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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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à prendre du bon temps, mais pas à
conspirer.
    Hitler et sa petite escorte (Otto Dietrich, son chef de presse,
et Viktor Lutze, le chef des S.A. de Hanovre, incolore mais loyal,
l'accompagnaient) atterrirent à Munich le samedi 30 juin, à quatre heures du
matin, et constatèrent qu'on avait déjà pris un certain nombre de mesures. Le
commandant Walther Buch, chef de l'USCHLA, le tribunal du parti, et Adolf
Wagner, ministre de l'Intérieur de Bavière, aidés par de vieux amis d'Hitler,
comme Emil Maurice, ancien condamné et ancien amoureux de Geli Raubal, ainsi
que Christian Weber, le marchand de chevaux, ancien costaud de boîte de nuit,
avaient arrêté les chefs des S.A. de Munich, y compris l'Obergruppenführer Schneidhuber, qui était également le chef de la police de Munich.
Hitler, qui était maintenant dans un état de colère indescriptible, trouva les
prisonniers au ministère de l'Intérieur. S'approchant à grands pas de
Schneidhuber, ancien colonel de l'armée, il lui arracha son insigne nazi et le
maudit pour sa « trahison ».
    Peu après l'aube, Hitler et son escorte, roulant en une longue
colonne de voitures, quittèrent en hâte Munich pour Wiessee. Ils trouvèrent
Rœhm et ses amis dormant encore à l'Hôtel Hanslbauer . Le réveil fut
brutal. Heines et son jeune compagnon furent tirés du lit, emmenés hors de
l'hôtel et abattus aussitôt, sur l'ordre d'Hitler. Le Führer, d'après le récit d'Otto Dietrich, entra seul dans la chambre de Rœhm,
lui donna une robe de chambre et ordonna qu'on le ramenât à Munich pour le
loger à la prison Stadelheim, où le chef S.A. avait été enfermé quelque temps
après avoir participé avec Hitler au putsch de 1923. Après quatorze années
orageuses, les deux amis, qui plus que tous autres étaient responsables de
l'avènement du Troisième Reich, de son régime de terreur et de dégradation,
qui, bien que souvent en désaccord, avaient toujours fait front dans les
moments de crise, de défaite et de déception, les deux amis voyaient maintenant
leur route se séparer : le bagarreur au visage couturé qui s'était battu pour
Hitler et pour le nazisme arrivait au terme de sa vie mouvementée.
    Hitler, dans ce qu'il dut considérer comme une grâce ultime,
donna l'ordre qu'on laissât un revolver sur la table de son vieux camarade.
Rœhm refusa d'en faire usage. « Si je dois être tué, qu'Adolf le fasse lui-même
», déclara-t-il. Là-dessus, d'après le récit d'un témoin oculaire, un
lieutenant de police, qui déposa vingt-trois ans plus tard dans un procès
d'épuration à Munich en mai 1957, deux officiers de S.S. entrèrent dans la
cellule et déchargèrent à bout portant leurs revolvers sur Rœhm. « Rœhm voulait
dire quelque chose, raconta ce témoin, mais l'officier de S.S. lui fit signe de
se taire. Rœhm alors se mit au garde-à-vous — il était torse nu — son visage exprimant
le plus profond mépris [57] .
»
    Et il mourut ainsi, aussi violemment qu'il avait vécu,
méprisant l'ami qu'il avait aidé à s'élever à des hauteurs qu'aucun autre
Allemand n'avait jamais atteintes, et presque certainement, comme des centaines
d'autres qui furent massacrés ce jour-là — comme Schneidhuber, qui, dit-on,
s'écria : « Messieurs, je ne sais pas ce que cela signifie, mais tirez juste »
— sans se rendre entièrement compte de ce qui se passait, ni des raisons de
cette purge, sachant seulement que c'était une trahison à laquelle lui, qui
avait vécu si longtemps dans la trahison et qui l'avait si souvent utilisée
lui-même, ne s'attendait pas de la part d'Adolf Hitler.
    A Berlin cependant, Gœring et Himmler n'avaient pas perdu leur
temps. Quelque cent cinquante chefs S.A. furent rassemblés et alignés contre un
mur de l'école des cadets de Lichterfelde et fusillés par les pelotons
d'exécution des S.S. de Himmler et de la police spéciale de Gœring. Parmi eux
se trouvait Karl Ernst, dont le voyage de noces fut interrompu par les hommes
de main S.S. au moment où sa voiture approchait de Brême. Son épouse et son
chauffeur furent blessés; lui-même, assommé, fut ramené en avion à Berlin pour
y être exécuté.
    Les hommes des S.A. ne furent pas les seuls à tomber en ce
sanglant week-end. Le matin du 30 juin, un peloton de S.S. en civil sonna à la
porte de la villa du général von Schleicher, dans la banlieue de Berlin. Quand
le général ouvrit la porte, il fut abattu sur place et lorsque sa femme, qui
l'avait épousé

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