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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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agonisaient.
    J’ordonnai à mes écuyers de se saisir des blessés avant qu’ils ne passent les pieds outre. Ils s’élancèrent incontinent sous la protection de la deuxième ligne des arbalétriers qui décochèrent leurs carreaux en direction des remparts pour en protéger la retraite.
    Nous apprîmes, de la bouche de nos prisonniers, qu’évoquant un ancien édit du saint roi Louis qui faisait obligation de suivre le seigneur pendant quarante jours, dedans le fief dont les ostises sont mouvans, sous peine d’une amende de soixante sous par jour, le sire de Castelnaud, pris sans vert, avait ordonné une sortie. Moins pour tenter d’enfoncer nos lignes, que pour envoyer des chevaucheurs rallier sa bannière.
    Menacés d’avoir la gorge tranchée s’ils ne bavaient pas incontinent, ils nous livrèrent les noms de moult seigneurs, de Montclar, de Grignols, d’Hautefort, de Gontaud, de Bellabre, de Chabans, de Bordas, de la Cropte, de Biron, de Périgueux, de Siorac, d’Agenais, de Cugnac, de Saint-Pompom, de Solminiac, de Ségur, de Signac de Vieilcastel, et d’autres dont nous consignâmes les noms, afin de n’en point oublier. Il est toujours bon de connaître ses ennemis.
    D’aucuns nous étaient connus, mais s’ils disaient vrai, d’autres auraient renié leurs liens vassaliques pour rendre un hommage récent au prince de Galles. À moins que l’on cherchât à nous embufer en exagérant considérablement les forces adverses.
    Sur l’heure, le sire de Castelnaud de Beynac était retranché dans son donjon et voulait faire accroire que vivres et eau ne feraient point défaut et permettraient de tenir un siège de longues semaines durant, en attendant l’arrivée de renforts considérables qui nous tailleraient en pièces. À toutes fins utiles, il avait aussi dépêché des pigeons voyageurs…

    La première partie de notre plan était couronnée de succès, mais la situation était bloquée.
    Nous rejoignîmes au grand galop le pech qui surplombait le donjon au nord, Onfroi de Salignac, Guilbaud de Rouffignac et moi. Les sergents montés et les arbalétriers étaient restés sous le commandement du chevalier de Montfort.
    Je hélai deux palefreniers. Ils accoururent. L’un prit la bride de mon cheval, l’autre m’aida à mettre pied à terre. Il fallait très rapidement détruire les hourds qui reliaient la salle supérieure du donjon et le chemin de ronde pour en forcer l’entrée.
     
    Les barons et les chevaliers tenaient conseil.
    Bozon de Beynac aurait préféré défoncer la poterne principale, sise côté sud. Il aurait fallu construire un beffroi, car elle était située à plusieurs toises de hauteur et le pont-levis, partiellement détruit, en gênerait considérablement le déplacement.
    D’autres craignirent un enlisement du siège. Alors que l’assaut venait à peine d’être lancé, ils me reprochèrent déjà mon plan à mots couverts. Ils craignaient l’arrivée de renforts capables de nous encercler, de nous priver de nos voies de ravitaillement, de prendre nos troupes à revers et de nous interdire toute forme de retraite, sauf à engager une véritable bataille rangée à laquelle le terrain ne se prêtait pas.
    Que faisait donc Castelnaud d’Auzan ? m’inquiétai-je. Nous mirait-il trahis ? Il devait ouvrir la poterne supérieure de la courtine. Le succès de notre plan reposait sur lui. Or, de là où nous tenions, la porte restait désespérément close.
    Plantant là les beaux seigneurs du Pierregord, j’avisai le maître des tonnoires qui surveillait, à l’orée du sous-bois, à deux cents pas, le chargement de ce que je pensais encore être de simples pots à feu.
     
    L’homme était coiffé d’un chapeau enturbanné à la dernière mode sur un visage poupin aux joues rubicondes, à l’air jovial. Il portait un surcot court, écartelé d’or et d’azur à la comète d’argent chevelée en 1 et en 3 , sur des chausses aux mêmes et des heuses de

    cuir noir retroussées sur les cuisses, une simple dague glissée dans sa ceinture.
    «   Maître Jean, lui demandai-je, vous serait-il possible d ’ orienter les bouches à feu de vos engins vers la poterne qui s ’ offre, en face de nous, au bout de la courtine   ? Nous dominons la position de plusieurs toises. Vous avez déjà réussi, avec une prodigieuse précision à détruire la passerelle de la poterne ouest…
    —  Un coup de pot, si je puis dire. En vérité le boulet a ricoché. Mes

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