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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’une façon… abominable. Elle lui a dit…
    — Ne te fatigue pas ! interrompit Gilles. Je sais tout ça. Je suis arrivé juste à temps pour la voir partir, couverte de liens dans une voiture encadrée d’une douzaine de soldats. C’est d’elle que je viens te parler.
    — En voilà une idée ! Pourquoi ?
    — Parce que c’est ma femme !
    Le silence qui suit les grandes catastrophes s’abattit sur le paisible salon. Fersen avait eu un haut-le-corps et, à présent, il regardait son ami comme s’il était fou ou pris de boisson.
    — Qu’as-tu dit ?
    — Tu as très bien entendu. J’ai dit que cette jeune femme est la mienne, qu’elle se nomme, devant Dieu et les hommes, Judith de Tournemine. Ma femme, tu entends, qui me croit mort à cause de la reine, ma femme qui sous le nom de Julie de Latour a été pendant une longue période lectrice de la comtesse de Provence, ma femme, que sa haine et son désespoir ont faite le docile instrument des ambitions criminelles de Monsieur. Ma femme que j’aime… et que tu vas sauver !
    La stupeur, un instant, amena le silence de Fersen, mais il réagit vite :
    — La sauver ? C’est impossible ! Tu n’as pas vu le visage épouvanté de la reine tandis qu’elle contemplait cette folle qui la couvrait d’insultes. Tu n’as pas entendu son cri d’horreur ?
    — Non, mais j’ai vu le visage blessé de Judith que des brutes ont malmenée, j’ai vu son regard morne, fixe, presque halluciné…
    — Que peut espérer d’autre une régicide ? Des sourires, des fleurs, des caresses ?
    — Où as-tu pris quelle fût régicide ? Elle l’eût été sans doute si je ne t’avais permis de sauver, cette nuit, la reine de France. Sans moi, à cette heure, Louis XVI n’aurait plus ni femme ni enfants et dans plus d’une famille on pleurerait des morts. Ceci me donne, je crois, le droit d’exiger…
    — Exiger ? Quel mot !
    — Je le répète : exiger que l’on ne me tue pas la femme que j’aime, qui se croit ma veuve et qui porte mon nom. J’ai le droit d’exiger que l’on ne me déshonore pas ! Demain, tu iras à Fontainebleau et tu verras la reine !…
    Fersen, l’air accablé, se laissa tomber dans un fauteuil et passa sur son front une main qui tremblait.
    — Cela aussi c’est impossible ! Je ne peux pas aller à Fontainebleau. Essaie de comprendre. On m’a défendu d’y paraître et je ne suis même pas censé me trouver dans la région.
    — Vraiment ? Comment as-tu fait, alors, ce matin, quand tu es monté sur ce damné bateau ?
    — Je n’ai vu que Mme Campan. Elle est de celles qui savent se taire.
    — Eh bien, va revoir Mme Campan ! Ou bien préfères-tu que j’y aille moi-même et que je m’adresse directement à la dame allemande qui t’accompagnait cette nuit ?
    Fersen haussa les épaules mais il avait pâli.
    — Tu ne la connais pas !
    — Crois-tu ? Ne serait-ce pas celle dont certaine lettre était tombée si malencontreusement entre les mains de Monsieur, voici plus d’un an, lettre que j’ai récupérée en assommant à moitié ce bon prince… et dont tu m’as remercié en m’insultant et en m’obligeant à t’assommer à ton tour 2  ?
    Une flamme de colère brilla dans les yeux du Suédois.
    — Jamais je ne t’aurais cru capable d’employer de pareils moyens. Cela s’appelle…
    — Du chantage ? Pourquoi pas ? Écoute-moi bien, Axel : tant qu’il ne s’agit que de moi, de ma vie, de ma sécurité, de mon avenir, je suis prêt à tous les dévouements sans contrepartie, à tous les abandons de ma propre volonté. Mais quand il s’agit de Judith, tu n’imagines sûrement pas de quoi je peux être capable. Et, sur mon honneur, sur celui de tous ceux qui ont porté mon nom, je te jure que je ne la laisserai pas sacrifier en me croisant les bras et, dussé-je susciter un scandale plus affreux encore que celui de ce maudit collier…
    — Arrête ! cria Fersen.
    Les deux hommes se regardèrent un instant avec les yeux égarés de ceux qui ne savent plus très bien ni ce qu’ils vont dire ni ce qu’ils vont faire. Ceux de Gilles flambaient comme des torches. Le comte, alors, baissa les siens, hocha la tête, puis s’approchant de son ami posa sa main sur son épaule.
    — Calme-toi ! Tu souffres, n’est-ce pas ?… Je ne peux pas t’en vouloir. C’est moi, au contraire, qui te demande pardon. Après ce que tu as fait, tu as tous les droits… et je sais que tu

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