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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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signifiait assez clairement que le chef d'état-major des S.A.
allait avoir des ennuis. Et pour être bien sûr que personne, et surtout pas
Rœhm, ne nourrisse d'illusions sur l'attitude de l'armée, Blomberg, fait sans précédent, publia le 29 juin un article signé dans le Völkischer Beobachter , affirmant que «
l'armée... est derrière Adolf Hitler... qui demeure l'un
d'entre nous ».
    L'armée insistait donc pour que l'on procédât à la purge, mais
elle n'entendait pas se salir les mains. Cette purge, ce devait être l'œuvre
d'Hitler, de Gœring et de Himmler, avec leurs S.S. en
uniforme noir et la police spéciale de Gœring.
    Hitler quitta Berlin le jeudi 28 juin pour se rendre à Essen assister au mariage d'un gauleiter nazi local, Josef Terboven.
Le voyage et son but même ne permettent guère de penser qu'il croyait à
l'imminence d'une crise grave. Le même jour, Gœring et Himmler ordonnèrent
à des détachements spéciaux des S.S. et de la « police de Gœring » de se tenir
prêts. En l'absence d'Hitler, ils se sentaient évidemment libres d'agir à leur
guise. Le lendemain, 29 juin, le Führer fit une inspection des camps de travail
de Westphalie, regagnant dans l'après-midi Godesberg, sur le Rhin, où il
descendit dans un hôtel situé au bord du fleuve et dirigé par un ancien
camarade de guerre, Dreesen. Ce soir-là, Gœbbels, qui, semble-t-il, avait
hésité quelque peu sur le camp dans lequel il devait se ranger — il avait été
secrètement en rapport avec Rœhm — Gœbbels donc arriva à Godesberg, sa décision
prise, et apporta ce qu'Hitler décrivit par la suite comme « des renseignements
inquiétants » en provenance de Berlin. Karl Ernst, un ancien chasseur d'hôtel
et ancien costaud dans un café fréquenté par des homosexuels et que Rœhm avait
nommé commandant des S.A. de Berlin, avait alerté les troupes d'assaut. Ernst,
beau jeune homme mais pas très intelligent, croyait alors, et crut encore
pendant les quelque vingt-quatre heures qui lui restaient à vivre, qu'il se
trouvait en face d'un putsch de la Droite et qu'il allait mourir en criant
fièrement : « Heil Hitler! »
    Hitler prétendit par la suite que, jusqu'à cette date du 29
juin, il avait simplement décidé de « destituer le chef d'état-major (Rœhm) de
son poste et, pour le moment, de le mettre en état d'arrestation, ainsi qu'un
certain nombre de chefs de S.A. dont les crimes étaient évidents... en même
temps que, dans un ardent appel aux autres, je les rappellerai à leur devoir ».
    Cependant (déclara-t-il au Reichstag le 13 juillet)... à
une heure du matin, je reçus de Berlin et de Munich deux messages urgents
concernant des appels aux armes : à Berlin, tout d'abord, on avait ordonné une
mobilisation pour quatre heures de l'après-midi... et à cinq heures les
opérations devaient commencer par une attaque surprise : les bâtiments du
gouvernement devaient être occupés... A Munich, ensuite, l'alarme avait déjà
été donnée aux S.A.; les troupes avaient reçu l'ordre de se rassembler à neuf
heures du soir... c'était de la mutinerie!... Dans ces circonstances, je ne
pouvais prendre qu'une seule décision... seule une intervention sanglante et
impitoyable pouvait peut-être encore empêcher la révolte de s'étendre...
    A deux heures du matin, je pris l'avion pour Munich.
    Hitler ne révéla jamais de qui provenaient les « messages urgents
», mais on peut supposer qu'ils avaient été expédiés par Gœring et par Himmler.
Ce qui est certain, c'est qu'ils étaient très exagérés. A Berlin, le chef des
S.A. Ernst avait tout bonnement le projet de se rendre en voiture à Brême ce
samedi-là avec sa jeune épouse pour s'embarquer à bord d'un navire qui devait
les emmener en voyage de noces à Madère. Et dans le Sud, où donc étaient
concentrés « les conspirateurs » des S.A.?
    Le 30 juin, à deux heures du matin, au moment même où Hitler,
escorté de Gœbbels, décollait de l'aéroport de Hangelar, près de Bonn, le
capitaine Rœhm et ses lieutenants de S.A. dormaient paisiblement dans leurs
lits à l'Hôtel Hanslbauer , à Wiessee, sur les bords du Tegernsee. Edmund Heines, l'Obergruppenführer S.A.
de Silésie, ancien condamné de droit commun, homosexuel notoire au visage de
fille sur un corps de déménageur, était au lit avec un jeune homme. Les chefs
S.A. semblaient si loin de préparer une révolte que Rœhm avait laissé ses
gardes à Munich. Ils semblaient fort occupés

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