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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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rue du Bac avait retrouvé sa tranquillité habituelle.
    Alors, tandis que Pongo procédait à la confection des bagages, Gilles alla s’enfermer dans son cabinet de bains avec un pot d’eau chaude qu’il était allé prendre à la cuisine, prit ses rasoirs et entreprit de libérer son visage de la barbe qui l’avait si bien dissimulé durant plusieurs mois. Il ôta également la fausse cicatrice qui lui tirait la lèvre, les faux sourcils noirs, si habilement faits qu’ils lui faisaient des arcades proéminentes et enfonçaient d’autant les yeux dans l’orbite.
    À voir peu à peu reparaître dans le miroir sa figure d’autrefois, il éprouva une joie inattendue, proche voisine de celle que l’on éprouve en glissant dans de vieilles et amicales pantoufles des pieds longtemps comprimés dans des bottes un peu étroites.
    Restaient ses cheveux teints en brun très foncé mais coupés assez court, à la mode de la Nouvelle-Angleterre. Il hésita un instant à les raser entièrement mais, constatant que des racines plus claires apparaissaient, il se contenta de les couper plus court encore, obtint une sorte de brosse à pointes foncées qu’il suffirait de recouper bientôt puis, allant chercher l’une de ses anciennes perruques d’uniforme, il l’ajusta soigneusement et se retrouva Gilles de Tournemine des pieds à la tête. John Vaughan venait de disparaître totalement.
    Peut-être pas définitivement d’ailleurs car ce camouflage pouvant se révéler encore utile, le chevalier rangea soigneusement dans un sac les divers objets et ingrédients qui avaient permis à Préville de le faire naître.
    Ceci fait, il se rhabilla, enfila une chemise propre, mit des culottes collantes noires, boutonna jusqu’au ras du cou un long gilet de même couleur sur lequel il boucla la ceinture supportant sa meilleure épée, celle que jadis lui avait donnée Axel de Fersen et endossa un habit de fin drap gris anthracite. Pour ce qu’il voulait faire à présent, mieux valait être aussi peu visible que possible.
    Enfonçant sur sa tête un tricorne dépourvu de tout ornement, il acheva de ranger dans son sac tous les objets personnels qui se trouvaient dans sa chambre, prit un grand manteau de cheval et alla rejoindre Pongo qui, débarrassé lui aussi de ses blancheurs orientales, avait repris le sombre costume européen que, cependant, il n’aimait guère. Il accueillit son maître avec un large sourire.
    — Toi redevenu seigneur Gerfaut ! déclara-t-il. Moi content !
    Avec stupeur, Gilles considéra la pile de sacs et de malles qui encombraient l’antichambre et sur laquelle trônait un panier d’où sortaient des miaulements plaintifs.
    — Qu’est-ce que c’est que tout ça ?
    — Affaires personnelles ! Linge, habits, belles choses en argent… Nous très riches ! fit Pongo visiblement enchanté.
    — Et comment comptes-tu emporter tout cela ?
    — Pongo prendre charrette du jardinier, atteler propre cheval et aller comme ça jusque chez demoiselle « Aimable Cigogne » avec toi…
    Gilles se mit à rire.
    — Tu as réponse à tout. Seulement tu vas aller à Versailles tout seul.
    Les yeux de Pongo se changèrent en deux points d’interrogation mais il fronça les sourcils.
    — Où toi aller ? fit-il soupçonneux. Encore faire sottises ?
    — J’espère que non, fit le jeune homme avec un soupir. Je vais suivre ton conseil, mon ami : je vais voir ce qu’il reste de ma femme dans cette catin qui se fait appeler Mme de Kernoa. Viens, je vais t’aider à charger ta charrette. Ensuite, je fermerai la maison…
    Un quart d’heure plus tard c’était chose faite et, l’un sur sa charrette, l’autre sur son cheval, Pongo et Gilles commençaient à descendre la rue du Bac en direction de la Seine. Le temps était le même que lors du retour de Gilles. L’orage semblait tourner autour de Paris sans se décider à éclater. Il s’éloignait, cependant, car les coups de tonnerre étaient plus sourds, plus espacés aussi et le vent s’était un peu calmé. La rue, d’ailleurs, avait retrouvé son éclairage, grâce très certainement aux bons soins de la patrouille.
    Comme Tournemine atteignait l’angle de la rue de l’Université, une voiture en sortit et s’arrêta devant la porte de la maison qui formait cet angle, une belle demeure datant du siècle précédent. Un homme et une femme en descendirent.
    Très belle, très gaie aussi, la femme était célèbre et Gilles la

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