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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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marché, prit dans les fontes la paire de pistolets tout armés qu’il y gardait toujours en cas de besoin et s’assurant que son épée jouait bien dans son fourreau, il prit sa course vers sa maison sans faire plus de bruit qu’un chat. Les gens qui l’envahissaient ainsi ne devaient guère être animés de bonnes intentions et, en dehors du concierge dont la bravoure n’avait rien de légendaire, il n’y avait au logis que Pongo et le chat adopté par lui depuis deux mois.
    — Caramanico doit être mort, songea Gilles inquiet sur le sort de son fidèle compagnon qui, en dépit de son courage, ne pouvait affronter seul une dizaine d’assassins. C’était là, à n’en pas douter, une manifestation de l’étrange fraternité sicilienne dont avait parlé Paul-Jones et qui ne reconnaissait ni les simples lois de l’humanité, ni les codes d’honneur habituels pour ne prendre en considération que les torts faits à l’un de ses membres même s’il en était le premier responsable.
    Un pistolet à chaque poing, il poussa du pied le lourd vantail de la porte que les inconnus n’avaient pas refermé, sans doute pour éviter le bruit et pour se ménager une retraite plus rapide, et jura entre ses dents. Les misérables travaillaient vite : le malheureux concierge gisait, face contre terre, au milieu de sa loge, un couteau planté entre les deux épaules. Ils travaillaient bien aussi : la victime n’avait pas poussé le moindre cri. Gilles l’eût entendu.
    Quatre à quatre mais toujours silencieusement, il escalada l’escalier de pierre, vit que la porte de son appartement était, elle aussi, ouverte. L’antichambre était vide, le salon également mais le jeune homme poussa un soupir de soulagement en percevant, dans la bibliothèque, une voix autoritaire, pourvue d’un violent accent méditerranéen qui interrogeait :
    — Ton maître ! Où il est ?…
    Puis la voix paisible de Pongo :
    — Moi pas savoir !… maître sorti.
    — Oui, mais où ? Quand va-t-il rentrer ?
    S’approchant doucement, Gilles vit Pongo debout entre la cheminée et la petite table sur laquelle il devait être en train de disposer un en-cas comme il avait coutume de le faire lorsque Tournemine ne rentrait pas dîner. Un homme masqué de noir, vêtu de noir, un chapeau pointu de bandit calabrais enfoncé jusqu’aux sourcils le menaçait d’un couteau appuyé sur sa gorge tandis que deux autres, qui semblaient la fidèle copie du premier, maintenaient l’Indien immobile. D’autres encore, six en tout, formés en demi-cercle, regardaient la scène.
    — Tu ne veux pas répondre ? reprit l’homme au couteau.
    — Ça servir à quoi si moi dire maître ici ou là ? Lui pas tout me dire. Lui absent, c’est tout !
    — Parfait. Eh bien, on va l’attendre. Vous autres, vous allez enlever le corps du concierge pour qu’il ne se doute de rien mais toi, l’indigène, je vais te tuer doucement… tout doucement, histoire de passer le temps, de charmer les longueurs de l’attente…
    — Tu n’auras guère le temps de t’ennuyer…
    Gilles venait de s’encadrer dans la porte. Les deux pistolets avaient simultanément craché la mort. L’homme au couteau, qui devait être le chef, s’écroulait dans sa grande cape noire et avec lui l’un des deux qui tenaient Pongo. Rapide comme l’éclair, celui-ci abattait l’autre d’un maître coup de poing puis bondissant vers une panoplie d’armes qui ornait l’un des murs, en arrachait un sabre d’abordage. Un furieux moulinet décolla à moitié la tête d’un des assaillants qui, tirant leurs épées, formaient autour de Gilles un cercle menaçant.
    Le jeune homme, ses deux coups lâchés, avait laissé tomber ses pistolets, arraché son épée du fourreau et ferraillait contre la meute, ce qui n’était pas facile car ils étaient cinq et semblaient savoir tenir une épée. L’un d’eux s’écroula, la gorge transpercée, avec un affreux gargouillement. Pongo tomba comme la foudre sur deux des quatre restant encore. Contre son sabre, les épées n’avaient pas la partie belle mais l’Indien, comme Gilles lui-même, avait affaire chacun à deux adversaires, ce qui n’était d’ailleurs pas pour leur déplaire.
    — Ça commence à être amusant ! cria Gilles. Tu n’es pas blessé ?
    — Non. Pongo pas blessé… mais lui mort ! ajouta-t-il en enfonçant son arme dans le corps d’un de ses adversaires au moment précis où Gilles embrochait

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