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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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balustrade plantée d’ormeaux, sa tour de la Découverte haute de plus de cent pieds et le noble ordonnancement de ses bâtiments administratifs, de sa maison des ventes et de son puissant arsenal où s’allongeaient les longs canons de bronze ciselé.
    La mort de la Compagnie avait endormi Lorient et elle s’était réveillée, comme une belle au Bois Dormant, quand le drapeau de la nouvelle Compagnie des Indes avait été hissé au mât de l’Enclos remis à neuf. Depuis, s’y entassaient de nouveau tous les métiers de la mer, les voiliers, les cordiers, les poulieurs, les shipchandlers, les marchands d’habits et d’instruments de précision, les commerçants de toutes sortes mêlés aux fonctionnaires, aux officiers, aux armateurs et aux constructeurs de navires.
    À cette heure déjà tardive on déchargeait encore. Un lourd navire arrivé la veille de Saint-Domingue chargé à ras bords de sucre, de mélasse, de café et d’indigo laissait couler jusqu’à la terre bretonne la richesse de ses entrailles. Plus loin, des gabarres déchargeaient du bois de charpente et des blocs de pierre et une galiote venue de Curaçao apportait des teintures.
    Gilles s’attarda un instant à contempler ce spectacle qu’il jugeait réconfortant puis quitta le quai pour prendre une rue étroite qui conduisait à l’entrée arrière des entrepôts Besné, les grandes portes donnant sur le port étant déjà soigneusement bouclées.
    Cette rue n’en était pas vraiment une mais un cul-de-sac ouvert entre l’entrepôt et une auberge d’assez mauvaise réputation et sans autre sortie que le passage voûté donnant sur le quai. C’était sur ce passage que s’ouvrait la porte de l’auberge, porte basse, enfoncée de quelques marches dans le sol.
    Quand le chevalier s’avança dans l’ombre plus dense du passage, il ne remarqua pas deux silhouettes tapies sur les marches et continua son chemin vers l’entrée des magasins. Mais le sens inné qu’il avait du danger le fit se retourner brusquement et il aperçut, dessinées sur le fond plus clair du port, deux formes noires armées de gourdins.
    Sa main chercha la garde de son épée avant de se souvenir qu’il n’était armé que de deux bouteilles. Le plus grand des malandrins tapota contre sa paume son instrument de persuasion et Gilles, fixant son regard sur le gourdin, fit semblant de reculer de crainte sachant bien que, par ce geste, le drôle cherchait à détourner son attention du comportement de son compagnon qui était en train de passer subrepticement sur sa gauche dans l’intention de l’assommer par-derrière.
    Instantanément, Gilles fut prêt. Tandis que l’une des bouteilles partait comme un projectile en direction du plus grand, il tomba sur un genou au moment où son second ennemi le chargeait par-derrière afin de recevoir l’attaque. Le gourdin était levé pour retomber sur lui. Il pivota vivement sur son genou, passa sous le bâton, fit trébucher son adversaire et, le saisissant aux chevilles au prix d’un effort herculéen le fit tournoyer pour l’envoyer tête première dans l’estomac de son compagnon.
    Malheureusement, son effort fait, il dut s’accroupir de nouveau pour retrouver son équilibre et s’entama la main sur l’un des débris de verre laissés par la bouteille. Cela donna aux deux autres le temps de se relever et bientôt ils se dressèrent en face de lui plus menaçants qu’auparavant.
    — À moi ! cria Gilles sans grand espoir d’être entendu. À l’aide !
    Ce fut au moment précis où les deux malandrins s’élançaient sur lui avec un grognement de triomphe que, sortis on ne savait d’où, trois hommes leur tombèrent dessus par-derrière et les maîtrisèrent en un rien de temps. En même temps, la porte de l’auberge ouverte (les trois hommes devaient en venir) apporta quelque lumière à une situation qui en manquait singulièrement. Gilles occupé à envelopper sa main blessée dans sa cravate vivement arrachée de son cou vit que l’un de ses agresseurs gisait à terre sans connaissance, proprement assommé tandis que l’autre se débattait aux mains de deux solides gaillards vêtus comme des valets de maison bourgeoise.
    Le troisième de ses sauveteurs, un homme de taille moyenne emballé jusqu’aux yeux dans un grand manteau noir rejoignant presque le bord du chapeau enfoncé jusqu’aux sourcils, considérait sa prise avec une satisfaction certaine après avoir écouté ce que lui

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