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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’en abuseras pas…
    — N’en sois pas trop sûr !
    — Si. Demain soir, je m’arrangerai pour voir la reine.
    — Merci ! dit Gilles seulement. Je n’en demande pas davantage…
    Mais, emporté par sa bonne volonté, Axel de Fersen avait fait preuve d’une assurance excessive en promettant de voir Marie-Antoinette dès le lendemain soir. Cela tenait à son ignorance totale de ce que pouvait être la vie à Fontainebleau lorsque le roi, la reine et toute la Cour y venaient pour les chasses d’automne.
    La petite ville de quelques centaines d’habitants autochtones, élevée dans une plaine sablonneuse sertie dans la grande forêt rocheuse auprès d’un château trois fois plus gros qu’elle, devait s’étirer suffisamment pour accueillir une énorme foule lorsque le tout-Versailles se déversait sur elle. Évidemment, les princes et les grands du royaume y possédaient presque tous une maison ou un hôtel.
    Tout cela avait été construit à la suite du grand incendie qui, au début du siècle, avait ravagé la majeure partie de la cité qui n’était alors qu’une sorte de faubourg de sa voisine, Avon. Mais, depuis un an, le roi Louis XVI qui aimait beaucoup Fontainebleau en avait fait une ville à part entière en la dotant d’une administration municipale.
    Reconnaissants, les gens de Fontainebleau se donnaient beaucoup de mal pour loger convenablement toute la suite d’un si bon roi et il n’était pas de maison qui n’accueillît un ou plusieurs courtisans dont le nom, d’ailleurs, était écrit à la craie sur la porte. Les appartements du château, en effet, en dépit du bâtiment édifié par Louis XVI le long de la galerie François I er , étaient notoirement insuffisants et comme, en outre, ils étaient totalement vides de meubles, chacun de ceux qui avaient l’honneur de se les voir attribuer avait aussi l’obligation de se procurer le mobilier, ce qui faisait le bonheur de quelques tapissiers parisiens, pratiquant la location et qui avaient eu le bon esprit d’ouvrir une succursale dans la ville.
    Tout cela créait une agitation telle que personne ne fit pratiquement attention aux trois cavaliers – Gilles, Tim et Fersen – qui pénétrèrent dans la ville vers le milieu de l’après-midi, environ une heure après l’arrivée de la reine elle-même. Ce n’était partout qu’allées et venues de chevaux, de voitures, de charrettes, de valets et de servantes, sans compter tous ceux qui, dans l’espoir d’approcher la Cour, avaient pris d’assaut hôtels et auberges dans lesquels il était devenu impossible de trouver la moindre chambre.
    — Quel maudit entêtement vous a poussés à vouloir m’accompagner à tout prix ! grogna le Suédois en jetant un regard mécontent à ses deux compagnons. Moi, je peux toujours trouver à me loger. Il y a ici cent personnes qui m’accueilleront. Mais vous ?
    — Ni Tim ni moi ne craignons une nuit passée à la belle étoile, fit Tournemine calmement. Dis-nous seulement où tu désires que nous t’attendions et où tu nous rejoindras après l’entrevue…
    — Mais essaie donc de comprendre qu’en te promettant de voir qui tu sais ce soir, je crains à présent de t’avoir fait une promesse de Gascon. Je n’aurais pas imaginé qu’un séjour « à la campagne » puisse se traduire par cette indescriptible foire. Pourquoi ne pas retourner m’attendre à Melun ?…
    — Ne revenons pas là-dessus. Je veux n’attendre que le moins possible, je veux être fixé tout de suite. Rien ne s’opposait à ce que nous venions ici ensemble puisque, tu l’as dit toi-même, je suis méconnaissable.
    Le Suédois lança à son ami un regard à la fois inquiet et vaguement rancunier. En quittant l’auberge de Saint-Germain, Gilles avait, en effet, repris le visage et l’allure de John Vaughan, avec une facilité qui l’avait étonné lui-même et confondu Tim. Quelques gestes précis lui avaient suffi pour disparaître derrière le masque composé par Préville. Cela avait été l’affaire de très peu d’instants. Mais, à ce nouveau visage, Fersen, apparemment, avait du mal à se faire.
    — Tu ferais mieux d’avouer que tu n’as pas confiance en moi, maugréa-t-il. Tu crains que je ne t’aie fait cette promesse que pour me débarrasser de toi, n’est-ce pas ?
    Le chevalier haussa les épaules.
    — Tu ne devrais même pas avoir eu cette idée, Axel. Sur mon honneur, elle ne m’a pas effleuré car j’ai

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