieurs, vous pourrez prendre quelques rafraîchissements tout en rédigeant le procès-verbal du combat.
    Pour la première fois, alors, le témoin de Caramanico, le comte Cavalcanti, fit entendre sa voix, une voix assez désagréable d’ailleurs et que la mélodie de l’accent napolitain ne parvenait pas à rendre séduisante.
    — Autant vous le dire tout de suite, messieurs, je ne saurais signer quelque procès-verbal que ce soit. Le combat n’a pas été régulier.
    — Pas régulier ? s’écria Paul-Jones. Où prenez-vous cela ?
    — Le prince a été frappé à terre. En le voyant trébucher, monsieur aurait dû baisser son arme et attendre qu’il retrouve son équilibre. Il aurait dû…
    Il n’alla pas plus loin. Brûlant de colère, Gilles l’avait empoigné par le col de son habit et le soulevait de terre pour amener sa figure à la hauteur de la sienne.
    — J’aurais dû ?… Vraiment ? Si quelqu’un a mené ce combat irrégulièrement c’est bien votre précieux prince dont les attaques ont été, la plupart du temps, contraires à toutes les lois du duel. S’il m’avait embroché de dos, comme il a failli le faire, vous n’auriez pas trouvé cela irrégulier, n’est-il pas vrai ?
    — Laissez… laissez-moi ! Vous… vous m’étranglez !
    — Ne me tentez pas ! Mais peut-être préférez-vous que nous achevions ce différend l’épée à la main ? Pendant que j’y suis…
    Il l’abandonna au docteur Marchais et à Paul-Jones qui s’étaient précipités pour le lui ôter des mains puis le regarda, goguenard, se frotter la gorge en roulant des yeux furieux.
    — Eh bien ? Nous battons-nous ?…
    — Je… je ne me bats pas… avec des gens de votre espèce…
    — Monsieur, intervint Paul-Jones sévèrement, le duel a été parfaitement régulier de la part du capitaine Vaughan. Je n’en dirais pas autant de votre ministre. Aussi, je vous avertis que nous allons, le docteur et moi, établir le procès-verbal que nous signerons.
    — Et que je signerai aussi, dit Anne, au nom de mon époux.
    — Merci, madame. Quant à vous, que vous le signiez ou non n’a que peu d’importance. Sachez seulement que j’aurais plaisir à vous couper les oreilles si vous vous avisiez de le contester.
    — Oh, je signerai, je signerai !… De toute façon, ajouta-t-il en ricanant, le prince sera vengé s’il meurt. Les Siciliens n’acceptent pas que l’on tue leurs maîtres et où que vous alliez, capitaine Vaughan, vous serez en danger…
    — Vous me terrifiez ! fit-il avec un froid sourire. Puis-je néanmoins suggérer que vous preniez quelques informations sur les règles et devoirs qui régissent le duel en France, et dans la majorité des pays civilisés d’ailleurs, auprès du tribunal des maréchaux de France ? Il semblerait que vos connaissances siciliennes soient fort incomplètes

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