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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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deux pas. Deux pas seulement.
     
    Le coutelas qu’elle tenait fermement en main glissa sur les mailles de mes gants de fer et trancha le col du captif
     
    Mes manicles furent souillées de son sang.

En conséquence, le général avisé veille à ce que ses troupes se nourrissent sur l’ennemi, car un boisseau de vivres pris à l’ennemi équivaut à une vingtaine des siens ; un demi quintal de fourrage à dix quintaux du sien.
     
    L’art de la guerre, De la conduite de la guerre ,
    Sun Tzu, général de l’Empire du Milieu entre l’an 400 et 320 av. J. -C.
    Chapitre 10
    À Castelnaud, puis à Rouffillac et Sarlat, entre le printemps et l’automne d e l’an de grâce MCCCLII {36} .
    « Que Dieu vous garde, messire Brachet de Born, d’occire ce beau cousin qui va nous bailler de ce pas deux mil écus d’or de bon aloi s’il veut recouvrer château, fief et garder la vie sauve ! S’iln’a pas déjà passé les pieds outre ! Vous êtes plus haut la main que votre superbe étalon ! » s’exclama le baron Bozon de Beynac en entrant dans la salle avec sa suite de chevaliers et « l’écuyers en harnois plains, à grands bruits de bottes.
    Roger-Bernard, comte de Pierregord rétorqua :
    « Non point deux mil, mais cinq mil, baron ! Que votre triste cousin soit mort ou vif ! Il est bien mal en point…
    — Sa vie ne vaut que sept deniers. Les sept deniers que Judas s’est vu bailler par le Grand-Prêtre du temple de Salomon pour le prix de son reniement ! m’insurgeai-je {37} .
    — Sa vie ne vaut certes guère plus, surtout dans l’état dans lequel l’avez mis, messire Brachet, mais son château, ses terres ses bénéfices… », nous rappela le baron de Beynac, le regard de plus en plus brillant à mesure que montaient les enchères.
    Le sire de Castelnaud de Beynac gisait sur le sol dallé de pierres, aussi roide qu’un gisant.
    Marguerite s’affairait pour contenir le sang qui s’écoulait de son menton. À la naissance du col.
    Si le cou avait été tranché, ainsi qu’elle l’avait craint, elle n’aurait pu juguler la veine-artère et l’homme se serait vidé de son sang comme un poulet que l’on égorge. Il avait perdu la connaissance des gens et des faits, les yeux clos, la bouche ouverte sur des dents d’une niceté immaculée.
    « L’effet de la reuglisse », me confia-t-elle avec un soupçon de reproche.
    De forts bandages arrêtèrent l’hémorragie à temps. Puis elle nettoya et pansa la plaie à l’aide de ces poudres et autres onguents qu’elle portait toujours sur elle, et l’entoura de linges bouillis et refroidis dans la glacière dont le châtelain disposait dans une chambre des culs de basse-fosse.
    Le triste sire de Castelnaud revenait à la vie. J’en vins à le regretter.

    Marguerite avait bellement contribué à la reddition de Castelnaud. Une fois lavée et vêtue de la robe d’une lingère, en guise de récompense elle reçut du baron de Beynac un hommage appuyé. Et une aumônière qui contenait plusieurs dizaines de pièces d’or et d’argent.
    Les trois autres barons du Pierregord furent moins généreux : ils la gratifièrent d’accolades prononcées et chaleureuses en la serrant dans leurs bras avec concupiscence sans me prêter la moindre attention, l’enlaçant et la baisant bruyamment pour mieux plaquer leur corps contre le sien. Elle les avait bellement enjôminés.
    Je détournai la tête pour ne pas avoir à essuyer ce que ma jalousie considérait comme un affront, alors que ce n’étaient là que gestes de reconnaissance, peu dispendieux au demeurant.
    Mon épouse, qui n’était point embéguinée, reçut leur hommage avec une trop grande modestie à mon goût. Elle remercia le baron pour des largesses qu’elle ne méritait point, dit-elle, mais qui feraient le bonheur des malheureux de sa paroisse à qui elle savait devoir porter assistance en ces temps de disette.
    Ses dernières paroles jetèrent un léger froid dans l’assemblée, qui se ressaisit bien vite pour discourir de considérations communes sur la noblesse de son cœur et son esprit de charité chrétienne.
    Elle remercia en esquissant une révérence dont la discrète inclinaison me fit comprendre le peu qu’elle accordait à ces compliments.
    Je l’entraînai dans un coin discret :
    « Et moi, que puis-je faire pour te remercier d’avoir garni de cinq mil écus d’or les coffres de notre baron ? Ils regorgent déjà des savantes pratiques de Crésus,

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