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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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des fleurs de plein vent. Il y avait en elle quelque chose évoquant irrésistiblement la noblesse naturelle de son grand-père, sa haute silhouette hautaine et fière.
    La jeune fille dont le regard, un instant, avait croisé celui de Gilles, se détournait à présent en rougissant un peu et s’en allait aider le prêtre à se débarrasser de sa cape tandis qu’il s’approchait d’un grand coffre sur lequel étaient disposés des chandelles, un crucifix et une tasse d’eau dans laquelle trempait un brin de buis. Incapables de se détacher de cette fière silhouette, les yeux de Tournemine l’avaient suivie et il s’entendit murmurer :
    — Comme elle est belle !
    — Eh oui, soupira Pierre, et c’est un grand malheur ! Pareille beauté ne vaut rien pour une fille pauvre. Ma mère voudrait qu’elle entre en religion mais grand-père ne voulait pas entendre parler de s’en séparer. À présent…
    Ils parlaient tout bas mais leur chuchotement attira l’attention du prêtre qui leur jeta un coup d’œil sévère.
    — Ce n’est pas l’heure des conversations et si M. de Tournemine voulait bien…
    Il dut s’interrompre. Une sorte de râle jaillissait du fond du lit clos à la porte duquel vint s’agripper une grande main décharnée.
    — Monsieur de… Ah !… À moi ! À moi…
    Gilles se précipita avec Pierre, trouva le moribond faisant de terribles efforts pour se redresser, pour échapper à ce lit où la mort, déjà, le pétrifiait. Ses longs doigts osseux, crochés dans les ajourages de châtaignier, tentaient désespérément de tirer son buste trop lourd pour leur faiblesse.
    — Mon père ! gémit Pierre, vous vous faites mal…
    Mais déjà, Joël Gauthier avait reconnu Tournemine et, relâchant son effort, se laissait aller de nouveau sur son oreiller de balle d’avoine cependant qu’une joie soudaine détendait ses traits crispés.
    — Vous êtes… venu ! Dieu… soit béni !
    — Dès que j’ai reçu votre lettre, je suis venu, dit Gilles avec douceur en prenant l’une des mains qui s’étaient reposées sur le drap de chanvre à peine roui…
    — Je suis heureux… j’avais tant prié… pour avoir le temps. Écoutez… car mes forces s’en vont…
    Mais une main s’était posée sur l’épaule de Gilles.
    — Veuillez me faire place, monsieur. Je dois entendre cet homme en confession avant de l’administrer. Écartez-vous et vous reviendrez ensuite…
    — Non !… Non ! Il faut… qu’il reste !
    C’était le vieux Joël qui avait presque crié ces quelques mots. Et comme le prêtre, choqué, s’exclamait que Dieu devait passer en premier, l’agonisant reprit :
    — Je vous supplie… de pardonner à un vieil homme, monsieur le prieur du Saint-Esprit. Vous avez daigné vous déranger vous-même…
    — Bien entendu ! L’abbé Rhedon, mon curé, a pris une mauvaise fièvre… et puis j’y tenais car je vous estime, Joël Gauthier…
    — Alors… si vous m’estimez, monsieur le prieur, permettez que Dieu attende… juste un instant ! Je dois… vous entendez… je dois parler au chevalier ! Et je sens… la mort qui approche.
    — Mais enfin, si elle vous prend avant que vous ne soyez confessé ? Songez au salut de votre âme !
    — Mon âme ?… Elle sera… oh … je souffre ! … Elle sera plus en danger si je ne préfère… pas mon devoir, même à mon salut ! Un instant… juste un instant !
    Impressionné par l’autorité qui émanait encore de ce corps exténué, par cette voix qui n’était plus qu’un souffle et qui cependant ordonnait plus qu’elle ne suppliait, le prieur du Saint-Esprit s’éloigna, rendant à Gilles la place et se contentant d’un :
    — Faites vite !
    Le jeune homme se pencha de nouveau sur le moribond dont la main tâtonnait, cherchant son bras pour l’attirer plus près, encore plus près jusqu’à ce que son oreille fût proche de la bouche desséchée.
    — Je… je sais où il est ! souffla le vieillard avec une inexprimable nuance de triomphe.
    — Où est quoi ?…
    — Le… trésor ! Le trésor de l’ambassadeur… de Raoul… Je sais vous dis-je ! A… attendez !
    Quittant le bras de Gilles sa main tâtonna vers le mur, plongea derrière la paillasse et revint tenant un petit paquet fermé d’une croix de cire rouge qu’il laissa tomber sur son estomac.
    — Prenez ! Cachez… cela ! J’ai écrit… tout ce que… je sais ! Allez… le chercher ! Sauvez… le

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