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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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avait-il vraiment complot contre Hitler? On ne possède
comme preuves que ses déclarations, reproduites dans les communiqués officiels
et dans son discours du 13 juillet au Reichstag. Il ne produisit jamais la
moindre preuve. Rœhm n'avait jamais fait secret de son ambition de voir les
S.A. devenir le noyau de l'armée nouvelle, dont il serait lui-même le chef. Il
avait certainement été en contact avec Schleicher à propos de ce projet dont
ils avaient discuté pour la première fois quand le général était chancelier.
Sans doute, comme le déclara Hitler, Gregor Strasser « y participa ». Mais ce
genre de conversation ne constituait certainement pas une trahison. Hitler
lui-même était en contact avec Strasser et, au début de juin, d'après Otto
Strasser, lui offrit le poste de ministre de l'Économie.
    Hitler, tout d'abord, accusa Rœhm et Schleicher d'avoir
recherché l'appui « d'une puissance étrangère » — de toute évidence, la France
— et von Bredow d'avoir servi d'intermédiaire en « politique étrangère ». Cela
faisait partie de l'accusation de « trahison » portée contre eux. Et Hitler eut
beau répéter ses accusations dans son discours au Reichstag et parler avec
ironie d'un « diplomate étranger (qui n'aurait pu être autre que
François-Poncet, l'ambassadeur de France) expliquant que l'entrevue avec
Schleicher et Rœhm était de caractère parfaitement innocent », il fut incapable
d'étayer ses accusations. C'était un crime suffisant, déclara-t-il
lamentablement, pour un Allemand occupant une position responsable dans le
Troisième Reich de voir même des diplomates étrangers à l'insu du Führer.
    Lorsque trois traîtres en Allemagne organisent une entrevue
avec un homme d'État étranger et donnent la consigne que j'ignore tout de cette
rencontre, alors il est de mon devoir de faire abattre ces hommes, même s'il se
révélait que, lors de cet entretien poursuivi à mon insu, ils n'ont parlé que
de la pluie et du beau temps, de vieilles pièces de monnaie et autres sujets
anodins.
    Quand François-Poncet protesta vigoureusement contre les propos
insinuant qu'il avait participé au « complot » de Rœhm, le ministère des
Affaires étrangères allemand informa officiellement le gouvernement français
que les accusations étaient absolument dénuées de fondement et que le
gouvernement du Reich espérait que l'ambassadeur demeurerait à son poste. En
fait, comme peut en témoigner l'auteur de ces lignes, François-Poncet continua
à être en bien meilleurs termes avec Hitler que n'importe quel représentant
d'un État démocratique.
    Dans les premiers communiqués, notamment dans un témoignage
oculaire rendu publique par Otto Dietrich, le chef de
presse du Führer, et même dans le discours d'Hitler devant
le Reichstag, on insista beaucoup sur la moralité dépravée
de Rœhm et des autres leaders S.A. abattus. Dietrich affirma
que l'arrestation de Heines, surpris au lit à Wiessee avec
un jeune homme, fut une scène dépassant toute description, et Hitler, prenant
la parole devant les chefs des sections d'assaut survivants à Munich, le 30
juin, à midi, juste après les premières exécutions, déclara que, pour leur
morale corrompue seule, ces hommes méritaient de mourir.
    Et pourtant Hitler avait toujours su, dès les premiers jours du
parti, qu'un grand nombre de ses plus fidèles partisans étaient des pervertis
sexuels et des meurtriers avérés. Il était, par exemple, de notoriété publique
que Heines avait l'habitude d'envoyer des hommes des S.A.
à travers toute l'Allemagne pour lui trouver des amants. Tout cela, Hitler ne
l'avait pas seulement toléré, mais défendu; plus d'une fois, il avait reproché
à ses camarades du parti d'être trop collet monté à propos de la moralité d'un
homme, si celui-ci était un combattant fanatique du mouvement. Maintenant, le
30 juin 1934, il affirmait être scandalisé par la dégénérescence morale de
certains de ses plus anciens lieutenants.
    La plupart des exécutions étaient terminées le dimanche
après-midi 1er juillet, lorsque Hitler, qui avait quitté Munich pour regagner
Berlin par avion la nuit précédente, donna une garden party à la Chancellerie.
Le lundi, le président Hindenburg remercia Hitler pour « son action déterminée
et sa vaillante intervention personnelle, qui ont permis d'étouffer la trahison
dans l'œuf et de sauver le peuple allemand d'un grand danger ». Il félicita
également Gœring

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