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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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sans délai. Devancez-le en vous emparant d’une chose à laquelle il attache du prix et passez à l’action à une date fixée secrètement.
    L’art de la guerre, Les neuf sortes de terrain,
    Sun Tzu, général de l’Empire du Milieu entre l’an 400 et 320 av. J. -C.
    Chapitre 11
    À Roc-Amadour, en l’an de grâce MCCCLIII {42} , au mois de mai.
    La procession de Saint-Sacerdoce eut lieu, comme chaque année, le lundi de la Pentecôte. Une foule colorée venue des villes consulaires de Sarlat, du Mont-de-Domme, de Carlux et d’autres bourgades de la comté, de Montignac, de Calviac, de Carsac, de Salignac, s’était pressée vers Temniac pour remercier la Vierge de l’avoir délivrée du Mal qui rend noir.
     
    Quelques jours plus tard, nous confiâmes nos enfants à la garde de Guillaume de Lebestourac qui avait déserté sa nouvelle maison forte de Reygniac sous le prétexte de respirer l’air frais de la reverdie en notre manoir de Braulen. En vérité, je m’étais laissé dire qu’il avait engrossé sa ribaude d’Anaïs et l’avait renvoyée chez ses parents, le temps qu’elle mît bas.
    Invité à se joindre à nous, il déclara qu’un tel pèlerinage n’était plus de son âge. Il craignait qu’une nouvelle crise de goutte ne ralentisse notre cheminement. Ma mie lui proposa bien l ’ application de sangsues, des lavements et des infusions de thym et de romarin, rien ne put infléchir sa décision. Il nous affirma qu ’ en vérité il se portait comme un charme et saurait veiller sur nos rejetons avec Michel de Ferregaye pendant les deux ou trois jours de notre absence.
    Il envisageait d ’ apprendre l ’ art de la poterie à Jeanne, l ’ art équestre et le maniement de l ’ épée courte épointée et à tranchants rabattus à notre aîné, Hugues. Il convenait, en effet de laisser le cheval à bascule et l ’ épée de bois, les poupées et les chiffons pour les pétiots.
    Marguerite eut beau lui expliquer qu ’ ils étaient encore bien petits, il rétorqua que la valeur, si elle n ’ attendait pas le nombre des années, se forgeait dès la prime enfance. Surprenante affirmation de la part d ’ un homme qui n ’ avait pas de descendance. Enfin, pas encore.
    À la parfin , mon épouse se rallia à son avis en affirmant qu ’ un chevalier qui m ’ avait adoubé ne pouvait que faire preuve de discernement dans l ’ éducation de nos enfants que je négligeais par trop.
    J ’ appris, bien plus tard, que mon bon chevalier Guillaume avait déjà effectué le pèlerinage de Roc-Amadour quelques années plus tôt, pour rendre grâce à la Vierge de l ’ avoir délivré des tourments de la chair et de l ’ esprit que lui avait infligée son épouse. En mettant sur le chemin d ’ une union affligeante un routier de passage.

    La veille de la Saint-Jean Baptiste, à l ’ aube, vêtus de bure, ceints de l ’ écharpe des pèlerins, les pieds nus chaussés de simples sandales de cuir, une sportelle cousue à nos chapeaux, nous nous mîmes en marche pour franchir les six lieues qui nous séparaient de l ’ autel de la Vierge, niché dans la chapelle Notre-Dame de Roc-Amadour, haut lieu bien connu de la chrétienté, sur le chemin de la route pour Saint-Jacques de Compostelle.
    En ce temps-là, bien que nous portions la sportelle qui valait sauf alant et venant pour les pèlerins, nous courions à tout moment le risque d ’ être capturés et rançonnés par les soudoyers de l ’ une de ces viles compagnies de routier sans foi ni loi qui sévissaient sur les chemins sous le commandement de quelque capitaine, chevalier ou non, mais toujours brigand. Et qui monnayaient chèrement la vie et la liberté de ceux qui, quelle que soit leur condition, avaient l ’ imprudence de s ’ aventurer à proximité du Pas du Raysse, de sinistre réputation   : pucelles enlevées et réduites à l ’ esclavage de leurs désirs bestiaux, marchands rançonnés, pauvres hommes occis s ’ ils n ’ étaient pas en mesure de bailler le prix de leur vie ou refusaient de se joindre à leurs bandes.
    Or donc, les routes étaient peu sûres. Il était de notoriété publique qu ’ ils se livraient à des commerces de toutes sortes entre Français et Anglais par l ’ entremise des misérables qui tenaient ouvertement échoppes en le fort d ’ Aillac.
     
    En ces temps de guerre et de disettes récurrentes, il en était toujours d ’ aucuns plus prompts à profiter grassement du malheur des autres qu

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