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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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confiance en toi. Simplement je ne vis plus… et Melun me semble le bout du monde…
    — Et un village nommé Thomery ? dit soudain Tim, est-ce que c’est loin ?
    — Environ trois quarts de lieue quand on est au fond du parc du château, dit Axel. C’est un village de vignerons, au bord de la Seine. Pourquoi ?
    — Hier soir, à l’auberge, le vin était bon. Le patron m’a dit qu’il venait de chez un cousin à lui qui a une vigne et une toute petite auberge dans ce village. On pourrait attendre là…
    — Ça s’appelle ?
    — Le Grand Pressoir, je crois.
    — Eh bien allez m’attendre au Grand Pressoir. L’hôtelier vous trouvera au moins une botte de paille… mais pour l’amour du ciel, Tournemine, ne mets pas la région à feu et à sang si tu ne me revois pas cette nuit. Je ne suis pas sûr de pouvoir être admis dès ce soir…
    — Ne t’inquiète pas. Je saurai attendre. Où vas-tu à présent ?
    — Oh ! j’ai le choix. Je peux demander l’hospitalité à Monseigneur le comte d’Artois ou à la duchesse de Fitz-James, la dame d’honneur de la reine, qui est une vieille amie. Tenez, prenez cette route, ajouta-t-il. Elle traverse Avon de bout en bout et, un peu plus loin, vous trouverez Thomery.
    Et, se dirigeant vers le centre de la ville, il les laissa continuer seuls le chemin qu’il leur avait indiqué. Ils le suivirent à une allure tranquille, trouvant plaisir à traverser ce morceau de forêt que l’automne habillait d’or et de pourpre. Le soleil allait vers son déclin et habillait toute la campagne d’une gloire incandescente. Cette lumière faisait les couleurs irréelles et moirait de tons mauves l’eau tranquille de la Seine qui apparaissait au bout du long tunnel de branches et de feuilles. L’air était doux et Gilles, laissant la bride sur le cou de son cheval, trouva une sorte d’apaisement à son angoisse à se laisser porter ainsi au cœur même d’une nature qui se voulait suprêmement belle. Son cœur de paysan lui permettait de demeurer sensible aux splendeurs de la Création…
    Tim Thocker, pour sa part, regardait moins le doux paysage d’Ile-de-France que son ami, redevenu l’homme aperçu dans la foule trois jours plus tôt. En fait, il n’avait rien fait d’autre que l’observer depuis le matin mais, jusqu’à ce que l’on fût à Fontainebleau, Gilles, absorbé dans ses propres pensées, ne s’était pas aperçu de ce silencieux examen. Il en prit brusquement conscience lorsque Fersen eut disparu, emportant ses espoirs.
    — Pourquoi me regardes-tu comme cela ? dit-il soudain. Est-ce que, toi non plus tu n’arrives pas à te faire à ma nouvelle tête ?
    — Que si, my boy  ! Je m’y fais très bien a ta nouvelle tête, tellement bien même que je m’en étonne moi-même et que je cherche à comprendre.
    — J’ai donc vraiment l’air d’un Américain ?
    — D’un Américain, je ne sais trop car, au fond, je n’ai jamais vu grande différence entre nous autres et tous ces braves jeunes hommes qui sont venus d’Europe pour nous donner un coup de main. Il y a des Américains bruns, blonds, roux, certains avec la peau foncée, d’autres avec la peau claire. D’ailleurs, au fond, les seuls vrais Américains, ce sont nos frères indiens. Tous les autres, moi y compris, nous ne sommes que des descendants de Hollandais, d’Anglais, d’Irlandais, de Français, etc. Non, ce qui me frappe, c’est que tu aies tellement l’air d’un marin et que tu sois entré si aisément dans la peau de ce vieux John Vaughan. Parole d’homme, tu n’aurais aucune peine, si tu revenais comme ça au pays, à te faire passer pour un fils à lui qu’il aurait eu quelque part dans le vaste monde.
    — Le vieux John Vaughan ? Tu le connaissais ?
    Tim secoua ses vastes épaules qui privées de leur tunique de daim culotté semblaient singulièrement à l’étroit dans les limites bien coupées d’un habit citadin.
    — Il était de Providence, moi je suis de Stillborough, ce n’est pas tellement loin et puis mon père, le pasteur, était je crois bien le seul être au monde que le captain Vaughan consentît à voir quand il était à terre, ce qui n’était pas souvent. Il avait une vieille bâtisse pleine de courants d’air et de bouteilles vides sur l’estuaire de la Pawtucket River et il y venait de temps en temps quand la Susquehanna avait besoin d’un coup de radoub. Mon père m’y a emmené un jour et c’est là que je

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