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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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légitime, Isabeau de Guirande. Fabuleuse dot ou magnifique chimère ? L’eau et le sang du Christ. Poison mortel ou sainte relique ?
    La troisième fiole dérobée par Arnaud de la Vigerie. L’assassinat du chevalier Gilles de Sainte-Croix, commandeur pour l’Aquitaine de l’Ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem. Saint homme ou fornicateur ? L’énigmatique Foulques de Montfort.
    L’arrivée de la pestilence en notre comté. La Santa Rosa. La propagation foudroyante de l’epydemie de Mal noir. Des populations décimées. Le rôle du Saint-Siège ? Des Hachichiyyins ? Des juifs ? Des rats ?
    Les Douze Maisons. Les douze signes du zodiaque, selon Montfort. Le gonfanon haussant des chevaliers templiers. Az-samt 31.47. À quoi correspondait cette mesure de l’azimut d’un lieu sur terre ou sur mer ? La mort du chevalier Alonzo de Peralda. Devais-je franchir les monts Pyrénées pour connaître la science des navigateurs barbaresques ? À qui d’autre pouvais-je m’en ouvrir ? À monseigneur Elie de Salignac ? Certainement pas !
    Sustine et abstine. Ce mot de passe, dont seule Isabeau de Guirande connaissait la réplique. Une réponse qui ouvrait ses prétentions dans l’ordre de succession du trésor d’hérétiques albigeois. La Montagne sacrée.
    Une dot sous forme de lettres à changer sur les trésoriers du Temple de Salomon ? Un ordre dissout, ses commandeurs, la plupart de ses chevaliers, de ses frères, arrêtés, torturés pour avoir, selon la légende, honoré le Baphomet et pratiqué la sodomie. Le grand maître brûlé vif sur le bûcher de l’île aux Juifs, sept ans plus tard. Le silence complaisant du pape Clément. L’accomplissement de la malédiction prononcée par Jacques de Molay. Les efforts infructueux de Philippe, quatrième du nom et de ses descendants, pour mettre la main sur le trésor du Temple.
    Trois ou six nefs frappées de la croix de gueules pattée, appareillant du port de La Rochelle pour une destination inconnue.
    Vers l’Écosse ? Vers la mer Baltique ? Vers le siège de l’Ordre de Sainte-Marie des Allemands, pour se placer sous la protection des chevaliers teutoniques ?
    Sustine et abstine… J’avais entendu cette élocution latine à deux reprises. La dernière fois, de la bouche de la baronne Éléonore de Guirande. Mais, la première fois ? Oui, bien sûr ! Avant de rendre son âme à Dieu, le père Louis-Jean d’Aigrefeuille, dans un souffle in articulo mortis , avait pris le courage de me chuchoter ces quelques mots à l’oreille :
    «  Messire Bertrand, il ne me reste que peu de temps. Inutile d’appeler à mon secours. Les mires ne peuvent plus rien pour mon enveloppe charnelle. Il est trop tard. Le bon Dieu m’ouvre les bras et me sourit.
    « Lorsque vous serez rendu en Avignon, voyez mon frère Guillaume. Dites-lui simplement : « sustine et abstine » ; il vous répondra : « mors ultima ratio ». Il saura que vous venez de ma part. C’est un homme puissant. Très écouté de notre Saint-Père… un futur cardinal. Si vous êtes un jour dans le besoin, il vous viendra toujours en aide… pour moi. » {44}
    Cette fois, je connaissais le mot de passe complet. Que ne m’en étais-je souvenu plus tôt ! Je levai les yeux au ciel, d’une niceté immaculée. Pas un nuage. Un bleu d’azur.
    Le résultat de ce défaut de vigilance ne tarda pas. Dans ces cas, il convient de regarder où l’on pose le pied. Nous descendions une sente fortement pentue. Mon pied, justement, heurta un de ces rochers qui affleuraient ici et là. Je trébuchai, lâchai un cri et m’étalai de tout mon long sur la pierraille.
    J’écartai les bras, baisant le sol comme un séminariste devant l’autel, lorsqu’il est élevé à la prêtrise, et, faisant fi de la douleur violente qui m’envahissait, rendit grâce à la Terre d’avoir rappelé à ma mémoire ces trois mots. Mors ultima ratio. Un autre fragment de l’énigme était résolu. J’en étais intimement convaincu.
    Je tentai de me relever. En vain. Marguerite se précipita vers moi, le visage inquiet, héla un des sergents qui fermaient la marche. Ils m’aidèrent à me mettre debout. Je dus serrer les dents pour ne pas hucher à gueule bec. Une foulure ou une cassure et deux ou trois côtes fêlées, diagnostiqua-t-elle.
     
    « Messire mon mari, vous feriez bien de vous laisser hisser sur Serpentin. Vous ne pouvez plus marcher de conserve. Vous ralentiriez notre voyage

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